La principale cause des intoxications alimentaires, c´est le manque d´hygiène Une intoxication coûte entre 20.000 et 30.000 DA/jour en cas d´hospitalisation. Avec le nombre de cas enregistrés chaque année, cela représente une fortune pour le Trésor public.
C´est la totale. Frappé par un déréglage climatique, perturbé socialement et instable au plan politique, l´été 2011 s´annonce par des vomissements. Deux mois avant le début officiel de la saison estivale, les intoxications alimentaires font déjà des ravages. Plus de 500 citoyens, dont la plupart des enfants ont été victimes de ce mal pourtant maîtrisable avec un minimum d´hygiène. Avant-hier, les sirènes des ambulances ont extrait les habitants de Guerrara, dans la wilaya de Ghardaïa, de leur excès de «zen». Pas moins de 216 personnes ont été admises depuis, dans l´établissement hospitalier de Guerrara, suite à une intoxication alimentaire provoquée par la consommation de pâtisserie. Ces personnes, dont 41 sont toujours en observation, ont consommé de la pâtisserie avant de ressentir des douleurs abdominales accompagnées de nausées et de vomissements.
Selon le directeur du commerce, des agents de la qualité ont procédé aux différents prélèvements sur le produit incriminé ainsi que les ingrédients utilisés afin de déterminer l´origine de cette intoxication et ont aussi procédé, à titre conservatoire, à la fermeture du local. Quelques semaines auparavant, ce sont 44 élèves du cycle primaire au centre d´examen du CEM Abdeslam-Abdallah dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, qui ont été victimes de ce même mal. L´intoxication a été causée par la consommation de viande hachée, selon le directeur du commerce de la wilaya. Des microbes ont été décelés, après analyse bactériologique de toutes les autres denrées consommées (riz, fromage, jus de fruit et même l´eau du robinet), dans cette viande pourtant livrée, transformée et cuisinée le jour même de l´examen. Pas moins de 17 personnes, dont le directeur du centre d´examen du CEM Abdeslam-Abdallah, ont été présentées devant le tribunal de la ville. Si cette mesure a calmé l´ardeur des parents d´élèves victimes de cette négligence, elle ne règle pas pour autant le problème en question. Comme dans les autres wilayas, l´hygiène fait défaut dans les établissements scolaires, les restaurants et les fast-foods de Bord Bou Arérridj. Même les résidences universitaires n´y n´échappent pas.
Le 18 mai dernier, 2000 étudiantes, résidentes de la cité universitaire de M´douha (Tizi Ouzou), ont pris part à une marche à travers la ville, organisée à l´appel du comité de cette résidence, en réaction à une intoxication alimentaire collective, qui y a été enregistrée.
«400 étudiantes intoxiquées», «Non à l´absence d´hygiène», ont été les slogans scandés par les participantes à cette marche, qui s´est ébranlée de la cité universitaire de M´douha pour aboutir au siège de la wilaya. Cette intoxication a été due, selon des étudiantes, à l´ingestion de poulet et de mayonnaise avariés. Plus de 200 étudiantes ont été admises à l´hôpital. Le même jour, ce sont 61 élèves d´une école primaire de la ville de Barika, dans la wilaya de Batna, qui ont été victimes du même mal. Les écoliers de la 1ère à la 4e année primaire ont consommé des oeufs et du yaourt à la cantine de leur établissement. La gamme de produits à l´origine de ces intoxications n´est pas très large: la viande, le poulet, la mayonnaise et le yaourt. Si ces intoxications n´ont pas engendré de morts jusqu´à présent pour cette année, il n´en demeure pas moins qu´elles coûtent une fortune au Trésor public. Une intoxication coûte entre 20.000 et 30.000 DA/jour en cas d´hospitalisation. A l´évidence, le seul moyen d´y remédier demeure la prévention. Mais les moyens font terriblement défaut. Qu´en en juge: il y a aujourd´hui 1,4 million d´opérateurs sans compter ceux activant dans le commerce informel. Pour contrôler ces bataillons de fast-foods, de gargotes et de restaurants, la direction du contrôle économique et de la répression des fraudes n´a que 7800 employés! C´est tout simplement de l´impossible et donc les intoxications séviront tant que cet aspect n´est pas efficacement pris en charge.
Entre 160.000 et 170.000 infractions d´ordre alimentaire sont enregistrées annuellement dont 71% sont relatives au non-respect des conditions d´hygiène, que ce soit lors de la présentation des produits alimentaires ou dans les restaurants et les fast-foods.
Et on est encore loin du couscous collectif des fêtes sous une chaleur torride.