«Les Intérêts supérieurs» d’Abdelkader Hammouche aux éditions Barkat : Un roman palpitant, entremêlant espionnage et dilemme existentiel

«Les Intérêts supérieurs» d’Abdelkader Hammouche aux éditions Barkat : Un roman palpitant, entremêlant espionnage et dilemme existentiel

Écrit par Nadir Kadi

L’écrivain romancier et journaliste Abdelkader Hammouche a récemment publié, aux éditions Barkat, un nouveau roman intitulé «Les Intérêts supérieurs». L’auteur, qui s’est fait notamment connaître du grand public avec son précédent ouvrage intitulé «Amel», revient cette fois avec un récit de fiction, mêlant la «raison d’Etat», les services secrets, les soupçons d’espionnage, le chantage mais aussi la naïveté puis la détermination du personnage principal Nesrine.

En effet, roman relativement court, le récit «imaginaire», qui se place dans l’Algérie des années 1990, «bien avant que les services n’aient été restructurés», souligne Abdelkader Hammouche dans la note de l’auteur, fait découvrir au lecteur une semaine de la vie de Nesrine, une étudiante en langues étrangères âgée de 23 ans, dont le fiancé, de nationalité française, est soupçonné par les services secrets algériens de se livrer à des actes d’espionnage. Ainsi, et sans révéler les détails d’une histoire partagée en sept chapitres, décrivant les sept jours accordés à Nesrine pour «faire son choix», la jeune femme embarquée par des agents se faisant passer pour des policiers se voit offrir un marché : travailler durant six mois pour les services secrets, ou plus exactement pour les «intérêts supérieurs du pays», en échange de sa liberté.

L’ouvrage captivant est rythmé par l’apparition, tour à tour de plusieurs personnages venant en aide à Nesrine, Nawal son amie, Kamel Lassel, un journaliste au quotidien Alger Matin, ou encore un président d’association de défense des droits de l’homme et avocat, Maître Kouder. L’écrivain Abdelkader Hammouche, présent samedi dernier à la libraire des Beaux-Arts d’Alger centre pour une vente-dédicace du roman, a ainsi laissé entendre à propos du récit développé dans son cinquième roman, qu’il s’agit également, par certains aspects, d’une sorte de retour en arrière, d’une plongée dans un passé récent où ce type de démêlées avec les services secrets pouvait avoir lieu. Il affirme à ce sujet qu’«il y a une partie réelle et une partie imaginaire. Mais très sincèrement, moi-même, je ne fais plus la distinction, l’embryon de départ aurait pu être un fait réel. Ensuite, cela reste une œuvre romanesque».

Anciennement journaliste, notamment au quotidien Alger Républicain, Abdelkader Hammouche fut lui-même confronté à une «expérience» rappelant celle vécue par le personnage principal. «A cette époque, j’avais écrit un article sur la relation entre l’Algérie et l’Espagne sur la question du gaz. Mon article, très critique, n’avait apparemment pas été apprécié. J’ai été arrêté et c’est là que j’ai entendu pour la première fois l’expression «les intérêts supérieurs du pays» que «je n’aurais pas protégés», confie l’auteur.

Il précise aussi, à propos du lien pouvant exister avec l’ouvrage et son propre vécu, que «je reste allergique à toutes ces notions récurrentes qui deviennent des obstacles à la liberté (…) Je me suis toujours posé la question sur ce que signifiaient les intérêts supérieurs du pays (…) Cela est-il une ligne rouge que nous ne devons pas franchir ?» L’histoire développée dans le roman «Les Intérêts supérieurs» apparaît par ailleurs comme une défense des droits des femmes. En effet, l’un des reproches faits à Nesrine étant notamment d’être fiancée à un étranger.

Et à ce titre, l’auteur, dans une réponse s’appliquant également à ses précédents textes, nous précisera, samedi dernier en marge de la vente-dédicace, «je me considère comme un féministe, je l’ai toujours été depuis l’âge de 17 ans. J’ai même été le premier journaliste homme à travailler dans le journal de l’UNFA». Il souligne à ce sujet qu’«en fait, j’estime que la condition féminine est dans une situation désastreuse. Nous assistons à une érosion des droits des femmes et, en tant qu’écrivain, j’estime qu’il est de mon devoir de dénoncer cela».

* Ouvrage actuellement disponible

en libraire, au prix de 400 dinar