Les inquiétudes du patron de Sonatrach

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La baisse des prix du brut, si elle persiste, elle affectera les revenus de l’État, a souligné le premier responsable de la compagnie nationale.

Dans une brève revue du marché international, le P-DG de Sonatrach, lors de la présentation à la presse du bilan de la compagnie pétrolière nationale durant le 1er semestre 2012, hier au siège du groupe, n’a pas caché son

inquiétude : “Nous sommes inquiets.”

Les chiffres sont éloquents : “La conjoncture s’est caractérisée par une forte baisse des prix du pétrole à partir du mois d’avril 2012 après des niveaux élevés au cours du 1er trimestre 2012.” En effet, après avoir atteint 125,45 dollars US en mars dernier, le prix du baril de Brent s’est sensiblement replié pour s’établir à 95 dollars USD en moyenne, en juin.

Une chute de 30 dollars le baril, il y a de quoi être inquiet. Il a imputé cette baisse aux effets de la crise de la dette souveraine en Europe, au recul de la croissance en Chine et en Inde ainsi qu’aux augmentations de production qu’il qualifie d’injustifiées au sein de l’Opep. Allusion à des pays membres de l’Opep, comme l’Arabie Saoudite, qui sont en train d’inonder le marché.

Ces affirmations interviennent après les déclarations du ministre de l’Énergie, du gouverneur de la Banque centrale et du ministre des Finances sur le sujet.

Youcef Yousfi avait affirmé que la chute des prix de cette ampleur pourrait occasionner une perte de recettes de 20 milliards de dollars sur l’année pour l’Algérie. À cet égard, le gouverneur de la Banque d’Algérie avait soutenu qu’un baril à 112 dollars pouvait permettre d’équilibrer le budget du pays. Au-dessous de ce seuil, on serait en plein dans le déséquilibre budgétaire. Dans la foulée, le grand argentier du pays, Karim Djoudi, avait mis en garde : “L’Algérie a besoin d’une approche plus prudente en matière de dépenses publiques, notamment celles de fonctionnement et surtout celles relatives aux salaires de la Fonction publique.” Le ministre des Finances, dans un scénario de baisse des prix du pétrole, avait évoqué la nécessité d’étudier au cas par cas les nouveaux projets d’investissements publics selon les priorités fixées et les capacités de financement.

37,7 milliards de dollars de recettes le 1er semestre 2012

Pour le patron de Sonatrach, cette chute des prix du pétrole, si elle se poursuit, elle aura un impact sur les recettes en devises du pays. Toutefois, même avec la chute des prix du pétrole, Sonatrach poursuivra son effort d’investissement, a-t-il souligné. Elle prévoit un programme d’investissement renforcé : 80 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années 2012-2016, contre 68 milliards de dollars fixés initialement. Les grandes compagnies investissent même en période de retournement du marché, a-t-il argué. Car les résultats s’obtiennent au terme d’un long effort d’investissement.

Le poids d’une compagnie pétrolière, ce sont les réserves. Les investissements visent justement à élargir la base des réserves sur le moyen et long terme. Une telle assurance s’explique en partie par la cagnotte qu’aura constituée Sonatrach au cours de ces dernières années. Elle a réalisé uniquement en 2011 des recettes en devises tirées des exportations d’hydrocarbures de l’ordre de 71,8 milliards de dollars et des bénéfices nets de 688 milliards de dinars, soit l’équivalent de plus de 9 milliards de dollars. Sonatrach a engrangé, au 1er semestre 2012, 37,7 milliards de dollars au titre des recettes en devises tirées des exportations.

La parade face à cette chute des prix du pétrole devrait provenir de l’amélioration du rendement au sein de la compagnie, en un mot, de la rentabilité de Sonatrach, a-t-il avancé. Un clin d’œil, nous semble-t-il, aux autres secteurs de l’économie nationale qui doivent également “carburer” si on veut réduire l’impact d’un retournement brutal du marché pétrolier sur l’Algérie. Mais encore une fois, Sonatrach sera la locomotive de l’économie nationale, a-t-il insisté.

K. R