La nouvelle politique économique des Etats-Unis est en train de se mettre en place dans un monde fracturé géopolitiquement et économiquement et en pleine transformation technologique.
Tous ces facteurs continueront à redéfinir le paysage économique mondial (avec des trajectoires de croissance divergentes), influencer les pratiques commerciales internationales et alimenter des dynamiques inflationnistes.
En favorisant un élargissement des restrictions commerciales ainsi que la perturbation des chaines d’approvisionnement (en raison de la hausse des coûts et de l’accès limité aux biens essentiels), les tensions géopolitiques liées, entre autres aux guerres en Ukraine et en Palestine, à la rivalité entre les États-Unis et la Chine et à la recomposition de l’ordre international unipolaire) affaiblissent l’activité économique mondiale et entretiennent des tensions inflationnistes.
Ces dernières reflètent également, dans une certaine mesure, les innovations technologiques (notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle). En effet, si ces dernières réduisent les coûts des échanges commerciaux à travers une hausse de la productivité et la diversification des sources de croissance, elles sont également source de pressions sur les prix à la consommation (en plus des impacts criminels) si des politiques et des réglementations appropriées ne sont pas mises en place.
Dans ce contexte en plein bouleversement, la nouvelle politique économique des Etats-Unis ne manquera pas de perturber davantage l’activité économique, les échanges commerciaux mondiaux et les marches monétaires. Face à cela, l’Algérie, encore plus que d’habitude, a besoin de se prémunir contre le « choc Trump » en se dotant très rapidement d’une stratégie cohérente à moyen et long terme.
Cette dernière prendrait en compte tous ces risques externes (qui iront en se multipliant) ainsi que les défis internes macroéconomiques (stabilisation économique et financière), structurels (élargissement de l’offre et diversification des marches externes) et sectoriels (croissance à haute valeur ajoutée) pour placer l’économie sur une trajectoire de croissance saine, élargie, durable et inclusive. Discutons de ces points.
L’économie mondiale en 2025 est en phase de ralentissement dans un contexte d’incertitude, de risque et de disparités de croissance.
Un ralentissement historique de la croissance économique en 2025 et 2026 :
En raison, entre autres, des incertitudes entourant les politiques économiques et commerciales de nombreux pays qui ont élu de nouveaux dirigeants en 2024, les nouvelles projections du FMI publiées en janvier 2025 font ressortir un taux de croissance pour l’économie mondiale de 3,3 % cette année et en 2026 (des niveaux inférieurs à son potentiel) et des disparités marquantes entre pays avancés.
Les États-Unis connaîtront une croissance de 2,7 % alors que la zone euro devrait afficher une progression modeste de 1 % en 2025, en raison d’une faible activité dans l’industrie manufacturière, d’un bas niveau de confiance des consommateurs et surtout des prix élevés de l’énergie (cinq fois plus cher qu’aux États-Unis contre deux fois avant la pandémie).
Les pays émergents, pour leur part, devraient atteindre une croissance de 4,2 % cette année et 4,3 % l’année prochaine du fait de l’affaiblissement de la demande globale entretenue par l’incertitude commerciale et économique ambiante. La Chine devrait croître de 4,6 % en 2025 et 4,5 % en 2026 en raison de faiblesses structurelles.
Une inflation mondiale qui devrait atteindre 4,2 % cette année et 3,5 % l’année prochaine, avec une décélération qui la rapprocherait davantage des objectifs des banques centrales :
Si cela se matérialise, cette convergence devrait alors marquer la fin de la plus grande poussée inflationniste des 40 dernières années (déclenchée par la réouverture de l’économie mondiale au milieu de 2021 et entretenue par les guerres en Ukraine et en Palestine) et favoriser une normalisation des politiques monétaires.
Une croissance économique conjoncturellement inégale entre pays avancés :
Si l’économie américaine tourne au-dessus de son potentiel, a contrario celles de la zone euro et de la Chine évoluent en dessous. Cette disparité conjoncturelle entre les États-Unis et l’Europe tient davantage à une combinaison de facteurs structurels, y compris une hausse vigoureuse de la productivité aux États-Unis, en particulier dans le secteur technologique, un climat des affaires plus favorable ainsi que des marchés des capitaux plus développés.
Une telle combinaison a ouvert la voie à des rendements supérieurs sur les placements américains, un accroissement des flux de capitaux entrants, un dollar plus fort et des niveaux de vie aux États-Unis qui se détachent par rapport à ceux des autres pays avancés. Enfin, la croissance potentielle de la Chine est désormais comparable à celle d’autres pays émergents.
La montée de nombreux risques de nature à accentuer les disparités de croissance à court terme :
L’activité économique pourrait ralentir davantage au niveau de certains pays européens faisant face à une dette publique non viable et a l’absence de marges de manœuvre sur les plans budgétaire et monétaire. Ces deux derniers éléments sont des sources de préoccupation pour les investisseurs qui pourraient alors demander une hausse des primes de risques, alourdissant de ce fait le coût des emprunts et aggravant la fragilité des finances publiques de ces pays.
Pour ce qui est de la Chine, des mesures budgétaires et monétaires insuffisantes pour faire face aux défis internes pourraient ouvrir la voie à une stagnation de l’économie, entretenir une situation déflationniste, accroitre la valeur réelle de la dette et aggraver les dommages structurels de l’économie.
Une baisse marquée des rendements des obligations souveraines chinoises, généralement considérées comme des investissements sûrs, reflèterait de ce fait une montée des préoccupations de la part des investisseurs. Tant en Chine qu’en Europe, ces facteurs pourraient entraîner un ralentissement de l’inflation et de la croissance économique.
Un commerce international en plein changement structurel sous le poids de nouvelles tendances.
Le commerce mondial des services évolue plus rapidement que celui des biens
Le ralentissement du commerce des biens a pour origine la maturation des chaînes de valeur mondiales, le ralentissement de la libéralisation du commerce et la montée du protectionnisme. Si la part des pays émergents, notamment de la Chine et de l’Inde en matière de commerce international des services a connu une expansion marquée, celle des économies avancées en général reste toutefois dominante.
Dans ce contexte en pleine transformation, les accords commerciaux régionaux jouent un rôle clé dans la réduction des coûts des échanges commerciaux dans des régions comme l’Afrique, notamment avec le soutien de l’Organisation mondiale du commerce.
Pour sa part, le commerce multilatéral recule fortement sous l’effet conjugué de la pandémie et de la guerre en Ukraine, en particulier dans les secteurs alimentaires et énergétiques, contribuant de ce fait à exacerber les tensions géopolitiques et affaiblir davantage la confiance des pays vis-à-vis du système commercial ouvert.
L’intensification des restrictions commerciales, des mesures non tarifaires (MNT) et des subventions sont des facteurs de distorsion des échanges et d’affaiblissement du système multilatéral
Bien que les droits de douane aient légèrement diminué, les MNT, en particulier les barrières techniques et sanitaires, ont augmenté de manière constante. Le commerce des services, en particulier dans les secteurs de haute technologie, fait face à la multiplication des barrières tandis que le recours à des taxes sur les services numériques devient de plus en plus problématique.
Le moratoire de l’OMC sur les droits de douane sur le commerce en ligne (instauré pour faciliter le commerce électronique en évitant que les pays imposent des droits de douane) qui devait expirer à fin 2024 est toujours en place. Les subventions, en particulier dans l’agriculture et les politiques industrielles, sont également en augmentation, ce qui ne manque pas d’exacerber les tensions sur les échanges commerciaux.
L’incertitude en matière de politique commerciale a considérablement augmenté :
en raison du Brexit, des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Cette incertitude a un impact négatif sur le commerce mondial du fait d’une chute des investissements et de la confiance des consommateurs, ce qui pourrait ralentir encore la croissance du commerce. De plus, l’affaiblissement du mécanisme de règlement des différends de l’OMC augmente le risque de mesures protectionnistes.
Les grandes lignes du programme économique de la nouvelle administration en place depuis le 20 janvier 2025
Les éléments essentiels :
s’articulent essentiellement autour :
- mise en œuvre de droits de douane de 10 à 60 % sur les importations, en particulier en provenance de Chine, du Mexique et du Canada dans le but de protéger les industries américaines et de réduire le déficit commercial.
- baisses d’impôts, notamment la reconduction des réductions d’impôts de 2017, la baisse du taux d’imposition des sociétés à 15 % et l’exonération de certains salaires de l’impôt sur le revenu.
- déréglementation dans des secteurs comme l’énergie et la finance pour stimuler la croissance économique et accroître la confiance des entreprises, y compris l’assouplissement des normes ESG (Environmental, Social, and Governance) , un ensemble de critères utilisés par les investisseurs pour évaluer les pratiques environnementales, sociales et de gouvernance d’une entreprise.
- resserrement des politiques d’immigration, y compris les expulsions massives.
L’instrumentalisation des droits de douane par les Etats-Unis, pivot de la démarche économique de l’administration Trump
Elle ne manquera pas d’avoir des conséquences multiples et de déclencher des réactions en chaine à travers de nombreuses régions du monde.
Lors de la première présidence de Donald Trump (2017-2021), des augmentations significatives des tarifs douaniers ont été imposées sur diverses importations et ont fortement pénalisé l’économie américaine
Ces hausses ont ciblé l’acier, l’aluminium, les machines à laver, les panneaux solaires et les produits en provenance de Chine pour un montant total de $380 milliards. Ces tarifs ont conduit à des augmentations d’impôts s’élevant à près de $80 milliards.
Cette hausse des tarifs douaniers s’est traduite par une réduction de 0,2 % du PIB à long terme et la perte d’environ 142000 emplois. De plus, les consommateurs ont été lourdement pénalisés en raison d’une hausse annuelle moyenne des impôts de $625 due à l’augmentation des prix causée par la hausse des tarifs douaniers.
L’industrie manufacturière et l’agriculture ont été particulièrement touchées. Les responsables de ces secteurs ont alors eu recours à de nouvelles sources d’approvisionnement au Mexique et au Vietnam, contribuant ainsi à modifier considérablement la structure des chaînes d’approvisionnement mondiales.
La hausse des tarifs douaniers a également entraîné une hausse des prix à la consommation de certains biens (nourriture, électronique et vêtements) sans pour autant contribuer à rééquilibrer la balance commerciale des Etats-Unis (l’objectif premier). Par ailleurs, les pays ciblés comme la Chine ont pris des mesures a titre de représailles en imposant des droits de douane sur les produits américains, exacerbant ainsi les tensions commerciales internationales.
Le président Trump entend utiliser les droits de douane comme un levier à des fins économiques, politiques, migratoires et diplomatique
Cet usage multiforme des droits de douane représente certainement un changement radical par rapport aux pratiques des autres administrations américaines. Une instrumentalisation des droits de douane à des fins non économiques (migrations, lutte contre la drogue, relations diplomatiques, différends territoriaux) va ajouter un niveau de complexité aux relations internationales et offrira à Trump un levier complémentaire que les administrations précédentes n’ont pas utilisée de manière aussi explicite.
Le fait que le Mexique, le Canada et la Colombie aient accédé aux pressions de Trump pour éviter les conséquences économiques d’une guerre commerciale montre à quel point ces tactiques peuvent être puissantes. Cette instrumentalisation préoccupe de nombreux pays en raison de l’imprévisibilité du Président Trump et des dommages structurels aux relations commerciales mondiales, aux alliances régionales ainsi qu’aux Etats-Unis eux-mêmes.
C’est dans un tel contexte que l’Union européenne, en particulier, s’est mise en quête d’alternatives aux marchés américains, anticipant peut-être que cette politique commerciale agressive pourrait devenir une tendance. Une option qui permet de naviguer au niveau de la diplomatie internationale et de minimiser les renions commerciales bilatérales.
Les conséquences macroéconomiques et structurelles des nouveaux leviers de la politique publique de Trump sur le monde.
Une hausse de l’inflation sur le court terme
L’augmentation de la demande (grâce à la hausse des dépenses publiques et à la déréglementation) et une contraction de l’offre (causée par des hausses de tarifs douaniers et des restrictions migratoires) ne manqueraient pas d’alimenter des pressions inflationnistes aux États-Unis.
Ce qui conduirait la FED à augmenter ses baisses les taux d’intérêt (plutôt que de les baisser), renforçant ainsi le dollar et aggravant les déficits commerciaux des États-Unis. Un dollar plus fort et une politique monétaire stricte durciraient les conditions financières pour les marchés émergents. À moyen terme, la relance budgétaire perdrait de sa dynamique et risquerait de déstabiliser les finances publiques.
Bien que la déréglementation puisse stimuler la croissance en éliminant les lourdeurs administratives, elle pourrait aussi fragiliser la stabilité financière du pays si elle est trop poussée.
Pour ce qui est des restrictions commerciales et migratoire, elles risquent d’affaiblir l’output à moyen terme et alimenter de nouveau les pressions inflationnistes, ce qui conduirait les ménages et les entreprises à protéger leurs revenus et désancrer les anticipations d’inflation. Dans un tel contexte, cela devrait impliquer des politiques monétaires proactives et une gestion prudente des risques financiers.
Une baisse de la demande globale
Si les menaces d’une hausse de droits de douane à l’encontre de partenaires majeurs comme le Mexique, le Canada et la Chine n’ont pas été actées pour l’heure, elles n’en ont pas moins suscité des craintes d’une guerre commerciale. Dans ce contexte, il est difficile d’écarter le risque d’un affaiblissement de la demande mondiale.
En effet, si les tarifs sont ajustés à la hausse, ils ne manqueront pas de ralentir la consommation des ménages américains ou aggraver les difficultés économiques de la Chine. Ce qui ouvrirait la voie à un ralentissement économique global, une perturbation des échanges commerciaux mondiaux et éventuellement l’émergence d’une récession mondiale.
Une perturbation des chaines d’approvisionnement mondiales
Les craintes d’une guerre commerciale à la suite de l’élection de Donald Trump ont poussé les entreprises mondiales à privilégier la résilience et la transparence de leurs chaînes d’approvisionnement.
En réponse à cela, les entreprises s’activent à diverses stratégies, y compris le recours à l’intelligence artificielle pour améliorer l’efficacité de leurs chaînes d’approvisionnement, diversifier leurs fournisseurs et relocaliser leurs outils de production afin de rapprocher les fournisseurs des clients. Les dirigeants d’entreprises d’Asie du Sud-Est et de Chine se concentrent particulièrement sur ces ajustements.
Une appréciation à court terme de la valeur du dollar
Depuis novembre 2024, les marchés financiers anticipent une hausse de l’inflation et de l’activité économique aux Etats-Unis, ce qui a favorise une hausse de 3% de l’indice DXY qui mesure la valeur du dollar par rapport à un panier de devises majeures. Cette hausse est similaire à celle qui a été observée lors de sa précédente victoire électorale en 2016 (le dollar s’était également apprécié après sa première élection).
Ceci étant, des hausses prolongées de de droit de douane pourraient alourdir les coûts de production, entretenir l’inflation, ralentir la croissance et en retour affaiblir le dollar. À long terme, les déficits commerciaux et les réductions d’impôts pourraient accroître la dette des Etats-Unis, nationale et éroder la confiance vis-à-vis du dollar.
Bien que Trump souhaite un dollar plus faible pour stimuler les exportations, ses politiques pourraient au contraire le renforcer et entraîner une instabilité économique mondiale. L’avenir du dollar dépendra de la manière dont les marchés nationaux et internationaux réagiront aux politiques isolationnistes de Trump.
Comment se prémunir contre l’isolationnisme économique de Trump ? le reste du monde a deux options :
La recherche de nouveaux partenaires :
Depuis l’élection de Trump en novembre 2024, de nombreux pays prennent des mesures pour renforcer leurs relations commerciales et diversifier leurs partenariats afin d’échapper aux hausses de droits de douane.
L’Union européenne, par exemple, a signé plusieurs accords avec des pays comme le Japon, le Vietnam et les pays membres du Mercosur, et poursuivi des initiatives comme l’Accord global et progressif de partenariat transpacifique (CPTPP) sans les États-Unis. De même, des initiatives en Asie comme le Partenariat économique régional global (RCEP) et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) favorisent l’intégration commerciale régionale.
Enfin le Canada et le Mexique, cherchant à contourner les droits de douane américains dont ils sont menacés, multiplient les accords bilatéraux pour réduire leur dépendance par rapport au marché américain. Ces dynamiques contribuent à un commerce mondial en croissance malgré l’isolement économique des États-Unis.
La vulnérabilité des États-Unis vis-à-vis du capital étranger pour financer la croissance économique :
Un éventuel assèchement des fonds étrangers, que ce soit en raison du scepticisme du marché, des bulles économiques ou des représailles des gouvernements étrangers, pourrait freiner l’économie américaine et perturber ses perspectives de croissance.
De plus, des changements dans les politiques budgétaires ou des guerres commerciales pourraient entraîner une baisse des investissements étrangers, affectant ainsi la capacité des États-Unis à équilibrer leur compte courant et faire face à une crise de la dette. Le capital mondial qui soutient la croissance des États-Unis pourrait se transformer en une source de vulnérabilité.
L’Algérie et les répercussions de la nouvelle politique économique des Etats-Unis.
Ces dernières pourraient se traduire par :
- Une baisse des prix du pétrole : L’accent mis par Trump sur l’augmentation de la production pétrolière américaine pourrait faire baisser les prix mondiaux du pétrole, ce qui affecterait les comptes nationaux, budgétaire et externe du pays.
- La recherche de nouveaux partenaires : Les mesures commerciales protectionnistes de Trump pourraient également conduire l’Algérie à rechercher de nouveaux marchés pour son pétrole et à diversifier ses relations commerciales, notamment avec des régions comme l’Asie, l’Europe et l’Afrique.
- Une concurrence plus marquée en matière d’investissements directs étrangers : La déréglementation aux États-Unis pourrait attirer les investissements et diminuer l’attrait du secteur énergétique algérien, bien que certains investisseurs puissent toujours considérer favorablement les ressources stables de l’Algérie.
- Un dollar américain plus fort qui pourrait alors rendre le pétrole algérien moins compétitif et entraîner une hausse de l’inflation en cas de dépréciation du dinar algérien.
Enfin, l’Algérie pourrait devoir gérer un équilibre géopolitique délicat entre les États-Unis, la Chine et la Russie.
Une feuille de route possible pour permettre à l’Algérie de se prémunir contre l’isolationnisme économique des Etats-Unis.
Dans l’ensemble, bien que l’Algérie soit confrontée à des défis immédiats en termes de prix du pétrole, de commerce international et d’investissement étrangers, elle dispose d’une capacité à diversifier son économie et à s’adapter aux changements mondiaux, notamment pour se protéger contre les répercussions des politiques de Trump.
Ceci étant, plus que jamais l’Algérie a besoin d’un programme économique stratégique axé sur la stabilisation de l’économie et la mise en œuvre de réformes structurelles globales, cohérentes et ambitieuses pour bâtir une économie diversifiée et résiliente. Un tel programme stratégique permettrait de répondre aux besoins économiques à court et à long terme et de repositionner l’Algérie face à l’évolution de la dynamique mondiale.
Plus précisément, la nouvelle stratégie économique serait articulée autour de trois axes interdépendants et complémentaires :
Un axe de stabilisation économique pour faire face à la volatilité des marchés mondiaux
Notamment en raison des fluctuations des prix du pétrole. Les mesures clés incluraient un retour à la viabilité des finances publiques (discipline de la politique fiscale, rationalisation des dépenses courantes, meilleure efficience des dépenses en capital, financement rationnel du déficit, viabilité du system des retraites), le contrôle de l’inflation, un taux de change approprié au service de la gestion des comptes extérieurs et la réduction de l’endettement public.
Un axe macro structurel pour renforcer l’efficience des leviers de gestion macroéconomique
y compris la politique budgétaire, la politique monétaire, la politique de change et la politique commerciale extérieure.
Un axe structurel appuyant un processus de diversification de l’économie et des échanges extérieurs
Afin de sortir du modèle rentier pétrolier à travers des plus gros investissements dans l’agriculture, le secteur manufacturier et industriel, les technologies de pointe et les services à haute valeur ajoutée. Ces investissements seraient facilités par des réformes structurelles visant à :
- (1) améliorer l’environnement des affaires (simplification des réglementations, attrait des investissements étrangers, encourager l’entrepreneuriat, booster la capacité des startups et les petites et moyennes entreprises, colonne vertébrale d’une stratégie de réindustrialisation du pays et de stimulation de l’innovation) ;
- (2) flexibiliser le marché du travail pour lutter contre la hausse du chômage, en particulier chez les jeunes et les femmes, en incitant à la création d’emplois dans le secteur privé, en améliorant l’éducation et la santé ; et
- (3) l’ouverture commerciale et financière pour appuyer le processus de diversification économique et commerciale et mobiliser l’épargne étrangère, indispensable pour financer la mise en place d’un nouveau modèle de croissance économique et social. Ceci passe par des politiques favorisant la productivité et la compétitivité extérieure du pays.
Par Dr Abdelrahmi BESSAHA
Expert international en macroéconomie et finance