Une première en Algérie, mais c’est la seconde dans la région du Maghreb. Après les Tunisiens, c’est au tour des imams algériens de créer leur structure syndicale. Celle-ci sera affiliée à l’UGTA et l’annonce de sa création sera faite aujourd’hui, lors des assises qui auront lieu à l’hôtel Mazafran de Zéralda.
C’est en présence du secrétaire général de l’UGTA et du ministre des Affaires religieuses que les délégués des 20 000 imams se rencontreront aujourd’hui à l’occasion de la tenue des assises de la Coordination nationale des imams et personnels des affaires religieuses. Cette rencontre se veut comme une «conférence constitutive et intervient à la demande des imams des différentes régions du pays».
Il est vrai que la question revendicative des imams constitue l’une des principales raisons à l’origine de cette «initiative », mais il n’en demeure que cette annonce intervient au moment où le gouvernement est confronté à la montée de l’influence de la mouvance salafiste au sein de plusieurs mosquées. Selon des observateurs, l’affiliation de ce syndicat à l’UGTA suppose que les pouvoirs publics comptent ainsi renforcer le contrôle sur les lieux de culte «devenus durant la décennie noire des temples de la subversion et de la propagation des idées extrémistes».
D’ailleurs, le premier responsable du secteur avait lancé un appel récemment lors d’une rencontre aux imams et aux mourchidates à «faire preuve de vigilance et de volonté pour prémunir la société des idées et courants de pensée «déviationnistes» qui perturbent les pratiques religieuses dans le pays». Notons que les imams algériens ont exprimé leur indignation quant à leur situation socioprofessionnelle «précaire». «Comme tous les Algériens, les imams ont des problèmes de salaire, de logement, etc.», avait expliqué Ada Fellahi, conseiller du ministre des Affaires religieuses, qui a tenu à préciser que depuis 2008, les imams ont tout de même un statut. Ce dernier ne voit pas d’un mauvais œil la constitution de ce syndicat pour peu, conditionne-t-il, qu’il adopte «la référence religieuse algérienne» et respecte «la Constitution et les lois de la République». Pour le conseiller de Bouabdallah Ghlamallah, les imams «ne sont pas seulement des fonctionnaires mais aussi et surtout des prédicateurs». Et d’ajouter : «Nous n’avons rien à voir avec la politique.
Notre syndicat est strictement professionnel. Il est vrai que les courants qui traversent la société algérienne se retrouvent dans notre syndicat mais, nous nous sommes entendus sur un dénominateur commun : les revendications socioprofessionnelles exclusivement.» Les imams sont considérés comme des fonctionnaires, inscrits à la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) et ils ont les mêmes droits que les fonctionnaires des autres secteurs. En termes de chiffres, les dernières statistiques du ministère font état de 20 000 imams officiant dans 15 000 mosquées.
Par ailleurs, les biens Wakfs en Algérie sont estimés à quelque 8 000 unités. Ces biens ne sont pas exploités d’une manière rationnelle car «ils sont constitués pour la plupart de logements affectés à des imams et d’autres loués au prix modique de 600 DA par mois».
A. B.