Un nouveau programme encourage les personnes âgées ou malades en Algérie à respecter les conseils de leur médecin de ne pas jeûner durant le Ramadan.
[Fidet Mansour] Pour les personnes que l’état de santé empêche de jeûner, « la religion le tolère », a déclaré le ministre algérien des Affaires religieuses Bouabdellah Ghlamallah.
Les malades et les personnes âgées ne doivent pas risquer leur santé ou leur vie en jeûnant. Si la chose est facile à dire, de nombreux imams doivent être convaincus de jouer leur rôle en faisant passer le message et en incitant les personnes malades à suivre les recommandations de leurs médecins.
Au début du Ramadan, les ministères algériens de la Santé et des Affaires religieuses ont lancé une vaste campagne destinée aux personnes âgées et à celles souffrant de diabète, d’hypertension artérielle ou d’insuffisances cardiaques, pour les encourager à respecter les ordres de leurs médecins de ne pas jeûner. Ces deux ministères ont accepté de faire passer des messages de plus grande tolérance.
« Les médecins sont les seuls à pouvoir se prononcer sur l’état de santé d’un malade », a déclaré le ministre des Affaires religieuses Bouabdellah Ghlamallah, « mais les imams doivent pouvoir les rassurer en leur expliquant que lorsque l’avis médical est défavorable pour le jeûne, la religion le tolère. »
S’exprimant le 9 août pour le lancement de cette campagne, Ghlamallah a indiqué qu’aucun imam n’a le droit de permettre à une personne malade de douter de la décision prise par un médecin.
Le ministère des Affaires religieuses espère persuader les imams d’être accomodants et de diffuser un message de tolérance pour alléger le fardeau supporté par les malades, qui finissent par être déchirés entre le désir d’obéir aux préceptes de l’Islam et leur volonté de suivre les recommandations médicales. Très souvent, les personnes malades hésitent à ne pas jeûner, notamment lorsque les imams n’appuient pas les décisions prises par les médecins.
« Cela nous fait prendre conscience du rôle que nous jouons. Nous devons réconforter les personnes qui nous demandent conseil. Si leur état ne leur permet pas de jeûner, nous devons les encourager à respecter les recommandations de leurs médecins », explique-t-elle.
Un choix auquel est confrontée Saleha Hamad, une enseignante à la retraite. « Cela fait cinq ans que je suis diabétique », explique-t-elle. « Je suis insulino-dépendante, sans compter que j’ai des problèmes de tension. Mon médecin est catégorique, je ne dois pas jeûner, mais j’ai beaucoup de mal à respecter cette recommandation. »
« Cela me parait très bizarre de manger devant mes enfants et mes petits enfants », ajoute-t-elle. « J’ai honte de le faire. C’est vrai que si les mosquées expliquaient davantage notre situation, cela me mettrait un peu plus à l’aise. »