Les hydrocarbures algériens sous pression

Les hydrocarbures algériens sous pression

Avec la mise en œuvre des politiques climatiques en Europe, un marché traditionnel pour de nombreux producteurs de pétrole et de gaz dont l’Algérie, la part du fossile dans le mix énergétique sur le Vieux Continent va baisser à l’avenir.

L’accord de Paris sur le climat conduit à une “décarbonisation” des économies. Il impose aux pays signataires des obligations touchant aux matières premières, prévoyant de moins en moins de recours aux ressources naturelles. Ainsi, pour atteindre l’objectif de 2°C, comme consigné dans l’accord, “un tiers des réserves de pétrole, la moitié des réserves de gaz naturel et plus de 80% des réserves actuelles de charbon devraient être bloquées jusqu’en 2050”.

Cela signifie qu’avec la mise en œuvre des politiques climatiques en Europe, qui est un marché traditionnel pour de nombreux producteurs de pétrole et de gaz dont l’Algérie, la part du fossile dans le mix énergétique sur le Vieux Continent va baisser à l’avenir. Et, cela pourrait annoncer des temps difficiles pour les hydrocarbures algériens. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) évoque, dans un de ses rapports, ce sujet, expliquant que l’adaptation au changement climatique représente un “défi particulièrement important” pour certains pays, comme le nôtre, qui dépendent principalement des exportations de matières premières.

La Cnuced note que les exportations de pétrole et de gaz naturel de l’Algérie à destination du marché européen représentaient 56% de ses recettes totales d’exportation de marchandises.

Le pays n’a pas réussi à diversifier ses débouchés sur les marchés d’exportation, et cela l’expose à une diminution de ses revenus futurs, en raison des politiques de transition écologique mises en place par les pays européens. Aussi, il se trouve obligé de revoir la manière dont il exploite et exporte ses hydrocarbures. Autrement dit, le pays, signataire de l’accord de Paris, doit s’y adapter, en opérant de profonds changements dans l’exploitation des ressources naturelles comme sources de revenus.

Il s’agit d’un défi majeur à relever dans un contexte difficile marqué par une baisse des prix du pétrole et du gaz et une concurrence croissante, notamment sur les marchés gaziers où de nouveaux fournisseurs de gros gabarit, à l’exemple des États-Unis, affûtent leurs capacités concurrentielles.

En chiffres, la production de gaz aux États-Unis a bondi de 11,5% en 2018, son taux de croissance le plus élevé depuis 1951, faisant du pays le plus gros contributeur à la croissance de la production de gaz dans le monde.

La production de schiste continue de croître et les États-Unis continueront de dominer la croissance de l’approvisionnement mondial en gaz et leur production annuelle devrait continuer de progresser d’ici à 2024. La Chine, l’Australie, la Russie et l’Iran ont également enregistré une production record en matière de gaz. Ainsi, l’Algérie, petit producteur, ne peut lutter à armes égales avec ses concurrents sur ces marchés. Le pays fait face également à des contraintes liées à la consommation domestique d’énergie.

Selon le récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), intitulé “Gas 2019”, l’Algérie fait partie d’un groupe de pays où “se concentre” la croissance de la demande interne en gaz. Cette frénésie de consommation embarrasserait certainement le pays qui n’avait pas suffisamment investi, ces dernières années, dans l’amont gazier.

Youcef Salami