Avec les retraites internationales de Drogba, Eto’o ou encore Essien, c’est une page du football africain qui s’est tournée. Mais Yaya Touré ne devrait pas être la seule star de cette CAN 2015. Voici huit joueurs qui pourraient bien animer le tournoi, qui débute samedi.
Yannick Bolasie (République Démocratique du Congo)
Né à Lyon de parents originaires de la République Démocratique du Congo, Yannick Bolasie a connu un parcours pour le moins sinueux. Exilé à 19 ans en Angleterre, il en a longtemps écumé les divisions inférieures, tentant d’imposer son jeu tout en technique et en dribbles sous les couleurs de Plymouth Argyle, Barnet ou Bristol City. Débarqué en 2012 à Crystal Palace, alors lanterne rouge de deuxième division, il y a vu son destin basculer avec une accession miraculeuse en Premier League la saison suivante. A désormais 25 ans, Bolasie fait partie des joueurs les plus convoités d’Angleterre. Son style très spectaculaire, à l’image des feintes et gestes techniques qu’il invente chaque week-end, en ont fait l’un des chouchous des supporters. Il doit toutefois améliorer encore son efficacité, lui qui n’a inscrit qu’un but en Championnat cette saison. Surtout que le jeune homme est ambitieux : «Je souhaite évoluer au plus haut niveau possible. J’ai l’intention de franchir un autre palier. Je veux découvrir la Ligue des champions et la Coupe du Monde», déclarait-il récemment.
Wilfried Bony (Côte d’Ivoire)
Certes, la Côte d’Ivoire ne manque pas de talent aux avant-postes, avec Gervinho, Salomon Kalou ou encore Seydou Doumbia, sans compter les qualités de finisseur de sa star Yaya Touré. Mais depuis la retraite de Didier Drogba, c’est bien Wilfried Bony qui est attendu comme son successeur. 2015 devrait être l’année de son changement de dimension : tout juste transféré à Manchester City pour 38,5 millions d’euros, il va découvrir à 26 ans son premier vrai grand club, après être passé par le Sparta Prague, le Vitesse Arnhem et Swansea. Et ce n’est pas immérité : avec 20 buts inscrits en 2014, il est tout simplement le meilleur buteur d’Angleterre sur l’année. Aussi rapide que costaud, finisseur et dribbleur hors-pair, Wilfried Bony a cartonné partout où il est passé. Désormais, il doit s’imposer comme le leader d’une sélection qui compte l’un des effectifs les plus impressionnants du continent.
Sadio Mané (Sénégal)
Sadio Mané a bien failli être le grand absent de cette CAN. Le numéro 10 de Southampton, blessé au mollet, avait été annoncé forfait par Ronald Koeman, mais il sera finalement bien présent pour mener le jeu des Lions de la Teranga. A 22 ans, celui qu’Habib Beye présente comme «le diamant» d’une équipe qui compte tout de même en son sein Diafra Sakho, Papiss Cissé et Moussa Sow est en pleine explosion. Formé à Metz et auteur de 45 buts en deux saisons sous les couleurs du Red Bull Salzbourg, il est entré dans la cour des grands en rejoignant la Premier League et Southampton l’été dernier. Evoluant parfois sur l’aile gauche, c’est dans l’axe qu’il s’est distingué dernièrement en signant 4 buts et 3 passes décisives en 9 rencontres de Championnat. Rapide et puissant, il n’en est pas moins doté d’une technique très fine. Le Sénégal doit prier pour qu’il soit totalement remis de sa blessure au mollet.
Riyad Mahrez (Algérie)
Dans la galaxie offensive des Fennecs, au milieu des Brahimi, Feghouli et autre Slimani, Riyad Mahrez n’est pas l’étoile la plus scintillante. Il y a 5 ans, l’ailier de 23 ans évoluait encore à Sarcelles, en Ligue régionale d’Île-de-France. Mais après avoir explosé en L2, au Havre (6 buts et 10 passes décisives en 18 mois), il a encore franchi un palier à Leicester, qu’il a rejoint en D2 anglaise avant de découvrir la Premier League. Invité presque surprise de la liste de l’Algérie lors de la Coupe du monde, il avait été titulaire face à la Belgique, faisant étalage de ses qualités techniques. Titulaire indiscutable à Leicester, Riyad Mahrez entend désormais se faire une place au sein d’une sélection algérienne en plein renouveau. Après toutes les étapes franchies en 5 ans, il n’a pas l’intention de s’arrêter en route.
Eric Maxim Choupo-Moting (Cameroun)
Tout comme Wilfried Bony, Eric Maxim Choupo-Moting aura comme un poids sur les épaules lors de cette CAN, la première depuis la retraite de Samuel Eto’o. Le meilleur buteur de l’histoire de la compétition parti, c’est tout le front de l’attaque camerounaise qui se trouve libéré. Et Choupo-Moting semble arriver à maturité juste à temps. Actuel troisième meilleur buteur de Bundesliga avec 9 buts en 16 rencontres, l’attaquant de Schalke, aux statistiques jusqu’ici assez faibles, explose enfin cette saison. Extrêmement rapide et fin dribbleur malgré son 1,90m, il devrait être le fer de lance de l’attaque camerounaise, surtout que Vincent Aboubakar n’a pour l’heure pas réussi à s’imposer au FC Porto où son temps de jeu est très réduit.
Ferjani Sassi (Tunisie)
Transféré à Metz au tout début du mercato hivernal en provenance du CS Sfaxien, alors qu’il était suivi par plusieurs formations européennes dont Lyon, le jeune milieu tunisien de 22 ans présente un profil particulièrement rare sur le continent. Certains n’hésitent pas, déjà, à qualifier de « Pirlo africain » ce milieu récupérateur de formation, tant il évolue davantage comme un meneur de jeu reculé. Doté d’une excellente vision du jeu et d’une qualité de passe incroyable, il est capable d’illuminer un match d’un seul geste et dicte le tempo de son équipe au milieu de terrain. Précieux pour une équipe tunisienne qui ne compte pas de véritable star et sera de surcroît privée de ses attaquants Saber Khalifa et Fakhreddine Ben Youssef, tous deux blessés.
Didier Ndong (Gabon)
Et si Lorient avait réussi l’un des jolis coups du mercato ? Les Merlus n’ont pas traîné pour faire signer le tout jeune Didier Ndong (20 ans), tout début janvier, pour un million d’euros. Il faut dire que la valeur du milieu gabonais pourrait bien augmenter au cours de cette CAN. Dans une équipe gabonaise qui ne compte aucune star derrière Pierre-Emerick Aubameyang, Ndong, qui peut jouer autant comme récupérateur que comme meneur, aura la lourde tâche d’organiser le jeu. «C’est un joueur tranchant avec beaucoup de caractère dans la personnalité et dans le jeu. On a trouvé important de le faire signer avant la CAN. On pense qu’il peut exploser au plus haut niveau lors de cette compétition», avait expliqué l’entraîneur lorientais Sylvain Ripoll à sa signature.
Bertrand Traoré (Burkina Faso)
Le tout jeune frère du Lorientais Alain Traoré, 19 ans, aura une belle carte à jouer avec le Burkina Faso lors de cette CAN. Alors que la forme actuelle des deux stars de l’équipe, Jonathan Pitroipa et Alain Traoré, suscite des doutes, le milieu de terrain du Vitesse Arnhem arrive lui en pleine bourre. Prêté aux Pays-Bas par Chelsea depuis janvier 2014, sans avoir jamais eu sa chance en équipe première avec les Blues, il s’est imposé comme titulaire indiscutable à Arnhem et a déjà inscrit 5 buts en Eredivisie. Très apprécié par José Mourinho, qui garde toujours un œil sur lui, il aura là l’occasion d’exposer son talent au monde entier. Avant de retourner définitivement à Chelsea la saison prochaine ?