Les hospitalo-universitaires et praticiens à couteaux tirés Polémique autour de la construction de CHU

Les hospitalo-universitaires et praticiens à couteaux tirés Polémique autour de la construction de CHU

Dans le secteur de la Santé, il n’y pas que l’histoire de l’augmentation des salaires qui fait tache d’huile entre la tutelle et les syndicats. Une décision du gouvernement de construire des hôpitaux provoque une nouvelle polémique entre les professionnels du secteur.

Le mal est plus profond… Rien ne va plus dans le secteur de la Santé. A peine installé, le nouveau ministre, Abdelmalek Boudiaf, est confronté à un récent problème, qui n’oppose pas cette fois-ci son département aux travailleurs mais deux syndicats.

Il s’agit du Syndicat des hospitalo- universitaires et l’Intersyndicale des praticiens de la santé publique, composé de trois syndicats, à savoir, le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SPNSSP) et le Syndicat des psychologues. Ces organisations syndicales mènent depuis quelques jours une véritable bataille autour de postes de responsabilités au détriment du malade.

En effet, tout a commencé lors de l’été dernier, lorsque le précédent ministre, Abdelaziz Ziari, a décidé de transformer «illégalement» certains services des établissements publics hospitaliers (EPH) en CHU. Cette transformation a été opérée l’été dernier en «catimini», «clandestinement» et de manière «anti-réglementaire » par l’ex-ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, à Alger, Constantine, Oran et Annaba.

L’Intersyndicale de la santé a alerté sur le danger qu’encourt le secteur «gangrené par un lobby bien introduit des professionnels de la communauté hospitalo-universitaire ». A en croire cette entité syndicale, c’est ce lobby, constitué d’hospitalo-universitaires, qui est derrière la décision de Ziari.

Ce changement décidé par Abdelaziz Ziari répond à l’une des revendications du corps hospitalo-universitaire, à savoir l’accès aux postes supérieurs de chef de service et de chef d’unité, a déploré l’Intersyndicale.

«Dans certaines wilayas, dont Alger, des polycliniques ont reçu la visite de chefs de services hospitaliers et de responsables du ministère de la Santé pour voir s’ils devaient rattacher la structure à tel ou tel CHU», regrettent les membres de l’Intersyndicale, qui affirment que ce même lobby est derrière la décision de construire de nouveaux hôpitaux. Ils reprochent aux hospitalo-universitaires de vouloir accaparer tous les postes de responsabilités et d’écraser la corporation des praticiens.

«Pourquoi ne pas aller construire des hôpitaux dans le Sud algérien ? Pourquoi les hospitalo-universitaires choisissent toujours les grandes villes pour transformer des polycliniques en CHU ?» s’est interrogé Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP).

Selon lui, «cette corporation, qui est bien introduite au niveau de la gestion centralisée du ministère, peut faire ce qu’elle veut puisqu’elle siège dans les commissions locales et nationales du ministère alors que nous, nous ne sommes pas représentés», a t-il dénoncé. A en croire une source, l’Algérie va construire dix centres hospitalo-universitaires durant les cinq prochaines années.

Pour ce faire, le ministère de la Santé a donné le coup d’envoi d’une «campagne d’inspection» à travers toutes les wilayas du pays. Celle-ci, devrait établir un rapport sur la situation des hôpitaux et de toutes les structures sanitaires opérationnelles en Algérie. Une décision qui provoque la colère des praticiens de la santé publique.

Mehdi Ait Mouloud