Les hors-la loi et les dupes

Les hors-la loi et les dupes

En l’absence de tradition démocratique, ni le DRS, ni Benbitour, ni un autre candidat ne pourrait délivrer l’Algérie d’un système maffieux. Car, de tout temps, le Président est désigné par un groupe lié par seulement l’intérêt des personnes qui le composent. Le Président ainsi choisi, est maintenu en fonction de sa capacité d’assurer l’équilibre au sein du groupe.

Maintenant parler d’un geste salutaire des agents des services est une aberration, car les services font partie intégrante du système usurpateur depuis son existence. Ils sont là pour le système et toujours avec lui. Ils ne peuvent en aucun cas livrer une bataille qui pourraient nuire à leurs intérêts. Voilà une évidence !

Espérer que les gens du DRS agissent pour fermer la parenthèse Bouteflika – qu’ils ont eux-mêmes ouverte – est également un leurre. Car, le problème ce n’est pas Bouteflika ou quelqu’un d’autre, c’est la parenthèse d’un système basé sur le mensonge et l’imposture qu’il faut fermer et définitivement. Ce système qui a volé l’indépendance du pays en 1962. Ce système qui avait nié l’algérianité en ayant tronqué l’identité nationale, en ayant importé une culture étrangère et en ayant imposé un mode économique incompatible. Et nous voilà, après cinquante ans perdus et sans repères.

Même la révision de la constitution qu’on annonce ne pourrait rien changer, du moment qu’elle est pensée et conçue par des lieutenants appartenant corps et âme au système maffieux. Cela sent toujours de la mauvaise foi et confirme la volonté du système honni à se maintenir contre vents et marrées. Et enfin de compte, cette révision constitutionnelle n’est qu’une diversion pour animer un faux débat et une classe politique figée et dépassée. Le vrai débat c’est le départ de tous les clans qui forment ce système, avec leur Bouteflika et son frère Saïd, leur DRS et son chef Toufik, leur FLN, leur RND, leur APN, leur sénat et son président Bensalah, leur gouvernement et son chef Sellal, leur Conseil constitutionnel et son président Belaiz dont le fils est un grand dealer de drogue, leur UGTA et son patron Sidi Saïd, leurs télévisions publique et privée…

Ceux là, agissant en prédateurs, se maintiennent contre le gré du pays. Ils ont perverti la notion de l’Etat en violant toutes les lois et la loi fondamentale du pays en premier lieu. Ils ont sali la république en se hissant au-dessus de ses règles et en bafouant tous ses fondements. Ils ont tronqué, par truchement et par ruse, la démocratie de son principe essentiel à savoir l’alternance au pouvoir. Ils agissent et continuent à le faire en hors-la-loi. Ils sont donc hors-la-loi et ne cèderont devant rien.

Il faut alors être dupe ou aliéné pour les croire et prendre leurs promesses d’ouverture et de réformes, au sérieux. Est-il sérieux de croire un hors-la-loi qui demeure dangereux, menteur, malicieux et surtout sans parole ? Les expériences de promesses non tenues depuis l’avènement de ce système honni sont innombrables et demeurent toujours vivaces avec âpreté et amertume. Ils ont promis la liberté, on a eu la répression. Ils ont prédit le progrès, on a eu la pauvreté. Ils se sont engagés pour la transparence, on a eu les scandales. Ils ont promis la science et le savoir, on a eu l’ignorance et l’incompétence.

Mais encore, certains dupes veulent croire au jeu malsain des services et leurs acolytes de civils. Ils veulent berner par un programme qu’ils jugent salutaire du candidat annoncé Benbitour. Or selon un lieutenant du système, présenté comme un expert dans le droit constitutionnel, lors d’une émission de la radio Alger chaîne III, M. Benbitour lors de son passage à la chefferie du gouvernement, ignorait le schéma institutionnel algérien. Et cet expert, en la personne de Madame Fatiha Ben Abou, a annoncé la couleur de la révision constitutionnelle. La dame soi-disant constitutionnaliste, était favorable et avait plaidé pour un régime présidentiel et pourquoi pas avec un poste de vice-président.

Que fera alors Monsieur Benbitour, candidat avant l’heure, quand les dés sont déjà jetés, quand la nouvelle constitution qui permet au Président de nommer un vice-président, sera passée ? Poursuivra-t-il sa course à une présidentielle perdue d’avance ou se contentera-t-il de jouer le lièvre ?

Zoubir Zerarga