Evolution des habitudes de consommation des Algériens ou hausse du niveau de l’inflation, Les dépenses des ménages ont connu une telle hausse que le niveau des salaires n’arrive pas à les rattraper. Deux enquêtes de l’ONS révèlent l’ampleur de la détérioration du pouvoir d’achat de la majorité des Algériens.
La dépense globale des ménages algériens a triplé en 10 ans, révèle l’enquête tant attendue de l’Office national des statistiques (ONS), menée en 2011. Les résultats de l’enquête repris par l’APS montrent que les dépenses des ménages en 2011 ont atteint 4.489,5 mds DA, contre 1.531,4 mds DA en 2000.
L’enquête, menée sur un échantillon de 12.150 ménages ordinaires concernant 900 produits que compte la nomenclature des biens et services, a duré une année entière sur le terrain « afin de prendre en charge les effets de la saisonnalité de la consommation ». Les résultats de l’enquête montrent également que la dépense moyenne mensuelle est de 59.700 DA en 2011 dont 25.000 DA consacrés aux dépenses alimentaires, soit près de 42 % des dépenses totales.
Pour le directeur technique chargé des statistiques sociales et des revenus à l’ONS, Youcef Bazizi, qui a supervisé cette enquête, « plus la part alimentaire dans le budget est élevée plus le ménage est pauvre et l’inverse est vrai ».
L’ONS parle d’une enquête menée sur un échantillon de ménages « ordinaires », sans donner de détails. Le ménage au sens statistique du terme désigne l’ensemble des occupants d’un même logement. On peut déduire des chiffres présentés par l’enquête sur les dépenses mensuelles par ménage que l’Algérie compte plus de 6 millions de ménages soit près de 6 occupants par foyer.
Dépenses énormes pour des salaires dérisoires
Il faut noter que les dépenses mensuelles des ménages sont énormes comparées au salaire moyen net perçu par un algérien. Selon une enquête de l’ONS réalisée au mois de mai 2011 auprès de 969 entreprises, dont 670 publiques et 299 privées de 20 salariés, le salaire net moyen mensuel (hors agriculture et administration) en Algérie était d’environ 29.400 DA. Il était de 41.200 DA dans le public et de 23 900 DA dans le privé national. L’enquête de l’ONS sur les salaires montre qu’un cadre perçoit un salaire net moyen de 55.200 DA contre 34.000 DA pour le personnel de maîtrise et 21.600 DA pour un salarié d’exécution.
Les dépenses représentent ainsi plus deux salaires moyens (58.800 DA). Aussi, un cadre moyen ne peut subvenir seul aux besoins de son foyer et encore moins pour les personnels de maitrise et d’exécution qui représentent le gros du salariat notamment dans le secteur productif.
Hausses salariales érodées par l’inflation
Le niveau des salaires a connu à la fin des années 2000 de fortes augmentations d’année en année (7,4% en 2010 ; 9,1% en 2011 et 8,2% en 2012), du fait de la hausse du SNMG et des augmentations salariales qui ont touché principalement le secteur public. Cette évolution salariale a été vite par rattrapée le niveau de l’inflation sans cesse grandissant. Il était de 3,9 % en 2010 avant de passer à 4,5 % en 2011 et 8,9 % en 2012.
L’enquête sur les dépenses des ménages ne précise pas si l’accroissement des dépenses est dû à l’évolution des habitudes de consommation des algériens ou juste à un renchérissement des produits du panier. Car, les prix des produits alimentaires (hors ceux subventionnés), ont connu des hausses vertigineuses ces dernières années notamment les produits frais (légumes, fruits, viandes et poissons). Et c’est le pouvoir d’achat de la majorité des Algériens qui s’est détérioré.