Les habitants d’Ath Ali observent un sit-in à la mairie “Nous sommes sinistrés depuis 1962”

Les habitants d’Ath Ali observent un sit-in à la mairie  “Nous sommes sinistrés depuis 1962”

Les protestataires dénoncent l’état de délabrement des routes, le manque d’alimentation en AEP et en gaz naturel… “Pratiquement, on peut dire que toutes les commodités nécessaires à un bon cadre de vie manquent dans ce village”, fulminent-ils.

Avant-hier matin, après une assemblée générale tenue le 1er novembre, les habitants du village Ath Ali, dans la région d’Ath Kouffi, ont observé un sit-in dans la cour de la mairie de Boghni. Dès 8h, ils ont entamé leur mouvement en déployant des banderoles sur lesquelles on a relevé les slogans suivants : “Les habitants d’Ath Ali contestent les inégalités sociales”. “Nous sommes sinistrés depuis 1962, 52 ans de misère barakat”. Ces centaines de villageois sont venus rappeler aux autorités locales qu’ils sont complètement oubliés.

Dans une virée sur les lieux du rassemblement, nous avons approché quelques protestataires qui nous ont expliqué la raison de leur colère. “Cinquante deux ans après l’indépendance, nous n’avons encore rien”, fulminera l’un d’eux. Et à un autre d’ajouter : “On n’a même pas de route. Sur les treize kilomètres qui nous relient à Boghni, une grande partie est délabrée. Les travaux de décapage du bitume déjà délabré ont été engagés, puis abandonnés. La route est impraticable. Pratiquement, on peut dire que toutes les commodités nécessaires à un bon cadre de vie manquent dans ce village.” Concernant l’eau potable, nos interlocuteurs nous diront qu’ils reçoivent trente minutes d’eau par jour.

“Le château d’eau est fissuré, et la conduite éclate souvent. Nous sommes peut-être le seul village qui est alimenté avec une conduite en acier. Sinon, toutes les autres ont été renouvelées avec du PEHD. Pourtant, nous avons demandé la réalisation d’un autre réservoir, car le nôtre est vieux et il ne nous satisfait plus”, notera le délégué Kaci Zamoum. Ce dernier notera que le réseau d’éclairage public est défectueux. “Nous demandons non seulement sa réfection, mais aussi son extension”, enchaînera le même interlocuteur. Par ailleurs, celui-ci ajoutera que le foyer pour jeunes du village n’est qu’une structure avec quatre murs. “Il est abandonné. Nos jeunes n’ont rien. On a demandé une aire de jeux.

Aucune réponse.” Ce qui rend le quotidien de ces citoyens encore plus insupportable est qu’ils ne sont pas alimentés en gaz naturel. “Même si tout le monde reconnaît que notre village est le plus touché en matière d’alimentation en gaz de ville, le projet dont nous avons bénéficié dernièrement a été confié, mais on ne voit rien venir”, soulignera la même personne. En plus, les habitants souffrent du manque d’un réseau d’assainissement digne de ce nom. “La conduite a éclaté et déverse toutes ses saletés sur la route. Pour l’emprunter, il faut se boucher le nez”, poursuivra M. Zamoum.

Interrogé si une délégation a été reçue par les responsables de l’APC, l’on apprendra qu’effectivement des représentants du village furent reçus en audience, mais l’aboutissement de leurs revendications n’est pas certain. “Le maire n’a pas voulu s’engager. Nous savons que depuis longtemps les promesses des autorités n’ont jamais été concrétisées”, conclura M. Zamoum. Dans l’après-midi, les contestataires se sont dispersés dans le calme tout en jurant d’attendre quelque temps pour reprendre leur mouvement, au cas où les projets ne seraient pas lancés dans leur village.

O. G.