Les groupes islamistes du Mali:Aqmi,Mujao,Ansar Dine,Qui sont-ils ?

Les groupes islamistes du Mali:Aqmi,Mujao,Ansar Dine,Qui sont-ils ?

Aqmi, Mujao, Ansar Dine… Ce sont les noms des trois principaux groupes islamistes qui affrontent l’armée française au Mali. Ces organisations prônent toutes l’application de la charia, la loi islamique, en souhaitant étendre l’insurrection islamique en Afrique de l’Ouest. Mais elles présentent aussi des profils et des motivations différentes.

Al-Qaida au Maghreb islamique

Cette mouvance est installée dans la région sahélienne depuis 2007 et représente désormais une menace terroriste récurrente. Avant de faire allégeance à Oussama Ben Laden en changeant de nom, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) se nommait Groupe islamiste pour la prédication et le combat (GSPC), lui-même issue d’une dissidence du Groupe islamique armé (GIA), le mouvement algérien auteur de plusieurs attentats en France il y a 20 ans.

« Ce sont des Algériens qui veulent continuer la guerre d’Algérie », résume pour leJDD. frFrançois Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), en allusion à la guerre civile qui a frappé le pays dans les années 1990. Basé en Algérie, le chef d’Aqmi se nomme Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussaab Abdelouadoud. Celui-ci a désigné il y a trois mois Yahya Abou El-Hammam comme le nouveau chef pour la zone sahélo-saharienne, après la mort accidentelle de son prédécesseur. Il est secondé par Abdelhamid Abou Zeid, qui réside à Tombouctou, le nouveau fief de l’organisation. C’est lui qui aurait mené la charge des islamistes à Diabali, la localité malienne située à l’ouest du pays et prise lundi. Aqmi, dont le nombre de combattants au Mali reste incertain (quelques centaines, selon les estimations), reste toutefois secouée par des luttes internes.

En témoignent les récentes tensions dans le Nord-Mali entre les « katiba », ou brigades, d’Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, un autre djihadiste qui a annoncé son départ d’Aqmi à la fin du mois dernier. Aqmi est à l’origine des enlèvements d’Occidentaux dans plusieurs pays du Sahel. C’est le cas des quatre salariés français des groupes Areva et Vinci, retenus en otage depuis 2010, et de deux autres ressortissants dans le Nord-Mali fin 2011. L’organisation serait également impliquée dans le rapt le mois dernier d’un ingénieur au Nigeria.

Le Mujao

Fondé fin 2011 par le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou, le mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) est à la fois une dissidence d’Aqmi et son plus proche allié dans la région du Nord-Mali. Son objectif est également d’étendre l’insurrection islamiste dans toute l’Afrique de l’Ouest. En un an, il a revendiqué plusieurs attentats, notamment contre des forces algériennes, et des enlèvements, au Mali et en Algérie

. C’est lui qui détiendrait Gilberto Rodriguez Léal, un retraité français capturé le 20 novembre dernier près de la frontière avec la Mauritanie et le Sénégal. Deux mois auparavant, il avait annoncé l’exécution du vice-consul algérien, Taher Touati. Le mouvement avait, au moment de son offensive au Nord-Mali l’année dernière, pris ses quartiers dans la ville de Gao, qu’il a fui après avoir subi les frappes aériennes françaises. Il avait pour cela chassé les touareg du MNLA, qui se sont dits depuis prêts à aider la France. « Ils sont beaucoup plus nombreux que les touareg », relève François Heisbourg, qui souligne la convergence du mouvement avec Boko Haram, le groupe terroriste qui sévit au Nigeria. « C’est un Al-Qaïda qui sort du monde arabe, ce sont des hommes qui connaissent très bien le terrain », précise le spécialiste. Lundi, un responsable du Mujao à Gao a promis de « frapper le cœur de la France », après son engagement au Mali. En octobre, le chef d’Etat-Major du Mujao, Oumar Ould Hamaha, avait directement menacé François Hollande.

Ansar Dine

Apparu lors la prise du Nord-Mali en mars 2012, le groupe Ansar Dine a un profil nettement différent de ses alliés. « Son ADN est davantage berbère qu’arabe : ce sont des touareg qui se sont laissés embarquer dans un combat qui n’est pas le leur », analyse François Heisbourg.

Le mouvement rassemble avant tout des touareg islamisés, ainsi que d’anciens membres d’Aqmi. C’est probablement le plus important des trois, avec plusieurs milliers de soldats. Son dirigeant, Iyad Ag Ghaly, est une figure de la rébellion toureg des années 1990 au Mali et incarne l’aile la plus radicale du groupe.

Mais les rivalités internes seraient nombreuses et complexes. Contrairement à Aqmi et Mujao, le groupe islamiste, qui revendique à l’origine l’autonomie de l’Azawad (région du Nord-Mali) a d’abord négocié une solution politique à cette situation. Puis s’est retiré début janvier des négociations, et a participé à l’offensive des djihadistes vers Bamako, qui a déclenché l’intervention française. Cette décision est également à l’origine de la plus grande fermeté de l’Algérie, qui négociait avec Ansar Dine. La puissance continentale a annoncé lundi soir qu’elle fermait ses frontières pour empêcher la fuite des combattants islamistes. Le fief d’Ansar Dine est basé à Kidal, la plus septentrionale des trois principales villes du Nord-Mali, également pilonnée par l’aviation française. Un haut responsable du mouvement, Abdel Krim, a par ailleurs été tué dans les combats à Konna, la ville du centre du pays reprise par la France.

Riad