Tandis que les combats entre groupes islamistes armés et l’armée malienne gagnent en intensité, une nouvelle katiba (phalange) dénommée Ançar Al Chariaa est créée par celui qu’on appelle, au nord du Mali, «l’homme à la barbe rouge», en référence, fort probablement, à sa barbe teinte au henné.En parallèle également aux combats, les groupes islamistes armés avancent vers les frontières mauritaniennes. D’autres se sont installés à El Khalil, à 14 km de Bordj Badji Mokhtar, côté algérien. Le porte-parole du Quai d’Orsay, lui, n’a ni confirmé ni infirmé l’information selon laquelle «des unités d’élite de l’armée française ont été déployées au nord du Mali pour combattre les groupes islamistes armés et les empêcher d’avancer vers le sud malien».
Des ingrédients qui dénotent du début de la guerre tant crainte par l’Algérie et la Mauritanie, pays ayant exprimé leur souhait d’arriver à une solution pacifique à la situation au nord du Mali, mais qui rappellent les menaces faites par le premier responsable du madjliss echouri (sorte de conseil consultatif) du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), organisation terroriste qui détient des diplomates algériens en otage, la menace faite par cette nébuleuse de s’en prendre à l’Algérie et à la Mauritanie «en cas d’intervention militaire étrangère au nord du Mali».
L’armée mauritanienne a averti hier ses populations établies aux frontières avec le Mali, leur demandant de faire preuve d’un maximum de vigilance quant au danger terroriste. L’Algérie, elle, avait fait de Bordj Badji Mokhtar une zone militaire et multiplié les postes avancés le long des frontières.
En parallèle, des dizaines de véhicules équipés de mitrailleuses lourdes se sont rassemblés à 70 km au nord de Tombouctou, ville du nord du Mali, formant la nouvelle phalange de Amar Ould Hamaha, alias «l’homme à la barbe rouge» qui avait fait partie d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), avant de se rallier au Mujao et, actuellement, se réclamant du mouvement islamiste Ançar Eddine.

L’émir de la nouvelle phalange ambitionne de rassembler les arabes de certaines régions du Sahel, dont le nord du Mali, autour de sa katiba.
La guerre aux frontières
«Si nous sommes attaqués dans le cadre d’une intervention militaire étrangère, nous considérerons que l’Algérie a participé d’une façon ou d’une autre et nous ciblerons ce pays», avait menacé, il y a quelques semaines, le premier responsable du madjliss echouri du Mujao, même si l’Algérie a publiquement annoncé privilégier une solution pacifique à la crise au nord du Mali.
«Des avions de pays amis participent à l’offensive militaire contre les organisations terroristes pour libérer Kouna», a déclaré hier un officier de l’armée malienne cité par l’AFP, sans citer ces pays. Les terroristes du Mujao ne manqueront pas de semer l’amalgame et de considérer, à tort, que l’Algérie participe à l’opération militaire actuellement menée et, par là, mettre à exécution leurs menaces contre ce pays.
Les islamistes cherchent à occuper le seul aéroport de la région
La guerre faisant rage actuellement se déroule, faut-il le noter, non loin de Mopti, où se trouve le seul aéroport de la région. Les éléments d’Ançar Eddine qui ont récemment annoncé le «gel» de la cessation de toute hostilité avec l’armée malienne, et qui se sont emparés de la ville de Kouna, près de Mopti, cherchent à fortifier leurs positions en perspective de la guerre annoncée au nord du Mali.
Le Premier ministre malien est attendu demain à Alger, tandis que le président du Mali envisage d’entreprendre dans les quelques jours qui suivent une visite dans plusieurs pays européens, dont la France, pour solliciter une aide dans son conflit avec les islamistes armés qui occupent le nord du pays.
Plusieurs morts et blessés sont déjà enregistrés lors des combats qui ont commencé il y a quelques jours, opposant Ançar Eddine à l’armée malienne qui a perdu la localité de Kouna, se retirant à 30 km, selon certaines sources, tandis que d’autres sources évoquent «une offensive de la part de l’armée régulière du Mali, avec l’aide de pays amis pour chasser les islamistes armés de Kouna et du nord du Mali».
M. A.