Le sommet des dirigeants de la zone euro se tient aujourd’hui à Bruxelles.
Il sera consacré à l’examen des répercussions de la victoire du “non”.
Le “non” aux exigences des créanciers a obtenu 61,31% des voix des électeurs grecs lors du référendum organisé dimanche par le gouvernement de gauche Syriza, du Premier ministre Alexis Tsipras. Le référendum a été convoqué suite à l’échec, la semaine dernière, des discussions entre le gouvernement grec et les créanciers : la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne (UE). Les créanciers ont proposé une prolongation de leur soutien financier jusqu’en novembre 2015, à hauteur de 12 milliards d’euros pour les Européens.
Le FMI s’est engagé, quant à lui, à verser 3,5 milliards d’euros.
En contrepartie, la Grèce devait mener de nouvelles mesures d’austérité antisociales consistant, entre autres, à couper dans les retraites. Le “non”, qui a donc remporté la majorité des voix de près de 10 millions de votants, est censé renforcer le “pouvoir de négociation” de la Grèce dans le prochain round de discussions à Bruxelles. Cette décision populaire n’est, en aucun cas, synonyme d’une volonté grecque de sortir de la zone euro, comme l’a souligné Alexis Tsipras lors de ses interventions publiques visant à convaincre les Grecs de voter “non”. Dans les faits, ce vote a une incidence directe sur l’Union monétaire européenne. Le manquement au paiement de la dette grecque met Bruxelles face à deux choix cruciaux : exclure la Grèce de la zone euro ou demander aux pays membres de supporter collectivement le poids de cette dette. En réaction aux résultats du référendum, les États européens se sont montrés partagés. Certains ont adopté une position ferme et sévère vis-à-vis du peuple grec. “Tsipras a coupé les derniers ponts par lesquels la Grèce et l’Europe auraient pu s’acheminer vers un compromis”, a tranché le ministre allemand de l’Économie, Sigmar Gabriel, repris par l’AFP. Touchés de plein fouet par la crise financière de 2008, Rome et Madrid se sont montrés plus conciliants à l’égard d’Athènes. Le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, a encouragé, en effet, la poursuite d’un débat et la recherche d’un accord, tandis que le chef du parti antilibéral, Podemos, Pablo Iglesias, a salué la victoire du “non”, affirmant que la “démocratie l’a emporté en Grèce”. Après avoir fait part de leur respect face au vote populaire grec, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le chef d’État français, François Hollande, ont annoncé la tenue d’un sommet extraordinaire de la zone euro qui aura lieu aujourd’hui à Bruxelles. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a confirmé cette annonce. Cette nouvelle réunion à Bruxelles sera consacrée aux conséquences de la victoire du “non” et à l’avenir de la Grèce au sein de l’Union européenne. Enlisée dans une situation critique depuis 2008, la Grèce a exprimé à travers ce “non” sa lassitude face aux politiques d’austérité et réaffirme le refus à se soumettre à ce qu’elle considère comme un chantage et une humiliation du peuple grec. Alors qu’Alexis Tsipras a remporté une victoire politique qui témoigne de la confiance des Grecs envers le parti de gauche radicale Syriza, l’issue de ce sommet sera décisive pour l’avenir de la Grèce.
A. B.