La tension engendrée par la pénurie de carburant est décriée par les membres de la Fédération nationaledes gérants libres des stations-services.
La crise sporadique du carburant à Oran est au cœur de la tourmente que subissent, depuis plus de trois semaines déjà, des milliers d’automobilistes et autres professionnels des transports. Les mêmes scènes d’attente devant les stations-services, quoique atténuées, donnent le tournis. Samedi, c’était au tour des gérants libres des stations-services de sortir de leur réserve.
Réunis au siège de l’Ugcaa à Oran, ils fulminent contre cette situation qui n’a “que trop durer”. Aux vociférations des uns et protestations des autres, se sont mêlés les griefs, acerbes. La tension engendrée par la pénurie de carburant est décriée par les membres de la Fédération nationale des gérants libres des stations-services. Ils ne prennent pas de gants pour tirer à boulets rouges sur Naftal. “Nous mettons en cause la responsabilité directe de Naftal dans cette crise causée par un abus de monopole et l’irrespect des lois en vigueur en matière de commercialisation”, a affirmé M. Allali.
Les langues se délient, bottant en touche les assertions des responsables de Naftal. “On ne va pas encore nous sortir l’histoire des bateaux en rade qui ne peuvent pas accoster à cause des mauvaises conditions climatiques alors que le ciel est dégagé depuis plusieurs jours. Où est le stock de sécurité en cas de catastrophe naturelle ?” assène, pour sa part, le représentant de la Fédération des gérants libres de la wilaya de Mostaganem. Pour lui comme pour les autres gérants libres, la crise est sciemment provoquée par Naftal.
“Comment se fait-il que les gérants directs des stations-services (GD) appartenant à Naftal sont régulièrement et abondamment approvisionnés en carburant, toutes catégories confondues, à notre détriment ?” s’interroge Daho Benabdellah. Pour M. Allali, représentant de la Fédération pour la wilaya d’Oran, les dès sont pipés. “Dès lors qu’il existe trois ou quatre stations-services à Oran qui sont mieux loties que les autres stations données en gérance libre, tout le reste est un secret de Polichinelle.” L’intervenant ne s’explique pas, en effet, les rotations quotidiennes des camions-citernes au profit de ces stations-services. Sauf qu’à l’évidence, ce qui transparaît comme une hypothèse est en fait une lapalissade. “Tout le monde à Oran sait où va cette quantité de carburant qui change bizarrement plusieurs fois de mains avant d’atterrir chez les hallabas et autres spéculateurs.” C’est le postulat de récriminations des gérants libres qui se défendent de mettre le feu à l’essence.
“Notre but est de dénoncer cette situation qui nous pénalise autant que les utilisateurs. Nous exigeons de Naftal l’application stricte et générale des règles commerciales en matière d’approvisionnement, comme nous lançons un appel pressant aux pouvoirs publics pour que cessent ces pratiques de concurrence déloyale”, affirment les membres de la Fédération nationale des gérants libres. Ils revendiquent “légitimement” la mise en œuvre du protocole d’accord signé avec les responsables de Sonatrach qui est prêt, selon eux, depuis 2008. “Les clauses de cet accord stipulent, entre autres, la possibilité de nous approvisionner en carburant auprès des entreprises privées.” Cet état de fait est lourdement ressenti à Oran par les quatre postes de chargement de carburant de Naftal au niveau de Petit Lac. “Deux postes seulement sont disponibles pour la wilaya d’Oran, un troisième pour Mostaganem et le quatrième pour Sidi Bel-Abbès”, déplore-t-on.
Une quantité de 1 800 m3/j de carburant est nécessaire pour le fonctionnement de la wilaya d’Oran en “temps normal” alors que le tiers est à peine distribué par Naftal, soutiennent mordicus les intervenants. “Le problème est dû essentiellement au mauvais dispatching du carburant qui est inéquitablement réparti par la société Naftal”, insistent les représentants des gérants libres. Cette situation a également créé des désagréments dans les stations-services qui enregistrent une affluence peu coutumière de véhicules, comme c’est le cas dans les wilayas de Chlef, Sidi Bel-Abbès, Tlemcen et Tissemsilt.
K. R.I