Ils seront bel et bien dans la capitale, peut-être même avant le mois de Ramadan dont la nuit du doute est pour ce soir. Et les gardes communaux, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ne font pas du tout dans l’économie des mots en parlant tout simplement d’«invasion» de la capitale «tout prochainement».
Pour ce faire, ils entourent cette option de toute l’attention requise en vue de sa réussite à travers l’éclat qu’elle ne manquera pas de faire, notamment sur le plan médiatique. C’est ce que Zidane Hasnaoui, un des coordinateurs nationaux des gardes communaux et coordinateur de la corporation au niveau de la wilaya d’El Tarf, sous-entend quand il affirmait hier, à partir de Blida où il campe en compagnie de nombreux de ses collègues et ce, depuis le 26 juin dernier, que «nous envahirons tout prochainement la capitale pour y passer tout le mois de Ramadan qui s’annonce». Et de préciser que «cette option se devait d’être entérinée hier en soirée, soit la veille de l’expiration de l’ultimatum de 48h lancé l’avant-veille, à l’endroit des pouvoirs publics à l’effet de répondre positivement à leur plateforme de revendications et dans sa totalité». D’où, poursuivra-t-il, le ralliement de plus en plus massif des gardes communaux au sit-in national de la ville des Roses en vue de cette action d’«envergure», prédira- t-il, se montrant, cependant, parcimonieux quant aux «modalités » pratiques de cette «invasion » de la capitale. Mais comment rejoindront-ils la capitale ? Par bus, fourgons, véhicules particuliers, taxis ? Quel est le lieu de chute convenu pour que tout le monde se retrouve à Alger ? Notre interlocuteur n’en dira pas plus sur la stratégie à adopter en vue de prendre à défaut les forces de sécurité qui sont déjà déployées en masse dans tous les coins et recoins de la capitale comme ce fut le cas lors de leur récente marche. Il concédera, sur notre insistance, que l’action ne saura attendre mercredi prochain. Autrement dit, d’ici 7 jours, les gardes communaux auront rejoint, par tous les moyens, excluant toute marche, la capitale en vue, dira encore Zidane, d’occuper une place publique et y passer le mois de piété. «Nous voulons, à travers cette action, montrer à l’opinion publique nationale que rien ne nous fait peur. Nous menons le combat de la dignité», soutiendra- t-il avant de lâcher, osant une interprétation politique de leur mouvement : «Nous avons bien vaincu le terrorisme au prix d’un lourd tribut parmi le corps que nous avons rejoint par notre conviction de sauver la République qui vacillait face au péril islamiste, et nous ne nous tairons pas jusqu’à ce que nous recouvrions nos droits dus à ce combat.» Et de souligner que tous les cantonnements de la garde communale sont paralysés du fait que les agents se sentent plus que jamais concernés par ce mouvement. Une adhésion de plus en plus significative, que les «intimidations sous toutes leurs facettes ont nourrie et accélérée parmi un corps qui se cherche une identité, ballottés que nous sommes entre deux statuts : civil et militaire», dira encore Zidane Hasnaoui pour qui «le summum du paradoxe est que nous sommes rémunérés par la Fonction publique au moment où nous accomplissions des missions militaires».
M. K.