Si les boutiques du sous-sol situées à proximité de la Faculté d’Alger grouillent de monde, ce n’est pas le cas sous le carrefour de l’hôtel Essafir (ex-Aletti) ou à la Place des martyrs.
Dans les magasins du souterrain commercial situé près de la Fac, la gent féminine, notamment, est choyée. De la simple écharpe à 100 dinars en passant par le manteau affiché à 12.000 dinars, les ménagères et les jeunes filles fréquentent ce lieu assidûment. Elles viennent faire leurs achats ou flâner. Autre ambiance au sous-sol de l’hôtel Essafir. En descendant les escaliers, on se retrouve devant des magasins fermés depuis plusieurs années. On entendrait presque une mouche voler. A part les sanitaires dont les portes sont ouvertes au public, les propriétaires des autres boutiques ont mis la clé sous le paillasson depuis belle lurette.
Sur 10 locaux, un seul est opérationnel. Hamid à la caisse attend d’hypothétiques clients. De 8h à 12h, sa recette quotidienne dépasse rarement les 200 dinars. Spécialisé dans la vente de consommables de téléphones portables, Hamid a sous-loué ce magasin. « Je l’ai regretté par la suite », dit il. Comment payer 60.000 dinars d’impôts alors que les recettes quotidiennes sont si maigres ? Pourquoi personne ne fréquente les lieux ? Selon notre interlocuteur, « la location des magasins est très chère auprès de la Régie foncière de la ville d’Alger (RFVA) propriétaire des lieux ». « Les dettes se sont accumulées et les gérants n’ont pu s’en acquitter », explique-t-il A l’en croire, « ils ont préféré déserter ou sous-louer à d’autres commerçants ». L’autre problème que rencontrent ces boutiquiers est le manque d’espaces publicitaires qui doivent signaler leur présence et la nature de leur activité. Le P/APC d’Alger-Centre aurait carrément interdit l’affichage ou l’utilisation de panneaux.
Comment redonner vie à ces lieux désertés ? La question ne trouve pas encore de réponse ! Concernant les placards publicitaires, la responsable de l’urbanisme commercial de l’APC d’Alger-Centre a affirmé qu’« aucune audience ou demande dans ce sens n’a été introduite ». « Rien n’a atterri sur mon bureau », assure-t-il. Elle soutient, toutefois, que « la gestion des ces commerces ne relève pas des prérogatives de l’APC ». Certaines personnes préfèrent traverser la chaussée au lieu d’emprunter le sous-sol en toute sécurité. Tous ont brandi le côté sécuritaire. « Au sous-sol, je risque d’être agressée faute de vigile ou de policier », avertit une jeune fille. « S’il y avait du monde à la rigueur, mais voyez vous, c’est vide, les magasins sont fermés, pas d’activité commerciale, pas de piétons », ajoute son amie. « Ces lieux lugubres inspirent la peur. La décennie noire y est pour quelque chose », expliquent d’autres passants.
Loyers chers
A la Place des martyrs, le sous-sol qui compte quelques magasins connaît une activité assez fébrile. Deux tailleurs spécialisés dans les retouches. Tandis que les autres, un cordonnier et un taxiphone, peinent à attirer des clients. Dans ces lieux, c’est le bouche à oreille qui a fonctionné pour les deux tailleurs qui ne connaissent pas de répit. D’ailleurs, seules leurs échoppes sont éclairées. De loin, l’enseigne lumineuse clignote comme pour dire qu’il y a une activité ici. Pourquoi les autres locaux sont, également, fermés dans ce deuxième sous-sol ? « Le loyer est excessivement élevé, les impôts impayés se sont accumulés au point d’atteindre des sommes impossibles », regrette le premier tailleur. Le second confie : « Les propriétaires ont déserté les lieux à cause de l’insécurité, du mauvais éclairage et de l’eau qui suinte de partout ».
« Ni les autorités locales (APC de La Casbah) ni la circonscription administrative de Bab El Oued ou encore la wilaya ne se sont penchés sur ces structures qui peuvent être capitalisés ou optimisés pour créer de l’emploi », insiste un passant à qui on a demandé pourquoi le sous-sol est boudé par les riverains. Quant à traverser la chaussée au lieu du sous-sol, il relève que c’est une question d’habitude et peut-être la claustrophobie en est la cause. Puis il suggère d’animer ces lieux avec des expositions d’artisanat, des photos, des produits du terroir, donner la chance aux musiciens de s’y produire. En somme, un programme régulier de festivités pour que ces lieux redeviennent fréquentables, comme ailleurs.
Rabéa F.