Les futurs députés vont-ils jouer pleinement leur rôle ?

Les futurs députés vont-ils jouer pleinement leur rôle ?

Les députés, qui seront issus de la future Assemblée populaire nationale (APN), comptent jouer pleinement leur rôle de parlementaire.

Contrairement à leurs prédécesseurs lors des législatures passées, ils ambitionnent d’utiliser pleinement leurs prérogatives de représentants du peuple.

C’est du moins ce qu’ils soutiennent quand on les interroge sur la démarche qu’ils adopteront une fois élus à l’issue des législatives du 10 mai prochain. Classé 3e sur la liste de candidature à la députation du Front de libération nationale (FLN) à Alger, Wahid Bouabdallah souligne l’impératif d’instituer des enquêtes parlementaires pour mettre la lumière sur des questions immensément importantes. “Il faut faire des enquêtes parlementaires sur la gestion des deniers publics”, propose-t-il à ce sujet, arguant qu’“il y a des actions prioritaires que je défendrai en tant que député à l’image de la question de la gestion des deniers publics”. “Pourquoi il y a eu des marchés de gré à gré dans les grands projets ?” interroge-t-il. Et de noter : “Il y a des marchés où les cahiers des charges sont trop techniques et sont taillés sur mesure pour celui que l’on veut retenir.” Puis de préciser qu’“on le voit dans les grands marchés de la construction. On a vu Saipem retenue pour un gazoduc pour 40 milliards de DA alors qu’une entreprise algérienne qui a soumissionné pour 145 millions de DA a été refusée”. “C’est incompréhensible”, s’étonne-t-il. Wahid Bouabdallah revendique tout autant des enquêtes parlementaires sur “les grands projets hydrauliques et d’hydrocarbures”. “Ils doivent faire l’objet d’enquêtes”, préconise-t-il. Un autre sujet intéresse le futur député Djezzy. Selon lui, “il y a eu une gestion beaucoup plus politique qu’autre chose par rapport à ce dossier”. La main-d’œuvre algérienne est aussi une question essentielle pour le candidat à la députation. À ses yeux, il est impératif de répondre à la question de savoir “pourquoi on importe constamment de la main-d’œuvre étrangère turque, chinoise, espagnole et autres ?” “Il faut une enquête pour clarifier les choses”, recommande-t-il.

Bouabdallah : “On a menti au président”

L’autoroute allant de Zéralda à El-Afroun préoccupe aussi le futur parlementaire. Selon lui, ce tronçon autoroutier “c’est une catastrophe. Il est plein de nids-de-poule”. Et d’interroger : “On veut savoir combien cette autoroute a coûté et pourquoi elle a coûté tant ?” Il nuancera en soutenant que “ce n’est pas toute l’autoroute qui est de mauvaise qualité mais certains tronçons, ceux qu’on a sous-traités”.

M. Bouabdallah fera observer à ce sujet que “le président de la République lance des chantiers importants mais au niveau de l’exécution les gens lui mentent”. “Il ne faut plus que les corrupteurs tiennent notre cité”, assure-t-il. D’autres dossiers figurent parmi les plus importants aux yeux des parlementaires à l’image de la question des harragas. “Nous avons questionné les harragas sur les raisons qui font qu’ils risquent leur vie pour passer de l’autre côté. Et selon leurs réponses, on a élaboré des recommandations pour redonner aux jeunes leur fierté et éliminer la hogra ainsi que la corruption”. “Il faut qu’il y ait une égalité de chances entre les Algériens”, préconise-t-il, estimant qu’“il ne faut pas qu’il y ait de favoritisme pour le fils d’untel ou d’untel”. Au niveau de l’éducation, “il faut tout revoir”, recommande-t-il. Et pour cause, il faut un constat catastrophique de ce secteur. “Nous avons un système éducatif catastrophique. Nos enfants ne savent ni lire ni écrire”, dit-il. S’agissant du secteur de la santé, le futur député recommande l’ouverture de blocs opératoires bien équipés et une formation d’un personnel adéquat pour travailler en son sein. “Il faut tout autant encourager nos professeurs qui sont partis de l’autre côté pour exercer dans nos hôpitaux”, propose-t-il, tout autant qu’un investissement “dans nos hôpitaux qui manquent cruellement de moyens”, dit-il. Sur la question des femmes, il estimera qu’“il n’y a pas assez de femmes dans les postes de décision, ce qui devrait être le cas” recommande-t-il. La régionalisation fait aussi partie des revendications du candidat. “Il faut valoriser la culture régionale et opérer une décentralisation au niveau des walis et donner plus de pouvoir aux APC et APW”. La gouvernance, à travers des institutions fiables et démocratiques, un engagement sans hésitation dans les causes internationales justes, figurent aussi parmi les questions qui tiennent à cœur à Bouabdallah.

Abad : interpeller le gouvernement et proposer des lois

Même écho chez Abdelhamid Abad, ancien ministre de la Formation professionnel. Candidat aux législatives sur les listes de la formation El-Moustaqbel. “Je compte en tant que parlementaire jouer pleinement mon rôle”, dit-il, avant d’évoquer de faire valoir une des attributions des parlementaires en l’occurrence les propositions de loi et l’interpellation du gouvernement. “Déjà avec les prérogatives actuelles dont disposent les députés, nous pouvons faire beaucoup”, fait-il remarquer.

À propos des questions qu’il ambitionne de défendre dans la future Assemblée nationale, M. Abad place en tête le dossier de la jeunesse. “Nous devons travailler pour trouver des solutions à court et à moyen terme”. Le dossier du chômage figure également parmi ses priorités au même titre d’ailleurs que celui de la santé. “Je suis tenu de défendre le dossier de la santé en tant que professeur en médecine”, dit-il. La situation de la femme intéresse également l’ex-ministre de la Formation professionnelle du temps du gouvernement Benflis. “La femme doit jouer un rôle prépondérant dans la société”. “Il faut lui donner les droits et les moyens pour qu’elle le fasse”, estime-t-il. Le système éducatif doit être revu, propose le candidat qui préconise en même temps une réforme, un rajeunissement et des nouveautés dans le domaine de la formation professionnelle. Et à ce propos, il dit vouloir remettre sur la table le bac professionnel qui, selon lui, donne de nouvelles qualifications techniques.

Bounedjma : “La justice n’est pas indépendante”

Khaled Bounedjma, à la tête du Front national pour la justice sociale (FNJS) ambitionne, pour sa part, d’impulser des changements sociaux s’il est élu député. Postulant à la députation à Alger, il estime qu’il faut “trouver des mécanismes pour l’emploi et la jeunesse”. Bounedjma s’indigne, dans ce cadre, du fait que le casier judiciaire constitue une pièce maîtresse et obligatoire demandée aux jeunes à chaque fois qu’ils souhaitent entreprendre. “Quand un jeune a purgé sa peine, je me demande pourquoi on lui demande un casier judiciaire qui l’empêche même de postuler pour l’Ansej ?” interroge-t-il, précisant que quand on prétend une réconciliation avec les jeunes “il faut aussi leur créer les conditions d’un épanouissement”. À ce propos, Bounedjma fait valoir la prérogative du parlementaire d’élaborer des lois. “Ce n’est pas au gouvernement d’apporter des lois, mais c’est à nous de les faire”, dit-il. Une autre question tient à cœur au patron du FNJS : la justice. “Nous n’avons pas de justice indépendante dans notre pays et il faut y remédier” car, dit-il, “il ne faut pas que des ministres donnent des ordres oralement et le citoyen peut déposer une plainte contre qui il veut”. Bounedjma veut aussi revoir la politique salariale en Algérie. “18 000 DA n’est pas un salaire”, dit-il. Aussi plus de justice sociale, une facilitation d’accès aux crédits ainsi que la création de coopératives pour les jeunes sont parmi les points que compte défendre Bounedjma s’il est élu député.

Touati : “Le futur parlement est de transition”

Moussa Touati, le président du Front national algérien (FNA) indiquera que ses députés, lors de la prochaine Assemblée nationale, dénonceront le recours abusif à la législation par ordonnance. “Pas d’ordonnances car cela nous a massacrés”, dit-il, justifiant le recours à ce type de législation uniquement “en cas de guerre”. “Il faut redonner le pouvoir au peuple qui a vécu 50 ans de marginalisation par un pouvoir à sens unique qui a conduit l’Algérie à la faillite”. Aussi et dans le cadre de la prochaine révision de la Constitution, Touati annonce que ses députés vont défendre la séparation des pouvoirs, un régime parlementaire et une société plus sociale. Par ailleurs, il estimera que le prochain Parlement sera un Parlement de transition. “Et il aura une mission très difficile car le pouvoir en place a essayé d’être malin et a agréé des partis à la dernière minute. Cela va être un combat entre les partis qui vont défendre un régime parlementaire et ceux qui vont prôner un régime présidentiel”.

Même état d’esprit chez Aziz Touaher, candidat sur la liste du Front de l’Algérie nouvelle : propositions de lois et d’enquêtes parlementaires au menu. “Nous prendrons des initiatives sur des questions à l’image du code de l’information, dans le domaine de la santé et concernant le front social”, dit-il, expliquant que “nous interviendrons sur l’ensemble des questions qui préoccupent le citoyen”.