Les fortunes cachées du secteur informel : L’économie algérienne en otage

Les fortunes cachées du secteur informel : L’économie algérienne en otage
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37 milliards de dollars ont, selon des économistes, circulé en 2015 dans les circuits de l’informel. C’est, donc, plus d’une année de recettes pétrolières qui échappent ainsi aux caisses du Trésor public !

Et autant de dollars qui circulent en marge des banques et ne profitent pas au réinvestissement dans l’économie. 20 autres milliards auraient, également, été transférés illicitement à l’étranger. C’est beaucoup pour une économie semi-dirigée ! Cependant, ce ne sont que les premiers exemples des multiples facettes du diktat qu’exerce le secteur de l’informel sur l’économie algérienne. Et de la main de fer sauvage qui prend à la gorge la pratique économique.

La politique du gouvernement se trouve ainsi lestée par des actes qui relèvent du banditisme, pour ne pas dire du crime économique. Si bien que l’on reste perplexe devant la position des mains liées du gouvernement qui semble ne rien pouvoir faire pour juguler ces fléaux. Peut-on, du reste, s’attendre à mieux quand on sait que ce gouvernement n’est même pas arrivé, malgré ses nombreuses tentatives, à éradiquer les marchés sauvages des cités? En vérité, ce qui est exigé de l’Etat, c’est de trouver de vraies solutions pour faire affluer vers ses caisses ces formidables flux financiers. Mais peut-il le faire face aux pratiques déloyales des grossistes et mafieuses de certains importateurs qui n’en font qu’à leur tête ? On ne le sait d’autant qu’il semble opter seulement pour des solutions hasardées, en bouts de chandelle et qui fondent comme neige au soleil face à la dure réalité. On se demande ce qui retient l’Etat à agir.

Tout cet argent qui est thésaurisé est une grosse perte pour l’économie nationale. L’Etat ne peut-il pas imaginer une issue, comme menacer, par exemple, de changer les billets? Cela ferait certainement venir cette formidable manne financière dans les banques. D’autant que jusque-là, il semble que les divers appels de pied de ministre des finances n’aient pas intéressé beaucoup de monde. Malgré les possibilités offertes de passer la main sur l’origine des fonds ou encore l’exigence de réaliser des transactions par chèques sur des opérations dépassant les 100 millions de centimes, peu de monde a cru en ces offres. C’est que les banques algériennes et la situation politique incertaine ont fini par dissuader les gros détenteurs d’argent qui préfèrent la sécurité de la devise forte, quand bien iraient-ils à Square Port Said pour changer leurs dinars à perte.

C’est que les opérateurs nationaux, du moins ceux qui misent sur le moyen et long terme, demandent à voir clair. Or ils sont totalement désemparés face aux changements périodiques du cadre juridique ce qui risque de faire fuir les capitaux surtout en cette période de crise qui les oriente vers la sphère informelle. En face, la La démission volontaire de l’Etat s’explique par ce que le pouvoir appelle « la politique de sauvegarde de la paix sociale » . Elle se manifeste par un laisser- aller général envers les activités commerçantes des couches sociales les plus défavorisées qui vivent de débrouillardise en vendant des fruits et légumes au bord des routes et sur les trottoirs des villes, ou en fabriquant de l’eau de Javel ou des jus de fruits dans des baignoires installées dans des locaux insalubres.

Mais le vrai problème concerne la couche aisée qui a les faveurs du régime. C’est toute cette foultitude d’opérateurs dans l’import-import qui vampirise l’économie. Fonctionnant sur un mode plus mafieux qu’économique, elle représente aujourd’hui un lobby puissant et solidaire, qui a fini par s’enraciner y compris dans les strates défavorisées de la société, en offrant à des centaines de milliers de personnes des emplois directs et indirects, certes précaires, mal rémunérés, sans couverture sociale ni retraite, mais tout de même des emplois et un pouvoir de subsistance, à défaut d’un pouvoir d’achat digne de ce nom.

AEH