Le village porte bien son nom. C’est quasiment le même que M’chouneche, situé dans un creux de l’Aurès et que ses habitants appellent Timsounine. Il signifierait, dans le parler amazigh, « les paradis ». Cette petite oasis est célèbre pour avoir enfanté le colonel Si El Haouès, mort le même jour qu’Amirouche en mars 1959. Elle a prêté souvent son magnifique décor de couleur jaune ocre pour le tournage de films. Le dernier fut « Mascarades » de Liés Salem. Oui, Imsounene, dans une autre région du pays, lové dans un écrin de verdure mérite aussi son nom.
On peut encore, dans ce coin de Kabylie maritime, surprendre les oiseaux chanter, voir les feuilles d’arbres tapisser les sous-bois et s’effrayer du déboulé d’un sanglier. La route qui y mène est étroite et mal entretenue. Elle longe de petits jardins et des champs de genêts. Ces jours-ci, on s’oblige à ralentir.
Des travaux sont menés pour alimenter le village en gaz. Le projet ravit les habitants et ceux, tout autant nombreux, qui viennent y passer les congés d’été. L’automne a barbouillé ce week-end le ciel mais on imagine déjà la fraîcheur estivale et le calme à l’ombre de nombreuses villas cernées d’arbres fruitiers. Au loin, la mer ferme l’horizon mais la route qui relie Azzefoun et Tigzirt est visible.
A Moins d’une dizaine de kilomètres à vol d’oiseau. Elle est reconnaissable et serpente en bas des villages comme Ait Rhouna et Aguemoun. Un peu plus haut, c’est Taboudoucht qui se signale par un minaret. Elle est le lieu de naissance du peintre Issiakhem dont la famille, comme tant d’autres ailleurs parties, s’était installée à Relizane. Il se dit que le métier de boulanger et de gestionnaire de bains maures s’est ici transmis depuis des générations.
Conseils et regrets
« Je vais bientôt partir en retraite », ajoute-t-il avec un brin de tristesse. Certes, le salaire pour ce père de famille est misérable (moins de 20.000 DA) mais l’endroit est calme, tranquille. Aux alentours, on ne voit que quelques vaches ou chèvres qui paissent à l’orée des bois. Près du monument érigé à la mémoire des chouhada au carrefour menant vers le gros village d’Abizar, Timizar, Aghrib à l’est et Dellys à l’ouest, un cantonnement de l’armée surveille encore cette zone.
Point de passage entre les forêts de Tamgout et celle de Mizrana, elle a retrouvé calme et tranquillité. Les variétés d’arbres sont nombreuses dans cette pépinière modeste. Les plus demandés sont les casuarinas qui peuvent dépasser trente mètres de haut. Ce n’est pas un arbre originaire du Maghreb mais il semble s’être bien acclimaté.
« Il se régénère même après les incendies, se prête à la coupe et c’est l’idéal pour une barrière de brise- vent », explique l’ouvrier. Il est aux petits soins avec ceux qui viennent sur les lieux s’approvisionner gratuitement en plants. « Nous livrons jusqu’à 70.000 arbustes chaque année de Casuarina ».
Le cyprès est également très demandé. L’homme ne se contente pas de compter les plants mais il connaît son métier sur le bout des doigts. Il déconseille le peuplier dont les fortes racines peuvent provoquer des fissures et met en garde contre la tentation de repartir avec un beau mimosa.
« Oui, ses fleurs sont belles mais il ne résiste pas à la neige », confie-t-il avant d’énumérer les vertus des saules et des Eucalyptus. Il a comme une pointe de regret de ne pouvoir fournir au visiteur quelques arbres fruitiers. Ceux-là sont seulement disponibles chez les privés.