Les forces marocaines prennent d’assaut un camp de réfugiés sahraouis

Les forces marocaines prennent d’assaut un camp de réfugiés sahraouis
les-forces-marocaines-prennent-dassaut-un-camp-de-refugies-sahraouis.jpg

Le camp érigé depuis près d’un mois par les Sahraouis aux abords d’Al Ayoune pour protester “pacifiquement contre la discrimination persistante et la détérioration aiguë des conditions socioéconomiques de la population

sahraouie au Sahara occidental” a fait l’objet, hier matin, d’une attaque menée par les forces d’occupation marocaines, faisant 2 morts et 70 blessés.

Les militaires marocains ont eu recours à la force, hier matin, pour démanteler un campement de tentes dressées au lieu-dit Gdem-Izik, à l’est d’Al-Ayoune, au Sahara occidental, où plus de 25 000 Sahraouis s’étaient installés pour protester contre l’occupation de leur pays et la détérioration de leurs conditions sociales.

Ainsi, les forces de sécurité marocaines, épaulées par les militaires et les gendarmes, ont pénétré en force, à l’aube, le camp et l’ont mis à sac en utilisant des bombes lacrymogènes balancées par des hélicoptères et des jets d’eau de citernes à l’heure où les Sahraouis dormaient encore.

Selon un défenseur sahraoui des droits humains, Ahmed Moussaoui, présent sur place, et cité par l’agence sahraouie SPS, “plusieurs personnes ont été blessées parmi la population du camp dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, surpris dans leur sommeil et asphyxiés par les gaz lacrymogènes par les forces marocaines, armées de matraques”.

“C’est un génocide contre nous, ils ne font pas la distinction entre une femme et un enfant”, dit-il. Sitôt informés de la situation, les habitants de la ville occupée d’Al-Ayoune sont sortis dans les rues des principaux quartiers de la ville assiégée pour soutenir leurs compatriotes.

À signaler que la route reliant Al-Ayoune au campement avait été bloquée dès dimanche par les autorités marocaines et le réseau de téléphonie mobile GSM coupé. Pour rappel, ce camp avait été érigé le 9 octobre dernier par près de 12 000 habitants d’Al-Ayoune et de sa région, dont le nombre a atteint récemment 26 000, dont des enfants, des femmes et des personnes âgées, pour protester pacifiquement contre l’occupation marocaine, malgré les barrages de la gendarmerie marocaine dressés pour empêcher les habitants de la ville de rejoindre le campement.

Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a déclaré que les forces marocaines ont attaqué par “voies terrestre et aérienne à l’aide d’hélicoptères” ce camp de 28 000 personnes avec “des canons à eau, des gaz lacrymogènes et des balles réelles”, a-t-il ajouté, poursuivant qu’elles ont “réprimé d’une manière féroce et sans discernement les populations civiles sans défense qui s’y trouvent”.

Il a souligné que les habitants du camp, qui ont opposé une résistance et fait face aux forces marocaines, sont déterminés à refuser l’intervention par la force. Le chef de la diplomatie sahraouie a affirmé que le Maroc vient de commettre une “aberration” après le discours du roi Mohammed VI dans lequel il a fait montre d’“une agressivité et d’une obstination sans égal”.

Il a exprimé la condamnation par son pays de “la sauvagerie et la barbarie commises par les forces marocaines contre les citoyens sahraouis sans défense”, faisant endosser au Maroc “la responsabilité et les conséquences de ce qui arrivera à la population d’Al-Ayoune et du camp”.

Mohamed Salem Ould Salek a appelé la communauté internationale et les Nations unies, notamment le Conseil de sécurité, à “intervenir pour empêcher le Maroc de commettre le massacre”. Dans le but de cacher cette répression, le Maroc “a expulsé des parlementaires européens, ainsi que des parlementaires espagnols et français et plusieurs journalistes, de la ville de Casablanca et de l’aéroport d’Al-Ayoune”, a indiqué le ministre sahraoui.

N’ayant pas réussi à adouber les Sahraouis protestataires du camp de Gdem-Izik, par l’opération de distribution de lots de terrain à certaines catégories, comme les veuves, les divorcées et les personnes âgées, les autorités d’occupation ont alors opté pour l’usage de la force.

Si une source officielle marocaine a fait état de la mort de 2 personnes et près de 70 blessées suite à l’assaut donné lundi matin par les forces de l’ordre marocaines, le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Salem Ould Salek, a affirmé à l’AFP par téléphone, que cet assaut contre le campement de Gdim-Izik avait fait “des centaines de blessés. Je ne peux pas vous dire encore le chiffre exact, notamment s’il y a eu des morts, mais les hôpitaux sont pleins”.