Les fonctionnaires de l’APN en grève illimitée, Ould Khelifa déstabilisé

Les fonctionnaires de l’APN en grève illimitée, Ould Khelifa déstabilisé
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Le président de l’APN

«L’administration dehors, non à la hogra et à la discrimination, nous demandons que le président Ould Khelifa intervienne», «nous sommes des fonctionnaires et non pas des mendiants», scandaient à haute voix les grévistes.



Du jamais-vu dans l’histoire de l’APN depuis 1977. Le mouvement de grève a sérieusement secoué la deuxième chambre du Parlement.

Les fonctionnaires de l’Assemblée populaire nationale sont montés hier au créneau. Ils ont observé une grève au sein du hall de l’Assemblée populaire nationale pour réclamer l’augmentation des salaires et la révision de leur statut. Ces derniers menacent de poursuivre leur mouvement en cas de non-satisfaction de leurs revendications. «Nous, fonctionnaires, avons décidé de reprendre la grève le 29 janvier 2014 sans interruption jusqu’à la présidentielle», précise un communiqué des grévistes. Durant toute la journée, des voix se sont élevées pour dénoncer l’attitude de l’administration. «L’administration dehors, non à la hogra et à la discrimination, nous demandons que le président Ould Khelifa intervienne», «nous sommes des fonctionnaires et non pas des mendiants», scandaient à haute voix les grévistes.

Ces derniers accusent l’administration de Ould Khelifa de n’avoir pas tenu son engagement. «Le président de l’APN a intervenu pour arrêter le processus de grève du 13 janvier 2014 en chargeant le vice-président Ali El-Hamel d’étudier le dossier des fonctionnaires et répondre à leurs doléances en lui accordant toutes les garanties», indique le même communiqué.

Les fonctionnaires tous corps confondus qui sont au nombre de 800 étaient surpris d’apprendre que le président de l’APN a refusé de signer le dossier relatif à leurs revendications. «L’administration de l’APN qui s’est elle-même dévoilée très faible, étant donné qu’elle obéit passablement aux directives émanant de l’administration du Sénat, déterminée à stopper la progression du dossier des fonctionnaires», explique-t-on dans le communiqué. Ils s’interrogent sur les raisons de ce revirement? Les grévistes accusent ouvertement le président du Sénat d’être derrière ce blocage. «Comme il a procédé à l’augmentation des salaires des sénateurs alors que cette décision a été rejetée par l’APN, le président du Sénat tente de faire pression sur Ould Khelifa pour bloquer cette augmentation», nous a confié une source proche. Pour preuve, notre interlocuteur avance que «sur les neufs membres du bureau de l’APN, huit vice- présidents ont donné leur accord mis à part la vice-présidente du RND, Ourida Kessal qui s’est opposée».

Comme ils accusent également Me Tadinit conseillère chargée du contrôle financier qui a refusé cette augmentation, sous prétexte que le budget de l’APN ne peut pas supporter une telle charge. «C’est faux, le budget de l’APN est largement suffisant au point que l’argent retourne au Trésor, chaque année», assurent des fonctionnaires. Devant l’entêtement de l’administration, les fonctionnaires promettent de ne pas lâcher prise. Les grévistes dénoncent la politique de deux poids, deux mesures. «Des nouveaux recrutés sont mieux placés que nous, alors que nous avons l’ancienneté», se plaint une universitaire rencontrée sur place. Selon elle, l’écart des salaires entre un simple cadre et un cadre supérieur est flagrant. «il est estimé au minimum de 12 millions pour ne pas dire plus», affirme-t-elle en indiquant que «des universitaires qui ont plus de 20 ans de carrière, leur salaire ne dépasse pas les 50.000 DA». Pour les autres fonctionnaires, le salaire de base de certains d’entre eux est inférieur au Smig et ne dépasse même pas les 10.000 dinars. En plus des salaires, les fonctionnaires réclament la révision du statut qui n’encourage pas les promotions. «Pour passer à une autre catégorie, il faut attendre huit ans et avec concours, alors qu’elle était de cinq dans l’ancien statut sans concours», nous explique un des fonctionnaires. Plusieurs députés ont manifesté leur solidarité avec les fonctionnaires. Les députés du PT étaient solidaires avec les travailleurs de l’APN en soutenant leur cause. «Le groupe parlementaire du PT soutient les fonctionnaires de l’Assemblée populaire nationale dans leurs revendications et estime qu’elles sont légitimes et demande l’ouverture d’un dialogue sérieux pour trouver des solutions à ce problème», indique un communiqué du groupe du PT.

Contrairement au PT, la députée du FLN de Batna Amina Benboulaïd a choqué plus d’un. «Vous n’avez qu’à sortir dehors ou démissionner, beaucoup de citoyens sont à la recherche du travail», a-t-elle affirmé à l’adresse des députés. Une déclaration vivement contestée par les fonctionnaires.