Les femmes pompières : Tout feu tout flamme

Les femmes pompières : Tout feu tout flamme

Son diplôme d’ingénieur biologiste en poche, Djamila Ferrah a choisi de s’engager dans les rangs de la protection civile. Derrière son bureau, elle affiche le sourire d’une femme timide et calme, pourtant elle est entraînée à faire preuve de réactivité et de vigueur dans les moments critiques.

Reportage réalisé par Salima Ettouahria

Les premières femmes algériennes sont entrées dans les rangs de la Protection civile algérienne dès les années quatre-vingt-dix. Cela s’est fait d’abord avec le recrutement et la formation de médecins-lieutenants, puis leur nombre connait une progression significative avec le recrutement de candidates diplômées en ingénierie. Aujourd’hui, on compte 1.000 femmes intégrées au sein de la protection. Elles arrivent, à affronter les flammes aussi courageusement que les hommes. «Cela fait plus de sept ans que les femmes pompiers exercent leur métier de la même manière que les hommes », nous confie Sofiane Bakhti, lieutenant de la Protection civile. « Depuis 2005, elles sont soumises aux mêmes conditions de recrutement que les hommes. Elles réussissent même à passer les épreuves d’entrée avec succès. Cela balaie tous les a priori sur la condition féminine », explique notre interlocuteur, qui considère que le rôle de la femme au sein de cette institution est désormais impératif. Lors des interventions, chacun à un rôle attitré. Cela se fait en fonction de la formation, spécification et grade des éléments. La Protection civile d’Alger compte trente-neuf femmes, tout corps confondus. Entre médecins, officiers, sous-officiers et agents pompiers d’intervention. Ces femmes exercent leur métier, à pied d’égalité avec leurs homologues masculins. Pour comprendre le rôle de ces femmes, une visite à l’unité d’intervention d’Alger, s’avère utile. A l’accueil de l’unité, nous sommes accueillis par une jeune femme avec un agréable sourire. « C’est mon épouse, dit un sapeur-pompier. Nous nous somme mariés récemment». La jeune femme en tenue de pompiers, explique que plusieurs femmes pompiers, sont mariées à des hommes du même corps qu’elles. « Je ne suis pas la seule, trois femmes de ma promotion m’ont déjà précédée ». En fait, cela reflète selon elles le grand respect et la compréhension, entre hommes et femmes du même corps de métier.

Troquer son hidjab pour sauver des vies

Son diplôme d’ingénieur biologiste en poche, Djamila Ferrah a choisi de s’engager dans les rangs de la Protection civile. Derrière son bureau, elle affiche un sourire d’une femme timide et calme, pourtant elle est entrainée à faire preuve de réactivité et de vigueur dans les moments critiques. Depuis neuf mois, Djamila est affectée en tant que lieutenant au service SPG. Sa mission principale est de gérer les plans d’intervention des entreprises. Mais cela ne l’épargnera pas d’intervenir pour sauver des vies. « J’ai voulu devenir pompier pour venir au secours des gens, aller au devant de leurs besoins. Cela me permet surtout de me sentir utile», explique-t-elle. Sauver des personnes anonymes la fait tout autant vibrer. « Ça m’apporte une grande satisfaction, surtout lorsque je réussi à mettre hors de danger une victime potentielle », raconte-t-elle, émue. Des contraintes familiales ? Ce n’est pas le cas pour Djamila. « Mes parents m’ont beaucoup encouragé. Ils ont même accepté ma décision de ne plus hidjab. L’une des condition exigées aux femmes pour devenir pompier», confie t-elle non sans fierté.

Pas de répit,mais de la passion

Djamila n’est pas la seule femme à l’unité d’intervention de la protection civile de Zmirli. D’autres qui ont refusé d’adhérer au système « chacun pour soi ». Elles se consacrent pleinement à ce métier. C’est le cas de l’agent d’intervention Hoda. Pourtant mariée, elle avoue ne pas connaître de répit. « Nous avons une astreinte pendant 24 heures sans interruption. Nous avons des manœuvres que nous faisons régulièrement.

Cela prend du temps bien-sûr ». « C’est un véritable investissement, mais même étant mariée, je trouve le moyen pour gérer mon temps entre ma maison et mon travail». Cependant, le machisme des pompiers se fait ressentir parfois. Contrairement à Djamila, Hoda a été confrontée à plusieurs difficultés, au début de sa carrière. La jeune femme admet que certaines tâches lui sont épargnées. « Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas la même force que les hommes. Pour désincarcérer une voiture, par exemple, nous avons plus de mal à porter la cisaille seule (contrairement aux hommes). Lors d’un brancardage, on s’arrange pour porter la partie la moins lourde. Petit à petit, j’ai pu faire ma place. Aujourd’hui, je n’ai aucun problème, j’arrive à faire mon travail le plus normalement.

Zineb, un modèle de dévouement

Pour sa part, Zineb, vingt-cinq bougies à peine soufflées, choisit de consacrer son temps, à aider les autres. Elle considère qu’être sapeur pompier n’est pas une activité réservée à la gente masculine.

Les hommes, comme les femmes font preuve de courage de dévouement et de rigueur. Pour devenir pompier, Il y a cinq formations à suivre, explique Zineb. « D’abord, une formation secourisme, on apprend à faire un massage cardiaque. Puis, une formation à la désincarcération, pour apprendre à secourir au plus vite les accidentés de la route. La formation incendie, consiste à apprendre à exécuter au plus vite un établissement de tuyaux et lances pour éteindre le feu. Mais aussi, tout un panel de formations, comme le puisement d’eau lors d’une inondation, etc.». Une fois formées, ces femmes sont engagées pour 30 ans. Elles y passent toute leur vie. Opérationnelle, Zineb a été au cœur de plusieurs interventions de secours.

Elle a participé à plusieurs manœuvres d’incendie. Elle subit des entraînements sportifs réguliers.

Après trois ans de service, elle estime que le regard de sa famille envers son boulot a en quelque sorte changé. « Ma famille est fière de ce que je fais. Et cela donne sens à ma vie ».

S.E.