Les femmes investissent le secteur du commerce en Algérie

Les femmes investissent le secteur du commerce en Algérie

Le commerce, il y a peu, était une activité quasi masculine. S’il était alors très rare de rencontrer ne serait-ce qu’une simple vendeuse dans une boutique, il est devenu commun, aujourd’hui, de voir une entreprise dirigée par une femme.

« La situation en Algérie a évolué rapidement, plus rapidement qu’on ne le prévoyait en fait. Tous le stéréotypes qu’on avait sont tombés, » déclare à Magharebia Nasreddine Hammouda, statisticien et chercheur au CREAD.

« On s’est rendu compte par exemple que les femmes reprenaient leur travail après le mariage et même après qu’elles aient des enfants. C’est « j’y suis, j’y reste », ajoute-t-il. « La carrière professionnelle est devenue un aspect important de leur vie. Elles gagnent en indépendance sur le plan financier vis-à-vis du mari ou de la famille. »

Une étude du Centre national du registre du commerce (CNRC) publiée en mars 2010 confirme la présence accrue des femme dans le milieu de l’entreprise. En 2009, le nombre de commerçantes a atteint 113 543, contre 105 255 à la fin de l’année 2007. Les femmes représentent maintenant 8.4% de l’ensemble des commerçants sur le territoire. 97% d’entre elles exercent une activité à titre individuel, et 3 728 sont gérantes de société en Algérie.

« Pourquoi le commerce ? C’est le secteur qui se développe. Il y a des opportunités plus grandes. Dans les services, par exemple, on recrute de préférences des femmes pour tous ce qui concerne la relation avec le public car ce sont aussi les femmes qui, généralement, font les démarches et les actes d’achat. Les femmes patrons existaient auparavant, mais le plus souvent elles exerçaient avec des prête-noms. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, » analyse Hammouda.

Ces femmes ont investi principalement les wilayas d’Alger (8%), d’Oran (6%), de Constantine et de Tlemcen (4% chacun). Il y a aussi un nombre significatif d’entreprises dirigées par des femmes à Chlef Batna, Tizi-Ouzou, Sidi Bel Abbes, et Tipaza. Selon le CNRC, ces femmes s’implantent surtout dans le commerce de détail, dans les services pour plus d’un tiers, et dans les artisanats à 10.4%.

Abderrahmane Abdou, chercheur au CREAD, estime que le taux de femmes commerçantes est « logique ». Il dit qu’il  » se situe dans la fourchette des estimations du taux des femmes qui travaillent ».

Cela aurait bizarre s’il s’était situé plus au-delà », déclare-t-il. « L’entreprenariat féminin est actuellement autour des 7%. »

« Aujourd’hui, les femmes sont bien mieux éduquées et elles revendiquent leur place dans la sphère économique et on a remarqué qu’elles s’inséraient plus dans le secteur des services. Ce mouvement est encouragé par les politiques publiques qui incitent à une plus grande intégration des femmes dans la vie sociale et économique », explique Abdou.

 » De plus, on constate que l’arrivée des femmes sur le marché du travail n’est plus conditionnée par l’âge. Avant, les femmes cherchaient un travail avant le mariage puis quittaient leurs emplois quelque temps après. Ce n’est plus le cas. Ces 20 dernières années, il y a eu un bouleversement radical dans la société. Aussi radical qu’inattendu ! »

Il ajoute que « les femmes profitent des opportunités offertes par le marché et des mécanismes d’aide de l’Etat. Les plus éduquées ont pris conscience qu’elles ont un avenir à construire pour une vie plus confortable et plus indépendante, tandis que les moins nanties sur le plan de l’instruction sont mues par la peur de ce que peut leur réserver l’avenir comme mauvaises surprises et veulent s’en prémunir à travers une carrière professionnelle. »

Les algériennes avancent de plus en plus dans le monde du travail. Elles auraient choisi, dans le passé, de devenir médecins, enseignantes ou avocates. Aujourd’hui, plus aucun secteur ne se ferme devant leurs ambitions.