Les femmes dans les assemblées élues : Nos mairies toujours au masculin-pluriel

Les femmes dans les assemblées élues : Nos mairies toujours au masculin-pluriel

Seules quatre femmes ont été élues à la tête des APC. Elles ont du mérite, car elles ont cassé des tabous en réussissant à être élues dans un quartier des plus populaires de la capitale pour l’une et des petites bourgades patriarcales pour les trois autres…

30% et encore…! Les résultats des dernières élections locales ont encore une fois montré la difficulté des femmes algériennes à s’imposer en politique. «Les hommes ont remporté 70% des APW contre 30% de femmes, alors que les hommes représentent 72,46% des élus des APC contre 27,54% pour les femmes», a déclaré le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Nour-Eddine Bedoui en présentant les résultats préliminaires et provisoires des élections locales 2017 organisées, jeudi dernier. Même le quota des 30% imposés par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika avec la loi organique n° 12-01 du 18 Safar 1433 correspondant au 12 janvier 2012, n’a pas été respectée en ce qui concerne les APC. Alors que dire du nombre insignifiant de femmes élues à la tête des APC. Elles ne sont que quatre maires (sur 1541 communes du pays, ndlr), à savoir Habiba Bensalem du FLN élue à El Madania (Alger), Warda Khelifi du RCD élue à Merouana (Batna), Nadira Sadok du FNA à la tête de la commune de Bousfer et Zahia Ben Kara du MSP élue maire de la commune de la petite Chigara (Mila). Des statistiques qui démontrent donc que la fonction de maire est toujours considérée comme étant réservée à la gent masculine. Mais faut-il s’étonner de tels résultats au pays des candidates sans têtes? Il faut rappeler que la campagne électorale avait été marquée par la polémique sur ces candidates sans visages, ou remplacées par des fleurs et des papillons! En plus de ce manque de considération, les partis avaient annoncé la couleur en ne plaçant qu’un petit nombre de femmes à la tête de leurs listes. Est-ce de la misogynie? En fait, le mal est plus profond: les Algériens n’acceptent pas d’être dirigés par une femme. Durant la campagne électorale de ces élections beaucoup de personnes rencontrées ont fait part de leur niet d’élire une femme à la tête de leur commune. Et ce refus catégorique n’est pas que du ressort des hommes, même des femmes ont exprimé leur désapprobation de voir des Anne Hidalgo «made in bladi». Leur argument n’est autre qu’un pseudo hadith religieux qui dit que «Dieu maudit un peuple gouverné par une femme». Mais bien sûr, ils sont incapables de citer la source de ce hadith qui n’a probablement jamais existé. C’est donc culturel, et surtout invraisemblable dans un pays où plus de 34% de femmes occupent des postes de responsabilité, 13% dans le secteur de l’éducation et 66% dans celui de la justice. C’est également un paradoxe dans un pays où les femmes sont chaque année plus nombreuses que les hommes à obtenir leur baccalauréat, et de ce fait à être plus nombreuses à avoir des diplômes supérieurs. En globalité, ces chiffres prouvent une chose: même si la femme algérienne a réussi à se frayer un chemin et à s’imposer dans la société, elle ne l’a pas encore fait dans la politique. Les barrières organisationnelles, culturelles, comportementales, prépondérance des codes masculins et déficit de réseaux, sont donc encore des obstacles pour les femmes afin d’obtenir des postes de gouvernance. L’exemple de ces quatre nouvelles femmes maires est un exemple à suivre. Car, elles ont cassé un tabou en réussissant à être élues là où on les attendait le moins. C’est-à-dire dans un quartier des plus populaires de la capitale pour Habiba Bensalem et des petites bourgades patriarcales, où le travail de la femme fait encore débat, pour les autres. L’élection de Zahia Ben Kara est d’autant plus symbolique du fait qu’elle ait été réalisée sous la couleur d’un parti d’obédience islamiste. En attendant cette «révolution tranquille», on peut affirmer que ce n’est pas demain la veille, qu’on verra une femme présidente de la République algérienne…

Que dit la loi?

L’Avis n° 05/A.CC/11 du 27 Moharram 1433 correspondant au 22 décembre 2011 relatif au contrôle de la conformité de la loi organique fixant les modalités d’élargissement de la représentation des femmes dans les assemblées élues, avec la Constitution stipule:

Les élections des Assemblées populaires de wilayas:

– 30% lorsque le nombre de sièges est de 35, 39 et 47 sièges.

– 35% lorsque le nombre de sièges est de 51 et 55 sièges.

Les élections des Assemblées populaires communales – 30% pour les APC situées aux chefs-lieux des daïras et au sein des communes dont le nombre d’habitants est supérieur à vingt mille (20 000) personnes.

W.A.S.