Une vingtaine de jeunes messieurs qui poussent un simple ballon rond dans des filets ont réussi à bouleverser tout un système, à foutre à la poubelle des codes ancestraux, machistes et rétrogrades, à faire admettre ce qui était inadmissible il y a encore un an, à mettre à genoux ce géant aux pieds d’argile qu’est la société patriarcale et conservatrice algérienne.
Vingt jeunes hommes âgés de 20 à 35 ans nous ont donc permis de déboucher plus de mentalités en un an que tous les combats de la femme algérienne en 30 ans.
Je vois en ces femmes au stade une trappe d’espoir d’où la lumière pourra venir éclairer cet obscurantisme dans lequel les Algériens se sont enfouis, cette cécité mentale dont les jeunes sont atteints depuis leur naissance et qu’il faut absolument combattre si on veut qu’un jour notre peuple puisse avoir les épaules pour se sortir de ce gouffre et de ce marasme de médiocrité et de recul civilisationnel.
J’en fais peut être trop, mais les images de ces femmes au Stade du 5 Juillet le 3 mars 2010 sont à mes yeux plus encourageantes, plus porteuses d’espoir que tout un tas de combats ou d’élections.
Quand on sait qu’il y a tout juste 16 ans Katia Bengana âgée de seulement 17 ans s’est fait lâchement assassiner car elle a refusé de porte un voile ! Aujourd’hui, dans le même pays, ces mêmes personnes, qui pour une partie ont excusé et soutenu ces assassinats au nom d’une folie intégriste, se retrouvent dans un stade avec et sans voile, entourées d’hommes, regardant un match.
Il ne faut pas non plus se faire d’illusions car beaucoup d’Algériens, à l’image de mes collègues (hommes et femmes), trouvent les images des femmes dans un stade immorales et sont persuadés que Dieu va nous punir pour ce comportement, sans parler des petits incidents signalés au stade… Autant dire que la connerie a de beaux jours devant elle dans notre beau pays.
L’Algérie a peut-être perdu ce soir-là 3-0 et a pris du retard par, mais le peuple, lui, a enfin marqué un petit but et va peut être rattraper petit à petit son retard.
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