Les fautes d’orthographe coûtent cher sur Internet, Internet rend-il plus bête ?

Les fautes d’orthographe coûtent cher sur Internet, Internet rend-il plus bête ?

Les fautes d’orthographe sur Internet font perdre beaucoup d’argent aux sociétés de vente en ligne, rapporte BBC News.

Selon l’entrepreneur du Web britannique, Charles Duncombe, une analyse des données rassemblées à partir des sites a permis de démontrer qu’une seule faute d’orthographe pouvait diminuer de moitié les ventes en lignes d’un site. Aux yeux des consommateurs, ces erreurs remettent en cause la crédibilité du site, explique-t-il.

L’orthographe est une question majeure puisque «quand on vend ou communique sur Internet, c’est fait à 99% par écrit». Charles Duncombe souligne que «parfois, ces entreprises high-tech dépendent de savoir-faire d’antan».

La Confédération de l’industrie britannique (CBI) s’est elle aussi inquiétée de la situation. Selon son responsable de la formation, James Fothergill, «trop d’employeurs sont obligés d’investir dans des cours de remise à niveau à destination du personnel». Des recherches récentes ont ainsi montré que «42% des employeurs ne sont pas satisfaits des compétences de base en expression et compréhension écrites de leurs salariés». Pour James Fothergill, le gouvernement doit faire de l’amélioration de ces compétences dans les écoles et les universités une «priorité absolue».

Charles Duncombe dit être «choqué par la qualité médiocre de l’anglais écrit» des candidats à l’embauche qu’il reçoit en entretien. «Certaines personnes utilisent même le langage SMS dans leurs lettres de motivation», s’étonne-t-il. Ces difficultés de recrutement signifient que le secteur du commerce en ligne n’est pas aussi efficace que ce qu’il devrait être. Même pour ceux qui, en apparence, écrivent sans faire de fautes, une fois confrontées à un test d’écriture sans correcteur d’orthographe, leurs lacunes apparaissent.

Un sujet tabou dans l’entreprise

William Dutton, directeur de l’Institut de l’Internet à l’université d’Oxford, explique que sur les sites et services «informels» comme Facebook il y a une plus grande tolérance pour les fautes d’orthographe et de grammaire. En revanche, sur la page d’accueil d’un site de vente ou dans une annonce commerciale, c’est la crédibilité qui est en jeu. L’universitaire explique :«Quand un consommateur se méfie des spams ou du hameçonnage, un mot mal écrit devient une fin de non-recevoir.» Selon Le Figaro, la France n’est pas épargnée. «L’expression écrite des Français laisse à désirer», du coup «les entreprises s’emparent du sujet», rapporte le quotidien. Pascal Hostachy, cofondateur de la société Woonoz qui a créé en 2010 la «Certification Voltaire» pour attester d’un bon niveau d’expression écrite, constate que «le sujet est clairement tabou dans les entreprises» alors que l’envoi de mails «à l’extérieur avec des fautes terribles leur pose un gros problème».

Selon lui, les plus de 40 ans ont un niveau nettement supérieur à celui des moins de 25 ans. Pour Bernard Fripiat, agrégé d’histoire, aujourd’hui coach en orthographe, le niveau n’a pas baissé : «La différence tient au fait que tout le monde écrit. Il y a vingt-cinq ans, les secrétaires et assistantes de direction faisaient tous les courriers. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui avec les mails.» Pour ce Belge, c’est d’autant plus dur à vivre en France : «Avoir une mauvaise orthographe est vécue comme une humiliation quand on est Français».