Les faussaires passent à la vitesse supérieure, La fausse monnaie en hausse avant l’Aïd

Les faussaires passent à la vitesse supérieure, La fausse monnaie en hausse avant l’Aïd

Le trafic de faux billets n’est pas nouveau en Algérie. Mais la cadence des réseaux s’est accélérée ces derniers mois. La raison : l’approche de l’Aïd El Adha.

Une période opportune qui permettra aux faussaires de booster leurs «chiffres d’affaires» en vendant, par exemple, 30 millions de centimes en faux billets contre 10 millions de centimes en vraies coupures de billets de banque, ou, carrément, en écoulant ces faux billets dans les marchés de gros de vente de bétail.

C’est le retour, en force, des faux billets de banque. En l’espace de huit mois (entre janvier et août), les services de sécurité, des deux corps confondus (Police et Gendarmerie), ont traité plus de 300 affaires de fausse monnaie ayant permis la récupération de plusieurs milliards de centimes, tous en faux billets et l’arrestation de plus de 100 faussaires. En effet, les experts de la police scientifique et technique de la DGSN ont traité 163 affaires de faux billets entre mars et août dernier.

De leur côté, les experts de la Gendarmerie nationale ont traité, au cours de la même période, 154 affaires. Retour sur cette activité ravageuse des faussaires. Avant tout, il est utile d’expliquer le phénomène des faux billets en Algérie. Comment les réseaux arrivent-ils à produire autant de faux billets ? Comment font-ils pour les écouler ? Et quels sont les profils de ces derniers ? Pour commencer, il est utile de donner une petite idée sur le trafic de faux billets en Algérie.

En 1993, les services de sécurité algériens avaient traité, pour la première fois dans leurs annales, une grosse affaire de trafic de faux billets, à Alger. A l’époque, les faussaires avaient fabriqué de faux billets de 100 DA. C’était le signal de départ d’un grand trafic de fausse monnaie. Depuis, des réseaux spécialisés dans le trafic de faux billets de banque avaient essaimé à travers plusieurs villes du pays, pour s’enrichir.

De la même manière les services de sécurité avaient réussi, à travers les enquêtes diligentées, à démanteler des centaines de réseaux. Le fléau s’est étendu depuis, pour passer, cette fois-ci, hors du territoire national avec la naissance de nouvelles filières en France, au Maroc et en Italie. Le trafic international de faux billets de banque en dinars est devenu monnaie courante pour certains réseaux, comprenant des étrangers.

Bien entendu, il s’agit du crime organisé ; le fait de mobiliser de gros moyens, humains et matériels, pour fabriquer de faux billets en dinars en grosses quantités et recruter des Algériens pour finir le «boulot», cela entre dans le cadre de la criminalité organisée.

Pour mieux expliquer comment ces réseaux internationaux se sont intéressés à la fausse monnaie en dinars, nous allons parler de quelques affaires traitées, au départ, en Algérie avant d’être conclues par les services de sécurité des pays étrangers.

EN FRANCE ET AU MAROC DES RÉSEAUX ONT INVESTI DANS LES FAUX DINARS

Le 18 avril 2009, la police lyonnaise avait découvert une importante affaire de fabrication de faux billets en fausses coupures de 1.000 dinars. C’est ainsi qu’un réseau avait été démantelé lors d’un coup de filet de la police française (police judiciaire de Lyon et de Marseille) qui avait permis d’interpeller près de 200 personnes, dont des Algériens qui avaient été recrutés par des faussaires français pour des missions bien précises. Elles ont été toutes mises en examen.

Des centaines de millions de dinars en coupures de faux billets de 1.000 dinars avaient été découvertes à l’intérieur d’une mystérieuse usine située en pleine forêt en Seine-et-Marne, à Paris.

Ces faux billets de banque de 1.000 DA avaient été fabriqués pour être destinés en Algérie. A cette époque, une source de la Banque d’Algérie avait confirmé que ces faux billets étaient fabriqués spécialement pour être écoulés sur le marché algérien. Cette fabrique de faux billets était une vraie passoire pour Alger.

Passons au Maroc, plus précisément à Oujda où le trafic de faux dinars algériens avait permis à beaucoup de Marocains de devenir richissimes. Des ateliers clandestins, là où généralement le cannabis est fabriqué, ont été détournés de leur vocation pour devenir des «usines» où l’on fabrique les faux billets de 1.000 DA. C’est à partir d’enquêtes menées par les services de sécurité que, fort heureusement, les réseaux marocains avaient été identifiés. Chose qui avait permis, durant les années passées, la baisse des activités de ces réseaux.

EN ALGÉRIE, LA CHASSE AUX FAUSSAIRES S’ACCÉLÈRE À LA VEILLE DE L’AÏD

Chez-nous, on assiste ces derniers temps à une forte activité des réseaux qui, soudain, se sont rabattus sur le trafic de faux billet après une accalmie de plusieurs mois. Cette hausse s’explique par l’approche de l’Aïd El-Adha.

Une aubaine permettant aux faussaires de s’enrichir d’un seul coup en écoulant des sommes faramineuses de faux billets de 2.000 et 1.000 DA. A Dar El-Beïda, dans la banlieue algéroise, le démantèlement d’un réseau en juillet dernier, a permis la saisie de milliards de centimes en fausses coupures de 2.000 et 1.000 DA par les policiers.

Cette enquête menée par la police judiciaire relevant de la DGSN avait permis de faire la lumière sur l’activité frauduleuse et dangereuse de ressortissants africains. Ces derniers, au nombre de dix, dont des Maliens et des Nigériens ont été identifiés suite à leur implication dans cette affaire. Ils ont été interpellés avec des faussaires algériens, avec lesquels existait une relation étroite.

A Aïn-Témouchent, les gendarmes ont traité en juin passé, une grosse affaire de faux billets, à l’issue de laquelle, plusieurs milliards de centimes de faux billets ont été saisis. Outre cette grosse somme, les gendarmes ont réussi à arrêter six membres du réseau. Il s’agit de A. B., 53 ans, K. F. 58 ans, H. A. A., 41 ans, S. B., 61 ans, D. M., 36 ans et de S. A., 51 ans.

Quant à S. B., 61 ans, le septième faussaire qui a pris la fuite, il demeure activement recherché. Dans le cadre de l’enquête, en dehors de la saisie des faux billets, les gendarmes ont saisi une importante somme d’argent évaluée à 5 milliards et 163 millions de centimes en monnaie nationale et 25.550 euros qui représentent une source de revenu illégal de ce trafic de faux billets et qui ont été remis à la Banque d’Algérie.

Dans le même sillage, trois véhicules de luxe ont fait l’objet d’une saisie dont une Mercedes, une BMW dernier modèle, une Peugeot 406, un camion Sonacome ainsi qu’un équipement sophistiqué composé de trois appareils servant pour le trafic de faux billets.

Lotfi Hadji