Les familles des hadjis disparus s’accrochent

Les familles des hadjis disparus s’accrochent

Est-il encore concevable que plus d’un mois après la bousculade de Mina, en Arabie Saoudite, on reste incapable de fournir le nombre exact des victimes du drame ?

Des dizaines de familles d’Algériens n’ayant pas encore donné signe de vie à ce jour sont toujours dans l’expectative. Les bilans contradictoires que l’on ne cesse de communiquer ici et là alimentent la polémique donnant quand même un tant soit peu d’espoir aux proches des hadjis toujours introuvables, sachant qu’ils continuent pour beaucoup d’entre eux à compter sur le seul fil conducteur mis à leur disposition par les autorités.



Partagés entre l’espoir de revoir leurs proches revenir et se résignera faire définitivement le deuil, les proches des hadjis disparus restent persuadés, pour nombre d’entre eux, que beaucoup de zones d’ombre subsistent autour de la tragédie, comme si l’on voulait leur cacher la vérité.

Certains sont allés jusqu’à confirmer qu’ils ont réussi à joindre leur proches bien après la bousculade avant que le contact ne soit rompu les jours suivants, ce qui semble peu ordinaire. En effet, certaines familles ont confirmé avoir réussi à joindre leurs parents hadjis à la Mecque bien après le drame ou encore d’autres avaient pu s’enquérir sur la santé des leurs au cours de leur hospitalisation mais par la suite, ils ont été portés disparus.

La cellule de crise interministérielle, seul canal en lien avec la mission algérienne sur place, a revu encore une fois en hausse le nombre des victimes. Un communiqué diffusé jeudi fait en effet état de 39 morts, 7 blessés et 9 hadjis toujours portés disparus.

La cellule de crise du ministère des Affaires étrangères, en coordination avec celle du ministère des Affaires religieuses et des Waqf, avait-on annoncé dans la missive, « continue de suivre les conséquences de la catastrophe de Mina sur nos hadjis, en contact permanent avec le consul général et les membres de la mission « .

La mission médicale sur place a intensifié son travail en vue de localiser et identifier les victimes algériennes de la catastrophe au niveau des cliniques et des hôpitaux notamment à La Mecque, Djeddah, Riyadh et Taef, avait-on annoncé par ailleurs.

Les autorités saoudiennes se refusent à donner des détails sur la catastrophe, se contentant de mentionner le chiffre 2 000 morts, dont un nombre assez important n’a pu être identifié en raison notamment de l’absence de tout signe distinctif (beaucoup de hadjis avaient perdu leurs bracelets lors de la tragédie), avaient précisé les autorités saoudiennes.

« A ce jour, les autorités saoudiennes, qui ont démenti les informations diffusées sur les réseaux sociaux et certains médias, n’ont publié aucune liste officielle des décès dus aux catastrophes de Mina et de la Mecque (accident de la grue) ; elles s’apprêtent, selon certaines sources, à le faire par le canal du ministère saoudien des Affaires étrangères dans les prochains jours », souligne la même source.

Cela au moment où diverses sources ne cessent de mettre en avant des chiffres beaucoup plus importants. Ainsi, les réseaux sociaux, autres moyens de communication sur lequel se sont rabattues aussi les familles des hadjis disparus, donnent le chiffre de 80 hadjis algériens décédés dans les deux tragédies de Mina et de la Mecque (accident de la grue dont le chiffre officiel avait fait état de deux morts et 12 blessés).

Un immense réseau s’est en effet tissé entre proches et familles des victimes où la moindre piste est exploitée pour tenter de « dénicher » la moindre information pouvant aider à retrouver une trace du parent disparu. Via ce moyen, quelques-uns ont tout de même réussi à avoir des nouvelles, pour certains, malheureuses.

C’est le cas d’une hadja originaire de Constantine, décédée à Mina. Bien que soulagés, tous les membres de la famille Aïssani n’ont pu cacher leur peine de n’avoir pas pu jeter un ultime regard sur la dépouille de leur défunte maman, hadja Zohra. Elle avait 62 ans.