SOS Disparus se demande si l’Etat met effectivement en œuvre tous les moyens légaux à sa disposition pour localiser les personnes disparues, comme il est censé le faire en vertu de l’ordonnance portant application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.
Une trentaine de familles de disparus s’est rassemblée hier devant l’entrée de la maison de la Presse pour exiger la vérité sur la disparition de leurs fils durant les années 1990. Les manifestants, dans leur grande majorité des femmes, ont organisé pendant plus d’une heure un sit-in, criant leurs slogans habituels et affichant les photos de leurs disparus.
Ces familles sont venues principalement de cinq wilayas du centre du pays : Alger, Cherchell, Médéa, Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira.
L’un des organisateurs a expliqué que la faible participation des familles à ce rassemblement est due «au manque de moyens financiers» des familles, lesquelles «ne peuvent assumer leurs déplacements trop coûteux». Selon ce responsable, les familles ayant été indemnisées par l’Etat «commencent à rejoindre le mouvement et réclament la dépouille de leurs fils ou parents disparus».

L’association SOS Disparus a également rendu public hier un communiqué dans lequel elle s’insurge contre les propos de Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale des droits de l’homme, le 18 mars au forum d’El Moudjahid à travers lesquels il avait affirmé que, faute d’archives et de témoignages, «la demande de vérité des familles des disparus est irréalisable en pratique». SOS Disparus reproche au président de la CNCPPDH d’être le porte-parole du gouvernement en «osant conseiller aux familles de tourner la page». Cette association affirme que «les archives existent».
En témoigne la correspondance adressée par SOS Disparus au président du CNCPPDH le 2 juin 2004 et portant accusé de réception de ladite commission dans laquelle une liste de 29 noms figurent avec leurs dossiers respectifs à savoir l’état civil du disparu, les auteurs de l’enlèvement, les circonstances de l’enlèvement et les témoignages sur l’enlèvement.
Pour étayer ses propos, l’association SOS Disparus relève qu’en 2007 la CNCPPDH indiquait dans un rapport (officiel) que «le chiffre de 7 200 disparus, fourni par la Gendarmerie nationale, est le plus fiable». Ce qui prouve bien, selon cette association, que «l’Etat détient des informations sur les disparus». De plus, SOS Disparus affirme aussi disposer «de plusieurs milliers de témoignages décrivant les circonstances et les noms des responsables de l’arrestation, les noms de témoins, des lieux de détention, des moyens de procéder et de faire disparaître».
Le communiqué ajoute qu’en 2004, SOS Disparus avait remis à la CNCPPDH «une série de dossiers extrêmement circonstanciés, citant des témoins, reprenant le nom d’agents ayant procédé aux arrestations et toutes les démarches effectuées devant la justice».
Pourtant, ajoute l’association présidée par Yous Fatima, «l’Etat algérien a délivré des milliers de constats de disparition sans que la famille ait été associée aux supposées recherches et sans qu’un seul disparu ait été retrouvé, ce qui amène à dire que les investigations les plus élémentaires n’ont pas eu lieu».
Mahmoud Tadjer