Comment convaincre le patient algérien, sans hésitation aucune, à recourir au médicament générique ? Une question qui, en plus de l’organisation des salons et des campagnes de sensibilisation, nécessite aussi de faire la chasse aux idées reçues.
Telle est la certitude de spécialistes du médicament, qui se sont exprimés, dimanche, lors du Salon international du médicament générique qui a fermé ses portes, hier, à la Safex. Le premier à s’être exprimé sur la question est le représentant du laboratoire Salem. Le Dr Zaher rassure que les produits qu’ils mettent sur le marché n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque requête. « Je ne vois pas pourquoi les patients refusent de prendre le générique, alors qu’il a les mêmes qualités que le princeps », a-t-il indiqué. Pour appuyer ses propos, il assure qu’« il y a toute une chaîne de suivi et de contrôle qui accompagne la production et le parachèvement générique ». Notre interlocuteur affirme que l’Etat, à travers le ministère de la Santé et ses laboratoires de référence, accorde une très grande importance aux cahiers des charges signés par les différents producteurs. Pour sa part, M. Faïdi du laboratoire Sophal indique que la grande majorité des médicaments qu’ils produisent sont similaires en matière d’efficacité et de tolérance aux produits fabriqués par les grandes sociétés internationales. « Les patients ne doivent pas avoir une idée négative des génériques. Ils doivent, d’abord, essayer le produit », a-t-il souligné. Sur la même lancée, Lazhar Zakaria de Pharma Labo, dit que « beaucoup de personnes ont des idées reçues négatives sur le générique. Au lieu de prendre une molécule mère à des coûts faramineux, le malade se pose la question quand le pharmacien lui propose des produits génériques aux prix beaucoup plus inférieurs que la moitié du princeps ». Il résume en substance : « Le prix ne veut pas dire forcément qualité ». Sans donner plus de précision, il affirme qu’il existe des « pseudo laboratoires » qu’il est impératif de fermer. « Il y a des génériques qui bénéficient d’un traitement bioéquivalence qui est le bon générique. Malheureusement, il y a d’autres qui donnent une mauvaise réputation », a-t-il souligné. Nazim Hamdad, directeur des achats au niveau de Chemical Farma, précise que le générique est un produit qui est fabriqué par rapport à une référence de princeps qui est la molécule originelle, inventée et qui a fait preuve d’efficacité. « Pendant les 15 dernières années, les produits sont vendus avec tous les coûts de revient comme la recherche, les développements, les essais cliniques. Une fois que le brevet tombe dans le domaine public, les génériques deviennent une copie identique au princeps », explique-t-il. Selon ses propos, 90 % des génériques produits en Algérie sont faits, selon des normes internationales et ont déjà fait leurs preuves. Pour la réussite d’un générique, M. Hamdad estime que celui-ci devrait être commercialisé sous le label de la molécule mère. Pour ce qui est de la différence de coûts entre le générique et le princeps, notre interlocuteur affirme que le générique est moins cher, « car il a déjà bénéficié du coût de la recherche de princeps ».
Le générique ne se démode pas
Avant que le médicament ne tombe dans le domaine public, il faut une durée de 15 ans. Mais pendant cette période, d’autres molécules mères pour traiter les mêmes maladies voient le jour à travers le monde. M. Hamdad précise que les médecins ne passent pas directement à la nouvelle molécule. « Si le générique donne satisfaction sur le corps d’un patient, alors pourquoi opter pour un nouveau médicament que nous ne connaissons pas assez », s’interroge-t-il. Le représentant de Chemical Farma précise qu’il y a des médicaments qui ont plus de 70 ans d’existence et sont toujours efficaces. « Passer à la nouvelle molécule n’est pas forcément la bonne solution », fait-il savoir. Pour lutter contre les idées établies, nos intervenants conseillent les laboratoires de faire la promotion des produits génériques en se basant sur la communication pour convaincre sur le plan mental. Ils évoquent, également, l’apport de l’Etat qui doit jouer son rôle pour réduire la facture d’importation du médicament. Le rôle des médecins et des pharmaciens (qui ne doivent pas être de simples commerçants) contribue de manière efficace à la promotion du générique et ce, en luttant contre les idées reçues.
Abbas Aït Hamlat