Les exportations d’hydrocarbures reculent,L’Algérie perd la moitié de ses recettes

Les exportations d’hydrocarbures reculent,L’Algérie perd la moitié de ses recettes

Même les recettes des hydrocarbures ont baissé de la moitié

L’excédent de la balance commerciale s’est établi à 8,54 milliards de dollars pour les 7 premiers mois de 2013 contre 15,70 milliards de dollars pour la même période en 2012.

La saignée se confirme. Les recettes engrangées grâce aux exportations d’hydrocarbures fondent comme neige au soleil alors qu’aucune autre alternative ne s’offre à l’économie nationale hormis l’exploitation de l’or noir et du gaz. «Les exportations algériennes ont baissé de 7% des recettes d’exportations des hydrocarbures, qui se sont chiffrées à 40,18 mds de dollars durant les sept premiers mois de 2013, représentant plus de 96% des ventes globales du pays à l’étranger» indiquent les chiffres livrés par le Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (CNIS) tandis que les importations qui tendent à exploser «se sont maintenues en hausse jusqu’à juillet, atteignant 15,79% à 33,04 mds de dollars comparées à la même période de l’année passée» ajoute la même source. Ce qui s’est soldé par une perte des recettes en devises de près de moitié.

Cette baisse significative de l’excédent de la balance commerciale de l’Algérie durant les sept premiers mois de l’année inquiète. Plusieurs facteurs y ont contribué. Elle est due essentiellement, selon l’expert économique Abderrahmane Mebtoul, à la récession qui a sévi en Europe jusqu’au début juillet. Elle a entraîné une baisse importante d’achat de pétrole et de gaz.

Plusieurs facteurs y ont contribué. La concurrence du gaz de schiste du Dakota (Etats-Unis), doté de la même teneur que le pétrole algérien, dont les prix ont baissé de quelques points pour ne pas perdre des parts de marché, n’est pas étrangère à la baisse de quelques cents sur le prix du brut algérien destiné surtout à l’industrie de transformation. La situation sécuritaire en Libye, qui a eu un impact négatif sur la production de pétrole du pays, de même teneur que le pétrole algérien, c’est-à-dire léger et destiné à la production de kérosène, a également influé sur le climat du marché mondial explique le professeur Mebtoul.

«On ne peut plus continuer dans cette optique!» s’est-il exclamé. La chute des exportations d’hydrocarbures de près de moitié, la recommandation de tenir compte des leçons du passé, la nouvelle mutation géostratégique mondiale, l’alternative à l’après-pétrole…sont autant de paramètres à considérer dans la transition économique que vit notre pays. Mebtoul citera l’expérience positive de la Chine ainsi que celle de l’Indonésie, pays musulman qui figurait parmi les plus grands exportateurs d’or noir dans le monde, il y a dix ans, qui est devenu aujourd’hui pays importateur de pétrole.

Mebtoul n’a pas manqué non plus de citer les niveaux des importations qui ont atteint tous azimuts quelque 60 mds/dollars en 2013, auxquels il faut ajouter 12 mds/dollars des services contre à peine 2 mds en 2010 sans oublier les profits des sociétés légales engagées dans notre économie. «Comment faire face à cette crise annoncée lorsqu’on sait que Sonatrach n’a exporté que 60 à 65 mds/dollars en 2013?» s’est interrogé l’expert pour qui «la catastrophe qui nous attend est celle d’être contraints de puiser dans les réserves de change».

Avec moins de 01% des réserves mondiales de pétrole et la hausse constante de la consommation, a précisé notre interlocuteur, notre pays n’aura «plus de pétrole en 2020/2024, sauf nouvelles découvertes». Pour ce qui est de la consommation énergétique effrénée, il citera le doublement de l’alimentation en gaz des turbines électriques par Sonelgaz pour atteindre 2.000 mds/m3 au mois de février 2013 ou encore les augmentations de salaires incontrôlées.

Le «vrai problème» selon lui, «réside dans la gouvernance et la corruption». Cette dernière, dit-il, a «démobilisé tous les Algériens, y compris nos enfants qui nous demandent pourquoi étudier alors que tout le monde s’enrichit autrement? C’est grave!» conclut-il en considérant que la «moralisation de la vie doit être rétablie, après l’immobilité qui a atteint le sommet de l’Etat tombé en décadence».