Les explications de Bouazza «J’ai couru au chevet de mon père très malade»

Les explications de Bouazza «J’ai couru au chevet de mon père très malade»
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Après les propos graves du club d’Omonia Nicosie consécutifs au départ soudain d’Hameur Bouazza en France, sans les prévenir, les dirigeants du club chypriote, qui parlent de résiliation de contrat concernant le joueur de l’équipe nationale pour abandon de poste, s’interrogeaient même dans la presse locale sur d’éventuelles poursuites auprès de la FIFA pour obtenir des compensations financières.

Nous avons cru bon de prendre contact directement avec l’intéressé pour qu’il nous donne sa version de cette affaire. Malgré la situation difficile qu’il traverse, l’auteur du but victorieux face à la Côte d’Ivoire a accepté de nous parler, alors qu’il se trouvait à l’hôpital au chevet de son père très malade.

– Salam alaykoum Hameur et bon Ramadhan à vous ainsi qu’à toute votre famille qui vous entoure, même si les circonstances sont difficiles pour vous en ce mois sacré…

– Alaykoum essalam. Je profite de l’occasion que vous me donnez tout d’abord pour souhaiter un bon Ramadhan à tous les Algériens en particulier et à tous les musulmans en général. Même si pour ma famille et moi, avec les graves problèmes de santé que traverse mon père, ce n’est pas vraiment la joie comme habituellement, mais il faut toujours dire el-hamdoulilah.

– Ce sont donc les problèmes de santé de votre père qui vous ont fait quitter subitement votre club pour venir à Paris…

– Oui, c’est exactement cela. Je venais de disputer un match amical dimanche avec mon club d’Omonia Nicosie, puis après le match, mon téléphone sonne et je reçois un appel me disant que mon père venait d’être hospitalisé d’urgence et dans un état très grave. Je n’ai pensé à rien d’autre, j’ai couru vers l’aéroport et j’ai pris le premier vol pour Paris en ne pensant qu’à arriver à son chevet à temps pour l’aider à se battre.

– Au nom de tout l’effectif de Compétition et des lecteurs de notre journal nous lui souhaitons un prompt rétablissement incha Allah et nous vous apportons notre total soutien…

– C’est très gentil à vous. C’est un battant et il se battra comme il l’a toujours fait au cours de sa vie incha Allah.

– Comprenez-vous que votre club ait été irrité par le fait de ne pas avoir été prévenu de votre départ et des raisons de celui-ci ?

– Honnêtement et à tête reposée, je comprends tout à fait que mon club soit irrité par le fait que je n’ai prévenu personne. Je suis désolé si j’ai affecté les dirigeants ou gêné de quelque manière que ce soit. Mais à ma décharge, au moment où cela s’est passé, je n’étais plus dans le rationnel. Vous recevez un appel qui vous dit que votre père est dans un état critique, vous ne pensez qu’à une chose, c’est le rejoindre le plus vite possible. Cela se passe très vite, tout s’effondre autour de vous. Il ne s’agit plus de football là, ni d’un jeu ou d’un métier quelconque. Il s’agit de mon père, celui qui m’a élevé et grâce à qui je suis ce que je suis aujourd’hui. La santé de ma famille passe avant tout. J’ai commis certes une erreur, mais j’avais des circonstances atténuantes.

– C’est vrai qu’il s’agit d’un cas de force majeure…

– Vous croyez vraiment que dans une circonstance pareille, vous pouvez vous concentrer sur le foot, sur l’entraînement et la tactique alors que votre père est dans un lit d’hôpital à des milliers de kilomètres d’où vous êtes. Moi, je ne le peux pas en tout cas. Je compte m’expliquer avec mes dirigeants en détail et je pense que tout rentrera dans l’ordre.

– Avez-vous suivi les dernières déclarations de vos dirigeants concernant votre départ pour Paris ?

– Non, je n’ai rien suivi du tout. Depuis mon arrivée, je suis au chevet de mon père. Que disent-ils ?

– Ils parlent de résiliation de contrat, voire de poursuites…

– Je ne suis pas au courant mais si ces propos se révélaient suivi de faits, cela serait regrettable car j’ai toujours été un joueur au comportement professionnel. Vous pouvez vous renseigner auprès des clubs par lesquels je suis passé, même lorsqu’il y avait des problèmes, mon comportement a toujours été exemplaire. Encore une fois, je reconnais mon tort de ne pas avoir prévenu mais j’invoque ma bonne foi. Je ne suis pas parti faire une fugue ou faire la bringue, j’ai couru au chevet de mon père, hospitalisé d’urgence dans un état très grave. Si la même situation se reproduisait demain, je réagirais de la même manière car dans ces moments-là, on ne pense plus à son travail et au football, on ne pense qu’à l’être cher qui a besoin de vous.

– Hameur Bouazza souhaite poursuivre à l’Omonia Nicosie et que ce malentendu se dissipe ?

– Exactement, je suis bien dans ce club qui est un club familial et donc être proche de ses joueurs dans les bons comme dans les mauvais moments. Je suis sûr qu’ils comprendront la situation. S’ils ne la comprennent pas, tant pis car moi je suis de bonne foi, je ne suis pas un tricheur, ni un menteur, et entre la santé de ma famille, et de surcroît celle d’un de mes parents et le football, mon choix est fait.

– Merci Hameur Bouazza et encore une fois prompt rétablissement à votre père incha Allah…

– Merci beaucoup, bon Ramadhan à tous les Algériens, et je demande tout le monde de prier pour la guérison de mon père incha Allah. Saha f’tourkoum.

M. B.

Omonia établit un communiqué : «Bouazza a jusqu’à vendredi pour se présenter et faire des excuses»

l Hier, les responsables de l’équipe chypriote ont fait un communiqué dans lequel ils adressent carrément un ultimatum à l’international algérien suite à son départ sans avoir averti le club : «Suite au départ sans préavis de Hameur Bouazza, le club d’Omonoia Nicosie a fait un écrit au joueur afin de lui demander de présenter ses excuses au conseil de discipline ce vendredi à midi. Le club a aussi informé le joueur des conséquences de son départ et son comportement. Dans le cas où le joueur ne se présenterait pas ce vendredi, Omonoia va saisir la FIFA officiellement contre le joueur. Le club a aussi informé la Fédération chypriote, la Fédération algérienne ainsi que la FIFA.»

Moussa Bouazza (le grand frère d’Hameur) :«Mon frère a réagi en être humain»

Moussa Bouazza, le grand frère d’Hameur, qui se trouvait aussi auprès de son frère cadet, au chevet de leur père, a accepté de nous donner aussi ses impressions. Moussa nous a déclaré : «Mon frère Hameur a réagi en être humain. Lorsqu’il a appris la nouvelle, il n’a pas pensé au code du travail, à l’éventuelle amende qu’il allait prendre ou à d’éventuels problèmes. Il n’a pensé qu’à rejoindre le plus vite possible son père qui se battait seul, en France, contre les graves problèmes de santé qui le frappaient. Il n’y a pas que Hameur, nous tous, ses frères et sœurs, en apprenant la nouvelle, avons tous quitté subitement notre travail pour rejoindre notre père à l’hôpital, et nos patrons, qui ne devaient pas être enchanté, ont compris la situation et nous ont même assuré de leur soutien car il s’agit d’un cas de force majeure. Si les dirigeants de l’Omonia Nicosie ne sont pas capables de faire preuve d’humanité, c’est grave. Car personne n’est à l’abri de la maladie et ce qui nous frappe peut arriver à n’importe qui. Mon frère a fait passer sa famille avant le football, avant sa carrière et avant l’argent, cela nous rend ma famille et moi plus fiers encore de lui que lorsqu’il a marqué face à la Côte d’Ivoire, ou bien lorsqu’il a serré la main du président de la République. Cela veut dire que mon père et ma mère ont bien fait leur travail.»

M. B.