Réunis à Blida à l’initiative de la Fondation Filaha Innove, les professionnels de l’agriculture et de l’agro-industrie ont tenté d’évaluer et d’expliquer, durant la journée de mardi dernier, qu’il n’est pas facile de concrétiser l’idée de valoriser le label Algérie et d’appeler à consommer algérien.
C’est lors d’une conférence de presse organisée, au club hippique de Blida relative à la 15e édition du Sipsa Agrofood – celle-ci organisera le Salon international de l’élevage de l’agroalimentaire et de l’agroéquipement qui aura lieu à la Safex (Alger) du 14 au 17 mai prochain sous le thème « Valorisation des produits agricoles pour que l’agriculture soit le fer de lance de l’industrie agroalimentaire » – qu’ils, ont estimé que la promotion des produits algériens n’est pas une mince affaire.
C’est d’abord le Dr Amine Bensemmane, président de la Fondation Filaha Innove, qui est intervenu pour démontrer la nécessité de protéger le secteur de la production. « Néanmoins, la matière première des jus est importée à 90 % alors que nous nous trouvons à Blida, une région agricole et agroindustrielle.
Je trouve cela scandaleux », s’est écrié Bensemmane. Un autre expert en valorisation des produits agricoles et membre de la même fondation n’y est pas allé avec le dos de la cuillère lors de son intervention, affirmant que la terre a été, durant au moins deux décennies, abandonnée en termes de production quantitative et qualitative.
« Ce qui a fait que l’Algérie a perdu sa tradition agricole et, par conséquent, est un pays dépendant dans le domaine de l’agriculture », a dit Hadj Henni. Ce même expert a réfuté l’idée qu’une région comme la Mitidja ait toujours été le fer de lance de la qualité de l’agriculture algérienne et le noyau de l’industrie agroalimentaire, alors que le pays importe pour les besoins d’une population de 40 millions d’habitants.
Il a ajouté : « Tous les ingrédients, arômes, colorants et intrants sont des acides importés ». Dans son allocution ayant pour thème « La segmentation des filières et la spécialisation/la sécurité sanitaire des aliments et du consommateur », le Dr Nacer Idres a tiré la sonnette d’alarme sur la chaîne de production de la viande blanche, déclarant que cette dernière est complètement délabrée.
« La filière de la viande blanche est totalement délabrée et jamais structurée », a déclaré cet autre expert. Pour appuyer sa déclaration, le Dr Idres a évoqué l’exemple du Maroc qui « n’a pas les moyens que possède l’Algérie, mais qui est très organisé ». Il a rappelé que ce pays établit, quand il y a un danger quelconque, un BSA (Bulletin agricole spécial).
Il a soutenu, d’un autre côté, le fait que pour 1 kg de viande de poulet, les normes exigent 2 kg de maïs, alors que chez nous, le producteur de cette viande consomme 3,5 kg de maïs pour le même résultat. C’est-à-dire 1 kg de poulet. « Nous constatons que 1,5 kg de maïs est ainsi gaspillé alors qu’il est acheté en devises. Donc il est temps de se spécialiser » a-t-il précisé.
Le dernier intervenant de cette rencontre avec les experts agricoles et les représentants de la presse a été le Dr Karim Rahal de l’association Torba, expert lui aussi. Ce dernier a mis l’accent sur la notion de « 2015, année de la terre », décrétée par l’ONU. Il a abordé le thème de l’agro écologie et a expliqué que les terres agricoles algériennes sont complètement dégradées à cause de la monoculture et de l’absence d’une diversité agricole.
Il a également mis en cause l’utilisation abusive de pesticides, lesquels appauvrissent les terres. « Les pesticides peuvent rester dans la terre jusqu’à au moins un siècle », a tenu à souligner cet expert qui a conclu son intervention en rappelant que « la terre est un organisme vivant qu’il faut respecter ».