Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, annonce un éventuel retour à «l’endettement extérieur», les experts contestent.
Au moment où tout le monde croyait que le gouvernement de Abdelmalek Sellal, maîtrise la situation économique du pays, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, an-nonce un éventuel retour à «l’endettement extérieur» pour le financement des programmes d’investissement.
L’idée balancée par le grand argentier du pays fait irruption sur la scène publique et suscite un débat houleux au milieu des experts, chercheurs universitaires, hommes politiques qui ont exprimé leur inquiétude. Ils alertent le gouvernement contre les répercussions et les retombées d’une telle décision sur l’avenir du pays.
Le ministre des Finances, quant à lui, continue de défendre son idée et affirme que le recours à l’endettement extérieur «n’est pas un tabou, et que l’endettement en lui-même ne pose pas de problème». L’annonce de Benkhelfa est contestée par la majorité des experts qui n’arrivent pas avaler la pilule de l’endettement extérieur et insiste sur les capacités du pays de surmonter et de résister face à cette situation.
Pour apaiser les esprits et encadrer le débat, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, annonce la préparation par son gouvernement d’un nouveau modèle économique, dont les grandes lignes seront présentées lors de la prochaine tripartite, programmée pour le début du mois de juin prochain.
L’économiste, Malek Serrai, s’est dit «étonné» par la déclaration du ministre des Finances. Pour ce dernier, un pays qui dispose de 140 milliards de dollars de réserves de changes, et un potentiel naturel et humain important peut éviter le recours à «l’endettement extérieur». Il estime que le gouvernement «s’est précipité pour annoncer une telle décision qui n’est pas en faveur de l’Algérie».
L’application d’une telle mesure «va affaiblir la position de l’Algérie dans la négociation des contrats de partenariat, mais c’est aussi une menace directe à la souveraineté du pays».
De son côté, Mohamed Réda Mezoui, directeur du Laboratoire de recherches dans les politiques publiques à l’université d’Alger, estime pour sa part, que le moment est bien propice pour saisir les occasions de partenariats gagnant-gagnant avec les pays du Brics, tout en s’interrogeant sur les motifs d’un recours à une telle option.
L’annonce de Benkhelfa rappelle aux Algériens les années de disette, celles de 1990, marquées par une chute des prix du pétrole sur le marché international, dont les retombées furent néfastes sur leur quotidien: licenciement des travailleurs par milliers, fermeture des usines, cherté de la vie, etc. Certes, le recours à l’endettement extérieur se précise, mais les finalités d’une telle annonce, en ce moment même, ne sont pas connues.
Enfin, la question qui se pose: le gouvernement est-il en train de préparer l’opinion publique à une nouvelle ère ou bien le pays va droit dans le mur. Il faut donc attendre la prochaine tripartite pour savoir ce que le gouvernement va décider.