Les étudiants remettent une lettre au Président

Les étudiants remettent une lettre au Président
les-etudiants-remettent-une-lettre-au-president.jpg

Plus d’une centaine d’étudiants, délégués d’une dizaine d’université et des écoles préparatoires, ont observé hier un sit-in devant le siège de la présidence, à Alger, pour exiger une réforme de l’université.

Les délégués des universités et ceux des écoles préparatoires ont déposé leurs doléances auprès de la direction des requêtes et des relations avec les citoyens. Les protestataires, qui se sont regroupés en contrebas du siège de la présidence, ont désigné une délégation de cinq étudiants qui a été reçue, peu après l’arrivée sur les lieux, par les responsables de la direction des requêtes et des relations avec les citoyens.

Les étudiants qui ont organisé un mini rassemblement ont innové en terme de slogans brandis sur les banderoles et scandés spontanément. «Nous ne sommes pas venus vous voir, nous vous demandons de respecter vos engagements, si vous n’êtes pas compétents, partez !», pouvait-on lire. Ils ont également scandé : «One, Two, Three, Viva l’Algérie. On est des étudiants, pas des voyous». Quelques étudiants d’Oran (IMSI) ont même composé une chanson, texte et mélodie, pour la circonstance, intitulée «J’en ai marre, j’en ai marre», illustrant leur état d’esprit.

«Le magister est l’équivalent d’un poste budgétaire. Nous, on nous exploite en tant que vacataires ; alors que le discours officiel de la tutelle affirme qu’il y a un manque d’enseignants», s’exclame Rafik, étudiant doctorant à Constantine, tout en relevant l’écart entre les taux de chercheurs/million d’habitants entre l’Algérie et la Tunisie, qui, dit-il, est respectivement de l’ordre de 600 et de 2 200». Adel, quant à lui, incrimine la loi d’orientation n° 08-06 du 23 février 2008 et ceux qui l’ont appliqué «grossièrement», tout en relevant le paradoxe entre celle-ci et les articles 14 et 15 qui stipulent que le second cycle des grandes écoles est sanctionné par un diplôme de master. De nombreux délégués nous ont fait part du harcèlement dont ils font l’objet. «On prend des photos et des vidéos pour nous intimider et nous harceler moralement (…). On a refusé aux doctorants et magisters de rejoindre les conseils scientifiques», nous a affirmé Mohamed, étudiant à Annaba. Par ailleurs, les étudiants avaient clairement signifié que leur mouvement est purement revendicatif, à l’écart des organisations «satellitaires» et des chapelles politiques. «On n’a pas besoin des organisations satellitaires ; vous avez consommé tout le budget des étudiants (…)», lâche un étudiant à l’adresse d’un autre, affilié à une organisation proche de la tutelle, qui s’est immédiatement volatilisé dans la masse. Dans les deux lettres destinées au président de la République, – une rédigée par les dix universités et l’autre par les délégués des écoles préparatoires -, les étudiants ont établi une série de doléances. Ils réclament notamment une «évaluation» de toutes les réformes de l’enseignement supérieur engagées jusqu’ici, la prise en charge « immédiate et effective» des revendications sociopédagogiques des étudiants, ainsi que la dotation de l’université de moyens pédagogiques adéquats. Ils revendiquent aussi l’»implication de l’université dans l’effort de développement de l’économie nationale» et la mise en place d’instruments qui facilitent l’émergence de projets créateurs d’emploi pilotés par des universitaires. Ahmed Kessi