Venus de plusieurs wilayas, des milliers d’étudiants ont poursuivi hier leur mouvement de protestation et de grève, en attendant les résultats de la réunion des étudiants délégués avec le ministre du secteur qui doit avoir lieu aujourd’hui.
Dans une autre tentative de contenir le mouvement de protestation des étudiants devant le ministère de l’Enseignement supérieur, les responsables du secteur ont, dans la journée d’hier, gelé quelques lignes de transport estudiantin, comme c’est le cas de Boumerdès où les trains étaient bloqués en plus des bus universitaires à destination de Ben Aknoun, lieu de rassemblement. Coup raté, puisque les étudiants se sont débrouillés pour rejoindre les lieux. L’«objectif est de mettre la pression, pour faire entendre nos revendications qui sont réalisables», lâche une étudiante de l’Institut de planification et des statistiques. «Indignés, négligés… en colère» , lit-on sur une pancarte plaquée au portail de l’administration du ministère de l’Enseignement supérieur.
Dans une mobilisation pacifique et organisée, les troupes des étudiants arrivaient l’une après l’autre dans la journée d’hier pour se rencontrer devant le ministère de l’Enseignement supérieur à Ben Aknoun. Ils sont présents en force, et ne représentent pas seulement les étudiants d’Alger mais plusieurs écoles supérieures et universités à l’échelle nationale, Boumerdès, Tizi Ouzou, Blida, Constantine… Ils sont au total plus de 3 000 étudiants, décidés à poursuivre la contestation. En effet, les coups de matraques des policiers qui ont tenté de contenir le mouvement de protestation estudiantine dans la journée d’avant-hier ont incité les étudiants à aller jusqu’au bout dans leur action de protestation.
«Nous sommes des étudiants, pas des voyous», ont tenu à souligner les étudiants, après l’humiliation qui leur a été infligée par les forces de sécurité. Approchés, les délégués de différents instituts, écoles et universités, indiquent que leurs revendications ne se limitent pas au décret 10-315 qui est qualifié d’absurde, de dévalorisant et d’inconcevable par les étudiants en ingéniorat et ceux de l’ancien système. Ce décret classe un bac+5 de l’ancien système au même niveau qu’un mastère 1 du système LMD. «C’est inacceptable, conteste un étudiant, un magister n’équivaut pas à un master».
«C’est injuste qu’après un bac+5 nous n’ayons pas le droit d’accéder aux études de doctorat», s’étonne-t-il. Par ailleurs, les points flous dans le système de l’enseignement supérieurs sont nombreux. Pour cause, la protestation ne porte pas que sur l’abrogation du décret présidentiel 10-315. Les revendications sont multiples et ont diverses dimensions.
Les étudiants sont unanimes à revendiquer une image digne et de qualité pour le diplôme de l’enseignement supérieur. La modernisation de l’université et sa conjugaison avec le marché du travail est globalement la revendication commune de tous les instituts. Toutefois, quelques doléances restent spécifiques aux spécialités. Les étudiants de l’Institut des sciences de l’information et de la communication (ISIC) pour leur part ont protesté contre l’interdiction faite aux diplômés de la presse écrite et audiovisuelle de participer au concours de la Fonction publique.
Par Yasmine Ayadi