En raison d’un taux de réussite record au baccalauréat, cette année, une bonne moyenne n’est plus suffisante pour garantir aux nouveaux étudiants des universités algériennes un ticket d’entrée dans les spécialités dont ils rêvaient.
S’il est plus difficile que jamais d’entrer dans les filières les plus populaires, un nouveau système informatique mis en place par le Ministère de l’Education a pour objectif de rendre la compétition pour les précieuses places aussi juste que possible.
Toutefois, à l’Université de Bouzareah, de nombreux étudiants ont reçu un choc lorsque les résultats ont été annoncés le dimanche 1er août.
« Pour pouvoir faire des études il me faut une moyenne de l’ordre de 15.35. Or, j’ai obtenu 15.32. A cause de ces 0.03 points, je vais devoir me rabattre sur les sciences humaines », regrette Ryma, assise sur un banc.
« Mes rêves de suivre des études de médecine partent en fumée », dit-elle.
Le Ministère explique dans une circulaire que le « traitement national informatisé prendra en charge toutes les fiches de vœux des nouveaux bacheliers, saisies et transmises en ligne. Ce traitement conduit à satisfaire chacun des nouveaux bacheliers dans l’un de ses dix choix ».
Dans le cas particulier où aucun des dix choix n’a pu être satisfait, le Ministère propose au nouveau bachelier concerné une affectation dans un domaine de formation, une filière ou un tronc commun.
Les responsables du Ministère de l’Enseignement Supérieur ont tenté de rassurer l’opinion publique.
« Près de 48% des nouveaux inscrits dans les universités algériennes ont été orientés selon leur premier choix alors que le nombre des inscrits dont aucun parmi les dix premiers choix n’a été satisfait n’a pas dépassé les 4% », a dit Rachid Harraoubia, ministre de l’Enseignement supérieur, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue jeudi dernier.
Harraoubia a souligné que « 85% des nouveaux inscrits ont été orientés selon leurs cinq premiers choix contre 76,50% l’année écoulée, tandis que le taux d’étudiants dont l’un des dix choix exprimés a été satisfait est de 95,86% contre 92,46% lors de la rentrée universitaire précédente ».
Les nouveaux bacheliers ayant été orientés en dehors de leurs dix options ne représenteraient, selon le Ministère, que 4% du nombre des inscrits contre 7,45% l’année dernière.
Les parents d’élèves qui ont accompagné leurs enfants dans les centres d’inscription ne cachent pas leur désenchantement.
« Si on avait su que notre fils irait en section littéraire, nous n’aurions pas dépensé tout cet argent dans les cours de soutien en maths, sciences et physique », se plaint Noria Ait Ouarab.
Dans un communiqué rendu public le 1er août, un collectif de parents d’élèves s’insurge contre ce qu’ils jugent être un « scandale ».
« Comment des bacheliers série mathématiques, technique, génie civil, génie mécanique ou génie électrique peuvent-ils être orientés en sciences humaines ou en sciences sociales ? », peut-on lire dans le document.
Selon Hamri Youcef, chargé de la coordination et du suivi pour la période des inscriptions au niveau de l’université de sciences humaines de Bouzaréah, les sections les plus sollicitées par les bacheliers sont généralement les écoles nationales supérieures (ENS), les langues et les sciences de l’information et de la communication.
« Lors des séances d’orientation » dit Hamri à Magharebia, « nous avons remarqué que les bacheliers s’inquiètent beaucoup pour leur avenir. »
« Il est clair que le taux élevé de réussite au bac, ira à l’encontre des choix des étudiants » ajoute-t-il.