Les étudiants en pharmacie de la faculté de médecine de Ben Aknoun sont en «grève illimitée», depuis dimanche dernier, jusqu’à ce qu’ils obtiennent satisfaction de leurs revendications.
Selon les délégués des étudiants, cette décision a été prise après la tenue de l’assemblée générale de toutes les promotions aux fins de presser leur tutelle de trouver des solutions aux multiples problèmes dont souffre leur spécialité.
Les étudiants appréhendent déjà la vie active, au regard du sort qui est réservé aux diplômés en pharmacie, acculés au chômage ou contraints à se suffire au statut de vendeur après des années d’études universitaires. Ils seront plus de 6.000 diplômés à vivre cette situation, tandis que le nombre d’étudiants actuel est entre 7.000 et 8.000, les délégués. La filière n’est plus prometteuse en raison de sa «mauvaise gestion» par la tutelle, aussi bien dans sa phase pédagogique que professionnelle.
Pour rappel, le premier cri de détresse des étudiants et diplômés en pharmacie remonte à 2011 à travers une grève générale qui a paralysé plusieurs facultés du pays. Réagissant à cette action, le ministre de l’Enseignement supérieur de l’époque avait alors promis de prendre en charge les revendications portées par les protestataires, mais cette promesse est restée sans suite, alors que la situation de la filière est intenable. Les étudiants et diplômés en pharmacie reviennent à la charge cinq années après, décidés à arracher leurs droits, tout en déplorant des carences qui minent leurs conditions socio-pédagogiques, ils pointent du doigt le manque de débouchés, de spécialités et de postes dans la filière, invitant les autorités «à les revoir à la hausse en toute urgence». Ils demandent la formation continue, que tous les travaux pratiques prévus par le programme doivent être effectués et les laboratoires doivent être conformes et compatibles pour la faisabilité des TP.
Également, l’augmentation des budgets alloués aux travaux pratiques pour l’achat de réactifs et matériaux de base, les corrigés types doivent être affichés juste après la fin de l’examen, l’étudiant a le droit à la consultation de copie au maximum une semaine après l’affichage des notes, a le droit d’avoir un brouillon lors des examens et il est en droit de connaître le système extermination à l’avance : QCM, QCS, QROC.
Les étudiants ont affirmé que «ça fait maintenant des années que l’administration promet d’assainir la situation, mais rien n’a été fait».
Les étudiants ont aussi demandé la nécessité de revoir la réforme des études pharmaceutiques et la mise en place d’un système unifié trimestriel. En ce qui concerne le nombre d’examens pour chaque module et la réévaluation du nombre d’heures pour chaque module de sorte que les chiffres soient conformes à la réalité. «Liste des modules, notamment, la fusion qu’il y a eu pour certains modules qui se faisaient en 2 ans et qui se font en un an actuellement, la 6e année et ses nombreuses lacunes : d’après la répartition des stages, l’étudiant se retrouvera à faire 4 stages de 3 mois chacun, ce qui équivaut à 12 mois de stage. Au final, si on y ajoute la thèse, l’étudiant se retrouvera à faire 6 ans et demi et non pas 6», ont-t-ils expliqué, avant d’ajouter : «Nous proposons que l’histoire de la pharmacie, le français et l’anglais soient fusionnées en un seul module, culture générale, qui se fera en deuxième année comme suit : le premier trimestre Histoire de la pharmacie, ensuite le second Anglais, puis au troisième Français. La moyenne du module Culture générale étant celle des trois examens.»
S’agissant des stages de perfectionnement, ils souhaitent l’amélioration des conditions de stage pour les internes au niveau des CHU en facilitant leurs affectations et en surveillant les CHU de sorte que les étudiants puissent réellement accéder à tous les services que doivent comporter leurs stages. Mais aussi en leur donnant l’opportunité d’apprendre le maximum en pratiquant sur des échantillons.
La diminution du nombre de places pédagogiques : au sein des facultés de pharmacie en fonction de la capacité d’accueil de la faculté d’Alger et des besoins du travail, ceci en diminuant le numerus clausus.
En matière de post-graduation, les étudiants exigent l’augmentation du nombre de postes de résidanat avec une priorité aux pharmaciens dans les différentes spécialités pharmaceutiques, fondamentales et biologiques, la création de nouvelles spécialités : pharmacie industrielle, pharmacie hospitalière, pharmacie clinique, radio-pharmacie, pharmacie oncologique, pharmaco-économie, pharmaco-épidémiologie, génétique moléculaire, etc., et la création d’une filière destinée à former les préparateurs en pharmacie (bac+3).
Les étudiants grévistes se plaignent aussi de l’état lamentable des amphithéâtres dans lesquels ils sont obligés d’assister aux cours, que cela soit à Ziania ou à la Faculté centrale, mais aussi les fuites constantes dans tout le département, les incessantes coupures d’eau et d’électricité. «Que les amphithéâtres et toutes les infrastructures soient arrangés, on ne veut plus recevoir d’urines sur la tête et régler le problème de l’amphithéâtre manquant au département de pharmacie à Ziania», réclament-ils.