La montée en puissance de l’islamisme à travers le monde et les échecs structurels répétés d’un libéralisme débridé en Europe et aux Etats-Unis conjugués à la menace planétaire du terrorisme ont fini par pousser ces pays à adopter un véritable virage à droite.
L’Amérique ne fait plus rêver désormais et le «dream» de Martin Luther King qui a gonflé d’espoir des millions de cœurs n’est plus qu’un lointain souvenir d’une nation qui a raté sa mue. Pour exorciser le spectre de la précarité et de la pauvreté qui ont fait des centaines de milliers de victimes après l’ouragan Katrina en Louisiane et la déroute des subprimes, les Américains n’ont eu d’autre choix que de se réfugier dans les valeurs qui ont fait leur démocratie, il y a deux siècles. C’est ainsi qu’est née une association politique qui réunit aussi bien les démocrates que les républicains et tous ceux qui veulent que les choses changent.
La «tea party» qui monte en flèche dans l’opinion et dans les sondages ne propose ni plus ni moins à ses adhérents que de retourner à l’esprit pionnier, à la religion et surtout à la suprématie blanche. La figure de proue de ce mouvement foncièrement ancré dans les vertus chrétiennes est une certaine Sarah Paline, une ancienne gouverneure de l’Etat de l’Alaska et candidate malheureuse à la vice-présidence à la dernière élection présidentielle. C’est dire qu’elle a des comptes à régler avec l’Administration d’Obama. La peur des lendemains incertains exacerbée par une situation économique épouvantable qui a laminé une bonne partie de la classe moyenne ont obligé les Américains à des comportements inimaginables il y a quelques années.
Le pays le moins xénophobe du monde s’oppose aujourd’ hui à la construction d’une mosquée à New York et le proclame ouvertement, sans complexe. Obama qui a été élu dans l’euphorie générale, est traité de socialiste et de musulman qui est la pire des insultes aux Etats-Unis.
Son ancien siège de sénateur démocrate de Chicago a été enlevé sans trop de difficultés par un républicain. Bref, le fossé se creuse entre les tenants d’une autre Amérique et le reste, entre autres tout ce qui n’est pas blanc, tout ce qui n’est pas chrétien et tous ceux qui ont des idées à gauche. Les victimes, selon toute vraisemblance, sont programmées en attendant un jour d’être désignées. En Suisse, pays neutre par excellence et apparemment au-dessus de tout soupçon, cette xénophobie a atteint un seuil intolérable avec l’interdiction pour les musulmans d’élever un minaret au-dessus de leur mosquée.
Ce comportement de la confédération helvétique a été poussé à son paroxysme puisque Genève a interdit l’accès à l’espace Shengen à tous les dirigeants libyens, à commencer par le premier d’entre eux, le colonel Maâmar Kadhafi, et ce, bien avant avant le début de l’actuel conflit armé.
C’est vrai que la tension politique entre les deux pays a frisé le point de non-retour.