Les warning travel américains ont des visées plus larges que celles liées à la sécurité.
Depuis quelques jours, la presse nationale a fait état d’une nouvelle mouture «actualisée» le 13 août 2014, du texte connu sous la dénomination de «Travel Warning» que le Bureau des affaires consulaires du département d’Etat américain envoie généralement aux citoyens américains qui se rendent en Algérie. Un warning qui a été qualifié de non-événement, (Non event) par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Chérif. En tout cas, ce warning, qui vient d’un pays qui possède des moyens très sophistiqués pour prévoir des attentats terroristes, a ouvert l’oeil à d’autres pays occidentaux moins équipés en nouvelles technologies, qui ont été très vite suivis par d’autres pays occidentaux.
C’est le cas notamment de l’Italie qui possède d’excellentes relations économiques et politiques avec l’Algérie. Le ministère italien des Affaires étrangères a publié, le 16 août (trois jours après le warning américain), un communiqué dans lequel il a rappelé à ses ressortissants que «la sécurité en Algérie souffre de l’instabilité dans la région du Sahel, qui a connu un moment de grande tension avec l’attaque terroriste contre le site de Tiguentourine, qui a eu lieu en janvier 2013». Le même ministère a souligné que «compte tenu de la situation sécuritaire générale dans cette région (…)il est déconseillé de se rendre dans les régions limitrophes de l’Algérie avec la Tunisie, le Mali, le Niger, la Libye et la Mauritanie et dans les régions de Djanet, Illizi, Timimoun et de Tamanrasset». Pour un visiteur ou touriste qui se rend en Algérie, ce warning offre une image d’un pays en guerre ou en conflit.
Dans ce contexte le warning canadien est plus concret et moins alarmant que les warning américains ou italiens. Dans son message «Avertissement aux voyageurs» modifié le 6 août dernier, le site de l’ambassade canadien écrit: «Aucun avertissement n’est en vigueur pour l’ensemble de l’Algérie. Il convient toutefois de faire preuve d’une grande prudence en raison des risques de troubles civils et de terrorisme.»
Le ministère des Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada, précise que des «attentats terroristes, des actes de banditisme et des enlèvements ont lieu dans la région montagneuse de la Kabylie qui comprend les provinces de Tizi Ouzou, de Bouira, de Boumerdès et de Béjaïa. Que des groupes armés opèrent dans les régions désertiques éloignées des provinces d’Illizi, de Tamanrasset, d’Adrar et de Tindouf, situées le long des frontières du Niger, du Mali, de la Mauritanie et de la Libye. Il y a aussi un risque d’attentats terroristes, d’actes de banditisme et d’enlèvements.
Comme l’a précisé le porte-parole des Affaires étrangères, il s’agit d’une version d’un texte routinier et répétitif qui est livré aux ressortissants se trouvant en Algérie ou souhaitant s’y rendre, pour des considérations liées à la législation de leur pays». Dans ce contexte, M.Benali Chérif a relevé que «l’affirmation américaine, selon laquelle deux groupes terroristes continuent d’être actifs à travers le territoire algérien, est manifestement tout aussi infondée que la prétendue alerte du 4 juillet dernier, relative à des risques d’attaques contre des établissements hôteliers à Alger». Pourquoi les Etats-Unis offrent une note sécuritaire très faible à l’Algérie, alors qu’elle ne possède ni touristes, ni travailleurs dans les centres urbains et encore moins des missionnaires religieux comme en Amérique latine?
Les seuls travailleurs américains sont stationnés dans les zones pétrolières fortement sécurisées, surtout depuis l’affaire Tiguentourine. Même si les warning sont envoyés par le département d’Etat, la rédaction du message est établie sur la base des informations recueillies par les différents rapports de sécurité envoyés par l’ambassade américaine, à Alger.
Ces rapports sont parfois exagérés pour justifier les fortes indemnités de sécurité envoyées aux diplomates américains en poste à Alger. Malgré les bonnes relations politiques et économiques avec l’Algérie, l’ambassade américaine à Alger, a été la mission qui a le plus envoyé de warning alarmants sur l’Algérie, depuis le début des violences terroristes dans le pays. Et pourtant, mis à part les vastes attentats de 2007, qui avaient touché le Palais du gouvernement, le siège des Nations unies et le Conseil constitutionnel, aucun incident grave n’a été signalé dans la capitale ou dans un centre urbain. Et même durant la période terrible du terrorisme, aucun n’incident n’a touché l’ambassade américaine ou tout autre ambassade occidentale
. Alors, comment le département d’Etat américain qui se dit très informé, n’a pas anticipé les attaques de sa mission en Libye quand l’ambassadeur des Etats-Unis, Christopher Stevens, et trois fonctionnaires américains ont été tués le 11 septembre 2012 dans l’attaque du consulat de Benghazi? Les assaillants auraient agi en marge des manifestations contre les mêmes raisons contre un film jugé offensant pour l’Islam. Il s’agit d’un long métrage intitulé Innocence of Muslims (L’Innocence des musulmans) et réalisé par l’Israélo-Américain Sam Bacile, pour qui l’islam est un cancer.
Comment le département d’Etat américain n’a pas anticipé également l’attaque contre l’ambassade américaine à Tunis, le 14 septembre 2012, par des salafistes qui voulaient dénoncer la diffusion de ce film islamophobe produit aux Etats-Unis? On s’interroge aussi comment «le warning travel» américain publié seulement en anglais, dans la section destinée aux citoyens américains s’est retrouvé dans la presse francophone. Autant d’interrogations qui ne remettent pas en cause la situation stable, sécuritaire et politique de l’Algérie et l’efficacité des services de sécurité algériens pour déjouer toute attaque terroriste.