Les Etats du Sahel face à la menace terroriste au Mali

Les Etats du Sahel face à la menace terroriste au Mali
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Le groupe islamiste Ansar al-Dine avertit qu’une intervention au Mali aura des conséquences graves. L’Algérie et la Mauritanie, voisines de ce pays, prennent maintenant des mesures pour protéger leur sécurité nationale.

L’Algérie, la Mauritanie et les autres Etats du Sahel s’attendent à d’éventuelles attaques « en représailles » de la part des terroristes et des groupes islamistes armés au Mali.

« Ansar al-Dine a effectivement laissé entendre qu’elle pourrait mener des actions de représailles et même des opérations de type al-Qaida, notamment des enlèvements de ressortissants européens, en particulier en Mauritanie, au Niger et en Algérie. Il ne fait aucun doute qu’ils l’envisagent sérieusement », a expliqué Bashir Ould Bbana, reporter à Sahara Media.

La police de Nouakchott a été placée en alerte maximale après l’infiltration de deux hommes armés en provenance du Mali soupçonnés d’appartenir à al-Qaida, a indiqué l’hebdomadaire arabophone Al Houriya citant une source proche de la sécurité mauritanienne, jeudi 24 octobre.

Craignant les retombées d’une possible intervention militaire dans le nord du Mali, l’Algérie a également renforcé sa sécurité, en déployant des unités de la gendarmerie et de l’armée dans ses provinces frontalières.

Outre la sécurité aux frontières de l’Algérie, des mesures ont été prises pour protéger les missions diplomatiques algériennes. Des responsables d’une unité spéciale ont été déployés en Mauritanie, au Mali, au Niger, au Burkina Faso et dans d’autres pays africains, a indiqué le quotidien algérien El Khabar.

Ce renforcement de la sécurité fait suite à la menace brandie le 19 octobre par Ansar al-Dine, allié à al-Qaida, selon laquelle toute tentative de chasser les islamistes du nord du Mali « exposera toutes les parties de la région à plus de souffrances et à un extension du cycle de la guerre ».

« Personne ne sera protégé contre son feu », a ajouté le groupe islamiste armé.

Selon le quotidien algérien El Khabar, les Etats du Sahel ont également « renforcé la sécurité autour des ambassades dans quatorze pays africains… Ce renforcement de la sécurité fait suite à des informations faisant état de possibles attaques contre des intérêts occidentaux et ceux des pays soutenant la guerre au Mali. »

« Ces opérations terroristes viseraient des enlèvements de ressortissants occidentaux qui seront emmenés dans l’Azaouad », ajoute le journal.

Mais ces enlèvements pourraient bien ne pas être les pires représailles de la part de cet allié d’al-Qaida.

« Ansar al-Dine pourrait tenter de mener des opérations suicides si l’organisation prenait conscience de sa défaite face à une force africaine bénéficiant du soutien de la population et de la communauté internationale », a expliqué à Magharebia l’analyste politique Zain Al-Abidin Ould Mohamed.

Cette probable intervention des forces militaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est de toute évidence à l’origine de ces menaces, estiment les experts.

« Le fait que tous les pays de la région soient impliqués n’est pas pour plaire à al-Qaida », a expliqué Mohamed Ould Cheikh, spécialiste mauritanien des questions militaires.

De fait, a souligné l’analyste de la sécurité Sidati Ould Cheikh, « la situation au Sahel est un motif d’inquiétude pour tous les pays de la sous-région, et ses répercussions inquiètent les voisins du Mali, notamment la Mauritanie, considérée comme un terreau du fondamentalisme au Maghreb. Plusieurs dirigeants d’AQMI sont en effet d’origine mauritanienne. »

Lotfi Hadji, journaliste au Midi Libre, explique que « les terroristes appartenant à al-Qaida au Maghreb islamique semblent déterminés à utiliser leurs otages comme boucliers humaines en cas d’intervention militaire étrangère dans le nord du Mali au cours des prochains mois. C’est une réalité qui ne peut être ignorée, dans la mesure où treize ressortissants étrangers, des marins et des humanitaires, viennent d’être enlevés par les islamistes armés. »

Mais bien avant ces récentes menaces, l’Algérie et la Mauritanie travaillaient déjà à sécuriser leurs longues frontières avec le Mali.

« Les pays du Sahel étaient conscients de tous les scénarios possibles avant même qu’Ansar al-Dine n’eut publié ce communiqué. Ils étudient toutes les possibilités, y compris celle de voir les groupes terroristes avoir recours à des actions de représailles », a expliqué l’analyste Zain Al-Abidin Ould Mohamed.