Les Etats arabes sous la poussée des événements,Les révisions constitutionnelles, une passade?

Les Etats arabes sous la poussée des événements,Les révisions constitutionnelles, une passade?
les-etats-arabes-sous-la-poussee-des-evenementsles-revisions-constitutionnelles-une-passade.jpg

Le changement est devenu la préoccupation de l’heure

Dans le sillage des événements induits par ledit «printemps arabe» de nombreux pays arabes du Maghreb et du Machrek ont été contraints de «rafraîchir» leurs lois fondamentales.

La révision de la Constitution est devenue la tendance dans le Monde arabe. Les révolutions labellisées sous nom «le printemps arabe» ont métamorphosé les Etats de la région arabe. Certains ont complètement rompu avec l’ancien système induit par la chute des anciens régimes. C’est le cas en Tunisie et en Egypte où le peuple a poussé le bouchon au fond pour renverser les pouvoirs en place. L’avènement dudit «printemps arabe» a donné du pain sur la planche à ces pays.

Ebranlés par la colère de leurs peuples, les gouvernements arabes ont tous lancé le chantier soit pour un lifting de la loi fondamentale, soit – c’est le cas en Tunisie, en Egypte et en Libye – pour la mise en place d’une nouvelle Constitution plus en phase avec les changements induits par les diverses «révolutions». Pour eux, c’est le seul moyen de répondre aux aspirations du peuple. Aucun pays arabe n’a échappé à la règle. De l’Egypte, en passant par la Jordanie et le Yemen jusqu’aux pays du Maghreb, le changement est devenu la préoccupation de l’heure. Certains ont déjà accompli ce processus et d’autres n’en sont qu’au début.

Le Maroc était le premier à ouvrir le bal. Pour éviter le chaos, le roi Mohammed VI a su détourner la colère des populations en promettant de renforcer le pluralisme, les droits de l’homme et les libertés individuelles, l’indépendance de la justice, ainsi que le renforcement du rôle des partis politiques. Tout cela consigné dans la nouvelle Constitution amendée. Quelques mois après, le projet de réforme constitutionnelle globale a été adopté par référendum le 1er juillet 2011.

Le roi du Maroc a ainsi réussi à contourner la page du printemps. Dans la foulée ont été organisées des législatives remportées pour la première fois dans le Royaume chérifien par un parti de la mouvance islamiste.

En Egypte, la chute du régime Moubarak a conduit à la confection d’une nouvelle Constitution adoptée en 2012. Or, cette Constitution n’a pas mis fin aux divergences. Rédigée par une Assemblée constituante dominée par les islamistes et qui vise à placer l’islam au coeur de la société, le texte a profondément divisé la population et s’est vu opposer de nombreuses critiques.

En Tunisie, après la chute du régime de Ben Ali, une réflexion sur la loi constitutionnelle a été engagée. Le projet est toujours en cours de rédaction par l’Assemblée constituante (ANC) issue du scrutin d’octobre 2011.

La lenteur même avec laquelle cette loi fondamentale est rédigée éclaire sur les âpres luttes qui se mènent à l’intérieur de l’ANC. Ce qui entraîne des retards conséquents dans la mise en place d’un Parlement et l’élection d’un président. «Les partis participants au dialogue national organisé à l’initiative de la présidence de la République sont convenus de l’organisation des élections au cours du dernier trimestre 2013, avec comme date limite dimanche 29 décembre», a affirmé le président du groupe Ettakatol à l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mouldi Riahi. Reste à voir si effectivement, les Tunisiens réussiront à dépasser les blocages actuels. Ce qui n’est pas évident.

L’Algérie n’a sans doute pas échappé à cette règle «devenue d’or» de rafraîchissement des lois fondamentales arabes. Il n’en reste pas moins que son cas est un peu particulier dès lors qu’il était prévu dès l’amendement de la Constitution en 2008 qu’une autre révision suivrait pour un approfondissement plus conséquent d’un meilleur équilibre des pouvoirs en vue. Le chef de l’Etat a d’ailleurs engagé des consultations avec les partis et les représentants de la société civile. Deux ans après, la commission chargée de la révision de la Constitution a été installée récemment.

Cette commission suscite un grand débat. Des partis politiques, des juristes et des experts interviennent au quotidien dans les médias pour apporter leur contribution en s’interrogeant davantage sur le contenu de ce projet qui demeure jusqu’à présent confidentiel.