Les erreurs médicamenteuses en Algérie, Un sujet tabou !

Les erreurs médicamenteuses en Algérie, Un sujet tabou !

Malgré sa fréquence et le nombre important de cas signalés, l’erreur médicamenteuse demeure un sujet dont on parle peu en Algérie. C’est le constat établi lors de la dernière journée de pharmacie qu’a abritée le CHU Nedir-Mohammed de Tizi-Ouzou.

Il a été indiqué, en effet, qu’en plus de l’absence de textes réglementaires définissant l’erreur médicamenteuse, aucune statistique officielle exacte ne filtre désormais sur le sujet.

Ces erreurs sont signalées à travers la presse ou transmises de bouche à oreille sans que cela soit suivi d’un travail effectif sur le terrain pouvant déterminer l’ampleur du phénomène, précise-t-on encore.

Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, le président du Conseil de l’ordre des médecins indique que le nombre de poursuites judiciaires relatives aux erreurs médicamenteuses avoisine les dix cas par an. Un chiffre loin de refléter la réalité du terrain puisque la majorité des victimes ne portent pas plainte et se contentent de prendre leur mal en patience.

Selon le tableau établi par le Dr. Decasse du service de médecine légale du CHU de Tizi-Ouzou, les erreurs peuvent être scientifiques, donc liées au choix du médicament, à sa prescription ou à l’association de différentes substances, ou encore à la posologie, à la forme galénique, à l’erreur de dosage et au médicament détérioré ou périmé.

Figurent également des erreurs techniques dues à l’administration ou à la voie d’administration ou encore celles liées à la délivrance d’un médicament à un patient au lieu d’un autre. L’orateur a expliqué également que l’origine de l’erreur peut être le médicament, le prescripteur, le pharmacien ou l’utilisateur lui-même.

L’illisibilité des ordonnances prescrites par le médecin est l’une des causes récurrentes de l’erreur, contrairement à ce que stipule l’article 47 du code de déontologie médicale. Cela en plus de la non-actualisation des données médicales des praticiens sur les médicaments disponibles sur le marché, de la pluralité des prescripteurs pour une polypathologie et du manque de coordination entre les médecins, sans oublier la fatigue.

Du côté du pharmacien, les erreurs sont moins fréquentes, poursuit le communicant qui met en exergue la compétence de celui-ci dans la bonne exécution de l’ordonnance et donc la bonne administration du médicament. L’autre acteur pouvant avoir un rapport avec la survenue de l’erreur est l’infirmier. Ce dernier, faute d’organisation ou par prise d’initiative personnelle sans consulter le médecin, peut causer des dommages directs sur le patient.

En dernier, c’est le patient qui peut nuire à soi-même à travers une automédication. Au volet de la responsabilité, il a été précisé qu’une erreur médicamenteuse peut engendrer une responsabilité pénale, civile, administrative ou disciplinaire, selon sa gravité. En vue de lutter contre l’erreur, les réalisateurs de ce travail ont recommandé l’amélioration des relations entre les médecins et les pharmaciens, la formation et l’information, la valorisation de l’éducation thérapeutique du patient et la généralisation de la prescription informatisée ainsi que l’amélioration de la qualité du médicament mis sur le marché.

En somme, les erreurs médicamenteuses, conclut le communicant, ne doivent plus constituer un sujet tabou mais plutôt de réflexion pour toutes les équipes soignantes. Un dispositif de détection et de recueil des erreurs est ainsi recommandé par les professionnels, que ce soit au niveau local ou national, un préalable jugé indispensable pour mettre en place des mesures correctives et préventives.