Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, M. Nourredine Moussa, est resté, hier, sur les généralités du secteur ainsi que sur les chiffres relatifs au nombre de logements construits et ceux à construire d’ici à 2014.
Il sera néanmoins amené à se montrer plus «offensif» pour répondre à quelques questions. «Les entreprises nationales gagneraient en se constituant en groupes capables de construire de grands ouvrages», a-t-il recommandé. «Les bureaux d’études doivent songer à la constitution de groupements homogènes. Nous voulons des entreprises solides.
Il n’est un secret pour personne qu’une entreprise qui exerce seule ne peut pas bénéficier de beaucoup de projets», a déclaré le ministre de l’Habitat «provoqué» par les remarques émises par M. Zekari, un promoteur activant dans la wilaya d’Ouargla. Ce dernier a ainsi énuméré une série de contraintes qui empêcheraient les promoteurs immobiliers d’avancer au rythme qu’ils souhaitent dans la réalisation des projets. Il s’agit, dira-t-il, de l’exonération faible pour les appartements de type F4 et F5, du problème du permis de construire délivré différemment par les APC.
Le même intervenant a expliqué, par ailleurs, que les entreprises de construction subissent la durée limitée du permis de construire délivré par certaines assemblées locales. Ces entreprises ne bénéficient plus, en effet, des quantités nécessaires de ciment dès que la durée de validité du permis de construire est expirée. Tout en réitérant le soutien de son département ministériel aux promoteurs immobiliers, Nourredine Moussa n’a pas manqué l’occasion de la présence de professionnels du secteur pour formuler quelques remarques. «Que chacun fasse son métier et que chacun exerce dans son couloir», dira le ministre. Pour ce dernier, «il est inacceptable qu’un simple architecte s’érige en bureau d’études. Il est tout aussi inacceptable qu’un entrepreneur se définisse comme un promoteur. Il faut redéfinir les responsabilités des uns et des autres pour que le secteur puisse réaliser ses objectifs».
Le ministre a ainsi évoqué les innombrables cas d’«usurpation de statuts» qui ont vu la prolifération de promotions immobilières et d’entreprises publiques sans être réellement en mesure d’apporter leur pierre à l’édifice. «Parmi les 24 000 entreprises qui activent sur le marché national de la construction, 400 seulement disposent de moyens matériels considérables», soutient Nourredine Moussa, à l’occasion de la 9e assemblée générale du Fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière (FGCMPI).
C’est pour cette raison que le ministre de l’Habitat a noté que le manque de professionnalisme dans cette activité a fait venir une catégorie de gens pour lesquels l’escroquerie justifie tous les moyens. Cela génère des différends et autres litiges qui atterrissent souvent au niveau des tribunaux. Transition faite pour évoquer l’activité dans sa dimension législative et réglementaire. Nourredine Moussa dira à ce sujet que le projet de loi sur la promotion immobilière vise à mettre de l’ordre dans cette activité et à définir les responsabilités des intervenants.
Une quarantaine de promoteurs ont pris part jusqu’à présent au débat lancé autour de ce projet de loi au niveau de la commission de l’habitat, de l’hydraulique et de l’urbanisme de l’Assemblée populaire nationale. Abordant la question de la main-d’œuvre, Nourredine Moussa a défendu l’idée selon laquelle les ouvriers algériens préfèrent travailler dans les entreprises étrangères où ils sont mieux considérés. Le directeur général du FGCMPI, M. Mouloud Dehal, a relevé, de son côté, l’écart entre le nombre des promotions immobilières recensées et celles qui exercent réellement. «Sur les 25 000 promoteurs immobiliers enregistrés au niveau du registre du commerce, moins de 2 000 exercent réellement», fera savoir M. Dehal. Satisfait du bilan positif du Fonds qui a réalisé un excédent de 650 millions de dinars en 2009, M. Dehal a indiqué que «son établissement s’est porté garant pour le lancement de 3 060 projets ayant permis la construction de 228 000 logements, totalisant une surface de plus 390 000 m2».
Le directeur général du Fonds notera par la suite que «le montant global de ces garanties, effectuées entre 2000 et 2010, dépasse les 110 milliards de dinars». Le premier responsable du Fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière a fourni à l’assistance quelques chiffres très significatifs. Il dira à ce sujet que le FGCMPI compte actuellement 1 410 membres, dont 1 100 promoteurs privés.
Le même responsable notera ainsi que «24 889 promoteurs sont inscrits au registre du commerce, dont 322 étrangers issus de 14 pays tels que la Chine, la Turquie, l’Egypte et la Tunisie.
Sur les 24 889 entreprises de promotion immobilière, 17 240 ont un statut juridique de personnes physiques et 7 649 un statut de personnes morales». Pour son président, M. Belkacem Belhadj, «le FGCMPI fait face à une multitude de problèmes : le manque de ressources financières et de matériaux de construction, ainsi que la rareté des assiettes foncières».