Les officiels américains et les patrons de multinationales US activant dans les zones « instables », particulièrement en Afrique du Nord et au Moyen Orient, se sont réunis à Washington pour discuter de la manière de prévenir ce qu’ils appellent « l’impensable »: une attaque terroriste d’envergure contre une cible occidentale.
C’est l’effet « Tiguentourine », l’assaut terroriste contre le site gazier Algérien, qui a fait 38 morts, dont un grand nombre d’otages occidentaux qui opéraient dans le complexe situé dans le Sud-Est du pays. C’était en janvier 2013 et l’impact de cette attaque est aussi frais dans les mémoires, que celle du 11 septembre contre les Etats Unis, qui a marqué un tournant dans l’histoire des relations internationales. C’est dans la perspective de prévenir un nouveau scénario de « l’impensable » que des experts américains en sécurité, des diplomates et des patrons de grandes entreprises se sont réunis dans un forum organisé dans la capitale fédérale des Etats Unis. L’ordre du jour : l’intégration du risque terroriste dans leur manière d’investir et d’opérer dans les pays présentant un haut risque d’attaques de ce type. Des attaques de plus en plus fréquentes, même dans les pays se prévalant d’une « expérience » dans la prévention et la lutte contre la menace terroriste. « J’étais en état de choc, comme tout le monde », s’est remémoré Marc Cobb, directeur adjoint de BP, présent dans le site d’In Amenas, en racontant son expérience de l’assaut contre Tiguentourine. Ce genre d’attaque ne s’était jamais produit « ni en Algérie, ni dans le secteur » gazier, a-t-il poursuivi Et il n’était, à aucun moment, préparé à voir plusieurs dizaines d’assaillants armés de lance-grenades, de mortiers et de Kalachnikov déferler sur le complexe.
« Etre prêts à tout »
Pour Nicole Deal, responsable de la sécurité dans la région à l’ambassade américaine à Alger. « In Amenas a marqué un tournant », a-t-elle poursuivi. « Désormais, il faut être prêt à tout, même aux pires attaques, comme ce qu’il s’est passé à Westgate », le centre commercial de Nairobi attaqué en septembre et au cours duquel au moins 67 personnes sont mortes. In Amenas et l’attaque de Westgate « pourraient devenir la nouvelle norme », a averti M. Deal. Les diplomates de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran pris en otages en 1979 ont raconté, lors de la même rencontre, qu’ils pensaient alors que la situation ne durerait que quelques heures ou quelques jours, comme lors de précédentes manifestations. Mais après la chute du gouvernement provisoire iranien en 1980, ils comprirent qu’ »il n’y avait plus personne au bout du fil « avec qui Washington pourrait négocier », s’est souvenu John Limbert, directeur des affaires politiques de l’ambassade, qui resta otage pendant 444 jours.
78 entreprises et ONG américaines averties sur les risques
Le secrétaire d’Etat John Kerry a indiqué que le département d’Etat avait averti 78 entreprises ou ONG américaines, dont certaines liées à des organisations religieuses, de menaces spécifiques contre elles cette année. « Tout le monde ici comprend les risques, vous connaissez les dangers », a dit John Kerry, tout en lançant: « Vous ne pouvez pas battre en retraite. Il ne peut y avoir de forteresse ». « Rien ne fonctionnerait si c’était le cas, franchement, parce qu’aujourd’hui plus que jamais, je pense que nous devons nous investir dans le monde pour continuer la transformation qui a été engagée », a-t-il dit.