Les étudiants de l’université de Bouzaréah avaient rendez-vous hier avec l’horreur après la découverte du cadavre de S. M. âgé de 39 ans, agent de sécurité, mort dans la nuit de samedi à dimanche dans des circonstances mystérieuses, et retrouvé hier matin au niveau de la loge réservée aux agents de sécurité.
Le moins que l‘on puisse dire c‘est que les étudiants de l‘Université de Bouzaréah ont eu le choc de leur vie. Ils ont été confrontés, hier matin, avec une découverte macabre : celle du corps d‘un agent de sécurité de permanence, au niveau du département de langues, mort durant la nuit de samedi à dimanche. Des témoins oculaires interrogés et confortés par plusieurs sources sécuritaires dignes de foi, indiquent ainsi que c‘est en se rendant compte, hier matin, que ce département demeurait fermé alors que l‘heure d‘ouverture avait sonné, que l‘on fit appel à des agents disposant du double des clés. Et, c‘est à ce moment-là, que l‘on fit cette découverte macabre. L‘agent de sécurité, chargé d‘assurer la permanence durant la nuit de samedi à dimanche, a été retrouvé mort, au niveau de son poste de travail habituel.
Un branle-bas général s‘en est suivi, entre la panique des étudiants évacués en attendant les suites de l‘enquête, l‘arrivée de la Police scientifique, de plusieurs médecins légistes, et même de la gendarmerie. Les premiers éléments de l‘enquête, a-t-on pu apprendre, indiquent que « la victime serait décédée de mort naturelle ». Les enquêteurs, en effet, en veulent pour preuve le fait qu‘ « aucune trace de violence n‘ait été retrouvée sur la victime, aucun objet contendant, non plus, n‘a été retrouvé, alors que le mort, âgé, a pu avoir fait l‘objet d‘une défaillance cardiaque ». En revanche, des sources recoupées indiquent que la victime serait morte par strangulation, et qu‘il s‘agirait donc d‘un meurtre. Toujours est-il que le rapport d‘autopsie donnera les causes exactes de cette mort qui, hélas, n‘est pas la première qui se produit au sein de nos campus et universités. Signalons, par ailleurs, que le recteur n‘a même pas daigné se déplacer sur les lieux du drame, alors que les étudiants ont, quant à eux, été « conviés » à rejoindre les salles de classe, y compris à proximité du lieu de la découverte macabre où les scellés n‘ont pas été placés, immédiatement, après l‘évacuation du mort.
Cela a engendré un vent de révolte, puisqu‘aussi bien les étudiants que le personnel ont envisagé d‘organiser un mouvement de protestation contre ce qu‘ils ont considéré comme du « mépris caractérisé » à leur encontre, cela en sus du manque de moyens dont souffre gravement cette université.
La violence omiprésente sur nos campus
En attendant les résultats de cette enquête, signalons que l‘Université algérienne est très souvent victime de violence, comme cela a, par exemple, été le cas, il y a de cela trois jours, à Tébessa, où deux étudiantes étrangères ont fait l‘objet d‘une tentative d‘enlèvement de la part d‘hommes armés. Plus loin encore dans le temps, rappelons le crime dont a été victime Keddache Manel, étudiante de 3e année en recherches opérationnelles, partie à la fleur de l‘âge, assassinée à coups de couteau dans l‘enceinte même de l‘USTHB de Bab Ezzouar. L‘agresseur n‘est autre que son camarade « dépressif » selon les enseignants. Rappelons aussi le crime crapuleux perpétré à l‘encontre du jeune étudiant S. Rafik, âgé à peine de 20 ans, au niveau du campus Mohamed-Seddik-Benyahia de l‘université Ferhat-Abbès de Sétif laissant la communauté universitaire et les habitants de Sétif sous le choc. Un élève au département d‘électronique de l‘USTHB est, quant à lui, mort électrocuté il y a de cela deux années, à cause d‘un matériel défaillant que les responsables n‘ont pas jugé utile de remplacer en temps opportun.
Des actes de violence de plus en plus banalisés
Selon des étudiants, les actes de violences manifestés au sein d‘enceintes universitaires seraient dus aux conditions difficiles qu‘ils vivent au quotidien. Des repas pris au terme de longues heures d‘attente devant le restaurant, au stress des examens passant par la pression parentale… tout ce cumul provoque des tensions entre les étudiants. « Il faut renforcer la securité à l‘aide de brigades canines pour lutter contre la consommation et le deal des drogues douces ou fortes », propose Amir, un étudiant à l‘Université de Jijel « Un jour une bagarre à éclaté entre deux étudiants à cause de la drogue. L‘un des étudiants voulait des psychotropes pour pouvoir faire face à ses examens pendant que l‘autre l‘autre refusait de lui en donnere, lui expliquant qu‘il nen avait pas assez pour tous les deux. La discussion à dégénéré et a fini en bagarre. Je pense que ceci est une manifestaition d‘une dépendance à la drogue » ajoute Amir.
« C‘est horrible, je vous mentirais en vous disant que je n‘ai pas peur pour mon fils qui va à la fac. Avant on entendait parler de ces crimes dans les faits divers et au sein d‘universités étrangères, mais là ça arrive chez nous, et le plus terrible c‘est que cela a tendance à se banaliser. Un étudiants meurtrier c‘est choquant attendu que l‘étudiant d‘antan était le parangon des vertus… », Nous confie une maman très inquiète pour son enfant.
Un professeur d‘allemand, outré, déclare pour sa part que « les responsables doivent, dans les plus brefs délais, lancer des campagnes de sensibilisation au niveau des facultés afin que la violence cesse au plus vite ».
Lamine, un jeune étudiant, bouleversé par l‘incident d‘hier, nous déclare « ça aurait pu être moi ou mon frère. En plus de la misère du quotidien et le combat de tous les jours, entre le transport, les examens, les mauvaises conditions à la cantine, maintenant on devrait se faire du mauvais sang pour nos propres vies! ».