Les enjeux des élections dépassent le contexte national,Les islamistes raflent la mise au Moyen-Orient

Les enjeux des élections dépassent le contexte national,Les islamistes raflent la mise au Moyen-Orient
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L’Egypte fait mieux puisque les islamistes ont remporté 65% des voix lors de la première phase des élections législatives

Les Egyptiens rassemblés à la place Tahrir et les étudiantes tunisiennes n’ont pas le sourire aux lèvres.

L’Algérie n’en a pas fini avec l’analyse des retombées des révoltes arabes. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, s’envolera dans quelques jours à Paris pour discuter de ce thème avec des hommes politiques français. Le ministre sera l’invité de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française le 7 décembre. Le but du dialogue politique avec les parlementaires est clair. Il s’agit de profiter de cette tribune pour expliciter et promouvoir les positions et les intérêts du pays. Medelci aura beaucoup de choses à dire sur l’orientation des révoltes arabes. Le pays est entouré de trois pays qui ont connu des changements importants en quelques semaines. Les autorités libyennes n’ont pas caché leur préférence pour la charia alors que deux partis islamistes sont arrivés au pouvoir au Maroc et en Tunisie. L’Egypte fait mieux puisque les islamistes ont remporté 65% des voix lors de la première phase des élections législatives. L’Algérie est aussi membre de la délégation de la Ligue arabe qui tente de nouer un dialogue avec les autorités syriennes. D’ailleurs, Medelci était avant-hier au Qatar pour participer à une réunion du comité ministériel de la Ligue chargé du dossier syrien. L’Algérie et la France ne sont pas les seuls pays à s’être intéressés à ces mutations. Les enjeux de cette nouvelle configuration s’étendent à toute la planète et ils ne manqueront pas d’engendrer des mutations au Moyen-Orient. Ce n’est pas un hasard si le vice-président américain Joe Biden déclare, à partir de la Turquie, que le régime de Bachar al-Assad n’est pas seulement une source d’instabilité en Syrie mais menace d’attiser les conflits dans la région. La course au leadership dans la région n’implique pas seulement l’Arabie Saoudite ou le Qatar. Il y a au contraire des pays qui n’ont rien d’arabe et qui ne perdent pas espoir d’y imposer leur hégémonie. Israël, la Turquie et l’Iran sont de ceux-là. Et les alliances vont bon train. Syrie et l’Iran n’ont jamais caché leur accointance et toute pression supplémentaire sur Bachar a pour effet d’amoindrir l’influence iranienne au Moyen-Orient. Ce pays est déjà suffisamment critiqué, notamment par l’Arabie Saoudite qui le soupçonne de vouloir encourager des révoltes dans des pays à majorité chiite comme le Bahrein. La Turquie veut aussi paraître comme le champion dans la défense des droits des Palestiniens face à Israël devant le recul du soutien populaire et officiel accordé à cette cause.

Israël entre également dans une course à la séduction, d’abord pour éviter toute remise en cause des accords de paix signés avec ses voisins dans un contexte de montée des islamistes et pourquoi pas, gagner d’autres adeptes de cette diplomatie qui lui permet de dompter ses ennemis.

Ceux qui ont moins le sourire, ce sont les démocrates de tous les pays arabes. Les Egyptiens toujours présents à la place Tahrir sont amers. Ils considèrent que si les islamistes les ont abandonnés à leur sort dans la rue, ils n’hésiteront à rééditer la même trahison une fois parvenus au pouvoir. En Tunisie, on commence à vouloir imposer le port du voile à l’université.

Du coup, il ne serait pas surprenant d’entendre des voix qui s’élèvent, y compris dans les milieux démocrates des autres pays, pour donner un coup de frein à ces révoltes qui risquent de les conduire droit à l’obligation de se soumettre à des partis islamistes.

Ces derniers ont leurs contre-arguments. Il estiment que Ben Ali et Moubarak avaient suffisamment agité l’épouvantail de l’islamisme afin d’étouffer toute transition démocratique au pornt que d’autres reprennent le relais et soient les porte-voix de ces accusations qui ne sont pas nouvelles.

Les islamistes multiplient aussi les assurances en promettant qu’ils n’ont pas l’intention d’instaurer un Etat théocratique même si c’est loin de rassurer tout le monde. Il y a tout de même, y compris parmi les Occidentaux, qui affirment qu’il ne faut pas juger les islamistes sur l’intitulé de leurs partis et qu’il faudrait plutôt les juger sur leurs actes lorsqu’ils passeront à la gestion des affaires dans les pays où ils sont arrivés au pouvoir.