Les engins rasent les habitations menaçant ruines à Scalera, Six familles dans la tourmente

Les engins rasent les habitations menaçant ruines à Scalera, Six familles dans la tourmente

Après l’opération de relogement des 220 familles du quartier Scaléra, situé sur les hauteurs de Sidi El Houari, l’opération de démolition de l’ensemble des habitations se poursuit toujours, afin d’éviter que ces dernières ne soient squattées par d’autres familles.

Dans ce quartier, il ne reste que deux familles qui refusent de quitter les lieux, du fait qu’elles sont propriétaires et que leurs maisons sont en bon état et qu’aucun danger ne les menace. Le seul problème que ces deux familles rencontrent actuellement, sont les coupures du courant électrique, de l’eau potable et du gaz de ville.

Le premier propriétaire que nous avons rencontré sur place, jeudi, nous a confié qu’il n’est pas question pour lui de quitter sa maison. «Je suis ici chez moi, et ce, depuis 1945. Mon habitation n’est pas en ruines et n’est menacée par aucun danger. On m’a proposé deux appartements à Gdyel, j’ai refusé d’échanger ma maison qui est individuelle, contre des appartements dans un bâtiment.

En plus, affirme-t-il, de propriétaire je redeviens locataire, non ce n’est pas possible». Le second propriétaire lequel nous a reçus chez lui, dans son habitation, n’est pas concerné par l’opération de démolition. «Je suis propriétaire de cette habitation depuis le 22 décembre 1956, c’est mon père qui me l’a vendue, lequel l’a héritée de son père, c’est l’histoire de toute une famille qui s’est construite ici et que je ne veux pas perdre.

Comme vous pouvez le constater, sur les murs donc aucun risque», précise B. Mohamed qui déplore, lui aussi, les coupures du courant électrique, de l’eau potable et du gaz. «Je suis diabétique, je dois m’administrer l’insuline 3 fois par jour, j’ai donc besoin d’utiliser le frigidaire pour conserver l’insuline. Malheureusement, ils nous ont coupé l’électricité, ce qui n’est pas normal, j’ai toujours payé mes factures de consommation, pour le gaz, ça se comprend, ils sont en train de démolir, c’est normal qu’il y ait coupure, mais pour l’électricité, ce n’est pas du tout normal», pense B. Mohamed.

Son fils, médecin, intervient pour nous faire part du problème de son relogement qui, à la dernière minute, a été bloqué, pour la simple raison que son père conserve toujours son habitation et de ce fait, il n’a pas droit d’être relogé à Gdyel, comme toutes les autres familles du quartier.

«On m’a affecté l’appartement numéro 17, au 4ème étage du bloc N°6 à Gdyel, composé de 3 pièces cuisine et d’une salle de bain. Je me suis acquitté du versement de la caution et du loyer, le 21 mai passé, mais lorsque l’opération de relogement des familles a été entamée, on a refusé de me remettre la feuille de route, document qui me permet d’occuper l’appartement qui m’a été affecté.

Le chef du secteur urbain m’a expliqué que je dois rester dans l’habitation de mes parents, alors que je suis marié et père de famille, pourquoi m’a-t- affecté et pourquoi m’a- t-on demandé de payer et pour quelle raison m’a-t-on laissé franchir toutes ces étapes pour me dire, enfin de compte, de rester avec mes parents», s’indigne le jeune médecin qui a tenu à nous faire visiter la pièce dans laquelle toutes ses affaires étaient emballées.

Par ailleurs, six pères de famille n’ayant pas bénéficié du relogement, sont également dans une situation humiliante.

«Nous sommes à la rue, nous étions sous le toit de mes parents, ici il y avait de la place pour tous les membres de la famille, nos parents ont bénéficié d’appartements de 3 pièces cuisine et salle de bain, ce qui ne peut en aucun cas contenir deux familles, nous avons été recensés pour bénéficier de logements, nous aussi, malheureusement ça n’a pas été le cas. Les habitations de nos parents ont été rasées et nous, nous sommes à la rue maintenant. Ces six pères de famille espèrent rencontrer le chef de daïra d’Oran mardi prochain.

A. Bekhaitia